D’après l’organisation météorologique mondiale (OMM), une vague de chaleur se définir comme : « un réchauffement important de l’air, ou une invasion d’air très chaud sur un vaste territoire, généralement de quelques jours à quelques semaines » (Cantat O, 2005). Mais cette définition diffère de la définition proposée par météo France: une vague de chaleur est une période au cours de la quelle la température maximale dépasse 30 °C. Pour les Américains, il s’agit d’une période au cours de laquelle la température maximale dépasse 32,2°C pendant trois jours consécutifs (Santé Publique, 2011).
Les vagues de chaleur sont des phénomènes extrêmes stressants pour la santé de l’homme, pour cette raison l’étude de cette situation extrême doit être approfondie (Eccourrou G, 1996), car le climat varie d’une région à une autre et d’une année à une autre. Dans une telle condition climatique le seuil de confort thermique ne jamais le même entre les personnes.
En Tunisie, le climat est de tendance douce en hiver et chaude en été. L’appréciation de la chaleur ne peut pas être jugée sous le même angle pour toutes les régions. De ce fait, aucune des définitions et des méthodes appliquées ailleurs aux fortes chaleurs ne peut être transposée intégralement au contexte climato-thermique tunisien. L’article de fortes chaleurs et surmortalité en Tunisie (Ben Boubaker H et Chahed M K 2010) défini deux types d’approches:
Une approche « relative » des fortes chaleurs, qui se rapporte aux températures moyennes observées dans chaque station. Les seuils « relatifs » de chaleur se réfèrent au climat thermique moyen et considèrent par conséquent les aspects d’acclimatation locale. Cette approche s’avère pertinente quand il s’agit
d’analyser les niveaux de chaleur au sein d’une même station, comme c’est le cas à Siliana (Ben Boubaker H, 2009) ou Tunis (Ben Boubaker, 2010). Toutefois, cette méthode est peu concluante dès qu’il s’agit de comparer deux stations ou plus. En effet, l’application d’un seuil statistique identique (tel que le 3ème quartile, 9ème décile, …) pour une période d’observation commune dans plusieurs stations dégage forcément un effectif de jours de fortes chaleurs toujours égal. Les seuils de chaleur variant d’une station à une autre, laisse croire par exemple que les vagues de chaleur sont plus fréquentes au Kef, station montagneuse de la Tunisie tellienne, qu’à Tataouine ou Gabès, situées au sud saharien de la Tunisie (Kortli M, 2009).
Figure 1 : Représentation schématique des seuils relatifs de chaleur estivale à Tunis-Carthage (période de référence : 1950-2007).
Source: Ben Boubaker H, 2010
Une approche « absolue », fondée sur des seuils statiques, qui se réfèrent à des normes physiologiques de la chaleur. Le point de départ pour la définition de ces fortes chaleurs est le point d’intersection entre 33°C pour (TX) et 20°C pour la (TN). Autrement dit, les jours de forte chaleur en Tunisie sont ceux où TX>33°C et TN≥20°C (Ben Boubaker H et Chahed M K, 2010). Le premier seuil (33°C pour les TX) correspond à la température ordinaire de la peau. Dès que la température de l’air ambiant dépasse ce seuil, l’organisme commence à éprouver une sensation de gêne et des difficultés d’adaptation, quels que soient les autres facteurs d’ambiance (humidité, vent, insolation..). Bien entendu, les bornes supérieures de la chaleur ne peuvent être arrêtées (figure 1).
En revanche, les jours où les TN descendent en deçà de 20°C ont été exclus de la gamme des fortes chaleurs, puisqu’ils donnent la possibilité d’un répit nocturne.
Difficile de déterminer la notion précise de la vague de chaleur, en particulier pour les zones soumises à l’influence de plusieurs facteurs climatique. Les zones à l’intérieur des terres ont des étés plus chauds et des hivers plus froids que celles qui bénéficient des effets adoucissants de la mer. Chaque région se caractérise par un cadre géographique favorise ou limitant l’ambiance thermique estivale sous l’effet du site et de l’exposition.
Pour définir les fortes chaleurs, (Beniston et Stephenson, 2004) proposent trois définitions du phénomène :
-Définition basée sur la rareté d’un phénomène climatique selon la fréquence d’occurrence.
-Une autre basée sur l’intensité.
-Enfin on peut introduire la notion d’impact et s’appuyer sur les dégâts socio-économiques.
Dans un contexte de réchauffement climatique, il ya deux alternatives, soit la lutte contre les causes, soit l’adaptation à ses effets incontournables. Devant ses variabilités climatiques « l’homme doit appréhender cette variabilité essentiellement en fonction des paroxysmes pour pouvoir les maitriser et éviter les conséquences désastreuses qu’ils peuvent engendrer » (Escourrou G, 1996).
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