1) DANS L‘EQUIPE.
L‘utilisation des photos par L‘Equipe est essentielle. Elles illustrent parfaitement
l‘événement auquel elles sont associées. En prenant la photo qui fait quotidiennement la une
du journal, des tendances se dégagent quant à leur signification.
La notion de duel est souvent mise en avant lors de la présentation d‘une rencontre entre deux
équipes. Par exemple, le 27 Mars 2004, avant le match de rugby France-Angleterre, L‘Equipe
met à sa une la photo des deux entraîneurs de part et d‘autre de la page, séparés par une mêlée
franco-anglaise au centre. Le photomontage joue aussi bien sur l‘opposition entre les deux
équipes qu‘entre les deux hommes. Il s‘agit de montrer la rivalité entre deux personnages et
pas seulement deux équipes.
Citons aussi l‘exemple du 31 Mars 2004 où un joueur hollandais est confronté à un joueur
français par le biais d‘un autre photomontage avant la rencontre de football Pays-Bas-France
et celui du 13 Juin 2004 avant la rencontre de football Fr ance-Angleterre mettant face-à-face
les deux stars des deux équipes.
La finale d‘une compétition est probablement le meilleur moment d‘opposer deux formations.
C‘est le cas à la une du 17 Avril 2004 pour la finale de la Coupe de la Ligue de football. Un
nantais et un sochalien se font face, d‘autant plus qu‘il s‘agit des deux capitaines, ceux qui
recevront le trophée du vainqueur.
Plusieurs idées sont mises en valeur sur chacune des photos de L‘Equipe. D‘abord celle de
groupe, d‘équipe, de collectif. Elles apparaissent sur des clichés comme le 23 Mars 2004 et le
20 Avril 2004 où c‘est l‘ensemble des joueurs, en cercle et soudés avant le début d un match
qui illustre la une du journal ces jours-là.
Ensuite, la tension liée à l‘enjeu de l‘événement est aussi perceptible à travers les photos de
L‘Equipe. Des joueurs en file indienne attendant de rentrer sur le terrain ont les mains sur les
hanches, prêts à jouer, à relever le défi qui s‘impose à eux le 15 Mai 2004. D‘autres en train
de pénétrer sur la pelouse ont une allure décidée, volontaire (9 Mai 2004). Mais tous ont le
visage fermé et le regard fixe. Cette tension est exploitée par le journal pour montrer
l‘importance de l‘événement.
C‘est surtout après cet événement que les clichés sont les plus significatifs. D‘abord parce
qu‘elles rendent compte de la perfor mance réalisée la veille.
Les victoires sont représentées de différentes manières avec toutes un point commun : la joie,
le bonheur. La photo à la une du 28 Mars 2004 met à l‘honneur le Quinze de France, célébrant
sa victoire dans le Tournoi des Six Nations de r ugby. Les joueurs sont autour du trophée,
symbole-même de la victoire et sanctionnant de façon matérielle le succès et récompense
suprême. Tout comme le 18 Avril 2004 apr ès la victoire de Sochaux en finale de la Coupe de
la Ligue de football où la photo est saisie lors de la remise de la coupe au capitaine, suivi de
ses coéquipiers. Le 16 Mai 2004, la joie des footballeurs lyonnais, bras en l‘air, accompagne
leur titre de Champion de France. Encore une fois, la notion de collectif, d‘ équipe est très
présente.
Mais pas toujours : le succès collectif est parfois le fait d‘une individualité.C‘est la joie d‘un
joueur monégasque qui symbolise la victoire de toute son équipe le 7 Avril 2004.
Un fait de match peut êtr e aussi un moyen de célébrer la victoire ou du moins de montrer la
supériorité d‘une équipe sur une autre. L‘idée de duel se retrouve à plusieurs fois à la une de
L‘Equipe comme le 9 Avril 2004 où un footballeur pr end le dessus sur son adversaire en plein
match, traduisant la victoire de l‘équipe du premier sur celle du second. Les photos jouent
beaucoup aussi sur l‘opposition vainqueur/vaincu comme le 26 Mars 2004 : on aperçoit un
footballeur la tête haute haranguant le public au premier plan et un joueur adverse la tête
basse, dépité au second plan.
Le cliché le plus représentatif n‘est-il cependant pas l‘action décisive de la rencontre ? La une
du 15 Avril 2004 montre un footballeur marquant le but de la victoire de son équipe tout
comme le 14 Juin dernier. Il en va de même pour les sports individuels, pourtant souvent
absents à la une de L‘Equipe. Le 12 Avril 2004, le vainqueur de Paris-Roubaix est
photographié lorsqu‘il franchit les bras levés la ligne d‘arrivée devant ses poursuivants.
Toute photo est logiquement accompagnée d‘une légende, plus ou moins brève. Elle doit être
particulièrement soignée car D. Ogilvy(37) a relevé qu‘elle est statistiquement plus lue que le
texte qu‘elle accompagne. L‘Equipe a choisi de détailler au maximum les clichés, souvent sur
plusieurs lignes. Elle identifie tous les protagonistes visibles sur la photo.
Mais la légende fait pratiquement partie intégrante de l‘article auquel la photo se rattache. Car
outre le côté purement descriptif de la légende, celle-ci constitue une sorte d‘accroche à
l‘article. La légende ne se contente pas de décrire ; elle interprète la photographie, le
sentiment général qui s‘en dégage.Mais la légende permet surtout de mettre le nom de
l‘auteur du cliché ainsi que l‘agence pour laquelle il officie.
2) SUR L‘EQUIPE.FR.
Par contre, l‘emploi des photographies sur L‘Equipe.fr est complètement différent.
Il n‘y en a qu‘une seule sur la page d‘accueil du site. Elle est de petite taille et il est
impossible de les agrandir en cliquant dessus par exemple comme sur d‘autres sites.
En réalité, elle ne fait qu‘accompagner la présentation de l‘article. Le cliché est purement
descriptif, à la limite du décoratif. Il présente en majorité un acteur-clé de la rencontre à venir
ou jouée ou un moment décisif ou quelconque d‘un match.
Dans tous les cas, les symboliques exprimées sur les photos de la une de L‘Equipe ne sont pas
aussi perceptibles sur L‘Equipe.fr. Probablement parce que le support ne s‘y prête pas
réellement et que les multiples contraintes inhérentes à Internet ne permettent pas à l‘usager
de s‘attarder sur les photos.
De plus, un cliché est par définition un moment figé qui a plus sa place sur un média figé,
froid plutôt que sur un média réactif, chaud et qui bouge constamment. Il est beaucoup plus
agréable d‘apprécier une photo grand format à la une de L‘Equipe qu‘un petit cliché, certes de
bonne qualité, sur L‘Equipe.fr et la durée de vie ne dépasse pas la journée.
L‘utilisation des photos est contrastée entre les deux versions. Le lendemain de France-
Ukraine (le 6 Juin dernier, match amical de football), si l‘ on voit sur le site la photo du buteur
célébrant son but avec une légende succincte (le nom du jo ueur), c‘est le même joueur qui
apparaît sur le cliché de L‘Equipe, se débarrassant difficilement de son vis-à-vis, comme pour
symboliser la victoire à l‘arrachée des français.
La légende quant à elle est réduite à son strict minimum. Elle est purement descriptive et se
limite à quelques mots voire parfois un seul (le nom d‘un sportif par exemple). Rien à voir
donc avec la version papier.
37 Ecrire pour Internet ? Lire sur Internet ?, Cours de M. Oguse, le 23/03/2004.