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DEUXIEME PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU PAYSAGE URBAIN

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Comprendre le paysage, l’analyser jusque dans ses proportions les plus élémentaires, ou pour en
saisir le sens ou pour en contempler ses traits les plus marquants, ou pour en déceler le moindre
signe de son appartenance culturelle ; mais hélas « la ville apparaît beaucoup plus faite d’idées
que de briques et que les idées et les briques ne suffisent pas encore à faire des villes».

«Il est en effet difficile de savoir ce que pense le citoyen moyen de son environnement, car le
plus souvent il s’exprime peu ou mal, découragé qu’il est par son impuissance croissante devant
un système technocratique et anonyme. Or le silence est grave puisqu’il contribue au divorce
grandissant qui s’installe entre l’habitant résigné et les spécialistes des villes.

D’un coté bien des architectes et des urbanistes conçoivent des formes pour des habitants qu’ils
ignorent et qui ne sont parfois même pas nés, de l’autre la grande majorité des citadins ignorent
qu’un bâtisseur peut faire autre chose que des mètres cubes de béton »(16).

Le paysage, symbole de l’ensemble des éléments d’un environnement, apparaît comme un
assemblage de formes dont chacune est porteuse de significations. Il doit contribuer à révéler
l’histoire d’un espace, non seulement dans ses évolutions lentes mais aussi lorsqu’elle a comporté
des ruptures brutales.

A travers une simple analyse des traits du paysage, toute l’histoire d’une société devrait être sue
et comprise.

En effet tel qu’il nous apparaît, «le paysage est le miroir des relations anciennes et actuelles, de
l’homme avec la nature qui l’environne, la plaque photographique sur laquelle il a laissé une
trace plus ou moins précise et profonde, avec tous les phénomènes possibles de
surimpression »(17).

Les paysages expriment ce qui relie entre elles les pratiques matérielles, les rapports sociaux, les
représentations symboliques et finalement, tout ce qui contribue à modeler une culture locale.
Ils apparaissent comme une écriture, à savoir ce qui relève des cultures humaines, inscrites sur un
support, la nature avec laquelle il a fallu composer.

Cependant dans un contexte où ces formes sont le résultat d’une politique coloniale, dont un des
soubassement a été d’importer dans la colonie l’art de vie à la métropole, symbole d’une
aristocratie soucieux de reconduire dans ces terres lointaines leur style de vie, il apparaît difficile
pour la population urbaine d’y prêter un quelconque attachement puisque «l’objectivité spatiale
de l’architecte, de l’urbaniste ou de l’ingénieur, est en grande partie étrangère à l’usager de la
ville parce qu’infiniment plus pauvre que ce qu’il choisit de voir »(18) .

Parce qu’elles suggèrent une réplique des cités françaises dans des terres lointaines, ces images
alimentent une certaine réflexion chez des auteurs comme Alain Sinou qui s’exprime sous ces
termes : «elles évoquent le rêve de quelques administrateurs qui souhaitent reproduire un ordre
social nouveau. Ces images ont pour fonction, comme les actions d’aménagement, de proposer
un nouveau tableau de la colonie, mais elles sont destinées à un autre public localisé en
France »(19).

En revanche, ce tableau de l’ancienne colonie a tendance à disparaître aujourd’hui au centre ville
de Rufisque mais dans des proportions moindres .Une nouvelle conception architecturale prend
forme aux alentours ou sur l’héritage colonial, exprimée par la volonté d’apporter un peu de
modernisme et une nouvelle image, vivante, à la monotonie de cet espace.

Il marque le désir des populations à s’intéresser à leur propre environnement et d’imprégner leur
propre marque à leur espace.

« Il ne s’agit pas de renier d’anciennes pratiques mais plutôt que les enrichir afin qu’apparaissent
un nouveau paysage urbain se voulant une synthèse entre le monde du progrès, la société
industrielle française et les sociétés locales, dont certains signes architecturaux sont désormais
considérés comme l’expression de valeurs culturelles ».(20)

C’est dans ce contexte tout à fait nouveau que nous tenterons d’étudier le paysage urbain de
Rufisque.

16 Rimbert, Sylvie.Les paysages urbains.Ed Armand Colin.1975 .240 pages
17 Lizet Bernadette, De Ravignan François.Comprendre un paysage.Guide pratique de
recherche.INRA.Paris.1987.p14
18 Rimbert, Sylvie .op. cit.
19 Sinou, Alain.Comptoirs et villes coloniales du Sénégal : St-Louis, Gorée, Dakar.Ed Karthala et Orstom.1993
20 Sinou, Alain. op. cit. p331

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