La concurrence entre les banquiers et les assureurs s’est avivée tout d’abord principalement dans les territoires frontaliers de l’assurance vie.
C’est le premier réseau bancaire, le Crédit Agricole, qui s’est taillé la part du lion en quelques années. Une première expérience avait été tentée à partir de 1972, dans le cadre de Soravie, conjointement avec les Mutuelles agricoles. Le CA, à l’étroit dans ce partenariat minoritaire (30 %), s’en est dissociée en 1985, un an avant la création de sa propre compagnie, Predica (Prévoyance Dialogue du Crédit Agricole). La palette de produits est large : épargne retraite et prévoyance décès pour les particuliers, retraite, prévoyance (y compris complémentaire santé et arrêt de travail) pour les professionnels et assurance retraite collectives pour les entreprises.
Les Banques Populaires ont eu une approche différente : leur filiale Fructivie (devenue Assurances Banque Populaire), créée en 1978, a été cotée au second Marché, et est contrôlée à 75 % par le réseau des Banques Populaires (et 15 % par Cardif, le solde revenant au public). Ses contrats d’assurance-épargne ne sont pas distribués par toutes les banques du groupe. Ainsi, la BRED a créé Prépar avec l’assureur La France. Fructi-Prévoyance est dédié aux contrats de prévoyance, notamment vers les travailleurs indépendants.
Après le succès des ACM, le Crédit Mutuel de Bretagne a créé Suravenir en 1985, dont les contrats sont diffusés dans trois autres fédérations, et sur l’ensemble du territoire via le courtier dont elle a pris le contrôle, Espace patrimoine.
La Société Générale, quant à elle, contrôlait depuis 1973 Umac Vie, devenu Sogécap, filiale à 100 % dont l’activité n’a connu un réel démarrage qu’au début des années 1980. Sogénal de son côté, filiale bancaire de la Société Générale, a conservé sa propre filiale Sogénal-Vie.
Longtemps cantonnées au simple rôle de distributeur de produits CNP, les Caisses d’Epargne ont diversifié leur collecte en créant Ecureuil Vie en 1988, détenue à parité avec la CNP. Cette filiale sera finalement cédée à la CNP en janvier 2007.
Enfin, le CIC a popularisé le terme bancassurance, en créant à parité avec le GAN en 1985 Socapi, filiale d’assurance vie, l’année où le GAN entrait au capital du CIC, avant de renforcer progressivement sa participation. En 1997, le GAN préparait la cession de sa participation dans la banque, bien que le CIC apporte 35 % des encaissements vie du GAN.
La BNP détient elle 100% de Natio-Vie (créée en 1980).
La fusion BNP-Paribas a mené en 2003 à un nouveau holding, BNP Paribas assurance, 4e rang des assureurs de personnes, chapeautant les marques Cardif, Natio-Vie, et Natio-Asssurance.
Dès les années 1970, le Crédit Lyonnais s’est tourné vers l’assurance, en acquérant des cabinets de courtage et des compagnies (La Médicale de France vie et IARD). Ses activités d’assurance ont été regroupées en 1988, au sein de l’Union des Assurances Fédérales, introduite au Premier Marché en 1994, et détenue à 56,45 % par le Crédit Lyonnais, avant l’OPE (Offre Publique d’Echange) du printemps 2000.
Finalement le mariage Crédit Agricole – Crédit Lyonnais en 2003 a propulsé le nouveau groupe en 2e position sur le marché vie français, avec près de 14 milliards d’euros de chiffre d’affaires.
Ainsi, toutes les banques sont désormais dotées d’une compagnie d’assurance vie, et ont pour beaucoup connu une grande réussite (cf : ANNEXE 6).
Toutefois, après avoir conquis le marché de la vie, prolongement naturel de l’épargne, ces filiales ont franchi peu à peu le pas de l’assurance dommages.
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