S’il existe bel et bien un marché pétrolier dans tel ou tel autre endroit du monde, il ne s’agit bien évidemment pas d’une esplanade physique comme on peut le croire. Tout est presque centralisé sur des supports de télécommunication où des centaines des milliers d’opérateurs négociants, les «Traders»(47) comme on les appelle, auxquels se joignent bien entendu les représentants des grandes firmes pétrolières mondiales.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole [OPEP], organisation internationale, créée en 1960 sur l’initiative de l’Arabie saoudite, de l’Iran, de l’Irak, du Koweït et du Venezuela, est chargée de coordonner les politiques pétrolières des états membres. (48)
L’OPEP compte aujourd’hui onze membres : Arabie saoudite, Algérie, émirats arabes unis, Indonésie, Iran, Irak, Koweït, Libye, Nigeria, Qatar et Venezuela (l’Équateur et le Gabon ont respectivement rejoint l’OPEP en 1973 et 1975, mais l’ont quittée en 1992 et 1996). Le siège de l’OPEP se trouve à Vienne, en Autriche. L’autorité suprême de l’organisation est la Conférence, constituée de représentants hauts placés des gouvernements des membres qui se réunissent au moins deux fois par an pour formuler leur politique. Le Conseil des gouverneurs applique les résolutions de la Conférence et dirige l’organisation. Depuis sa création, l’OPEP a dû s’affirmer face à la discrétion des compagnies pétrolières qui l’ont finalement acceptée comme interlocuteur.
La création de l’OPEP a eu des conséquences très importantes. Son existence même a amené la définition d’une politique commune des états du tiers-monde, favorisée par le fait que le secrétariat général est occupé par un fonctionnaire de nationalité différente à chaque renouvellement. Cette politique de concertation permet l’alignement des principes de base qui régissent la législation pétrolière des états membres.
La charte de l’OPEP élaborée à Caracas en 1961 prévoit d’augmenter les revenus pétroliers des pays membres pour assurer leur développement, d’assurer progressivement leur contrôle sur leur production et d’unifier les politiques de production notamment par le biais de quotas.
Face à une situation d’offre surabondante, dans un marché au prix très bas, une nouvelle attitude semble depuis 1996 se dessiner. Plusieurs données sont désormais à prendre en compte. Certes, malgré la faiblesse des prix, la consommation de pétrole n’a jamais retrouvé son niveau d’avant 1973. Les pays consommateurs ont en effet fait évoluer leur demande énergétique. De même, sous la pression des mouvements écologiques, le protocole de Kyoto (décembre 1997) prévoit une limitation de rejet des gaz carboniques dans l’atmosphère. Mais l’augmentation des besoins, liée à la croissance de la population mondiale, le fait que le pétrole demeure pour au moins les cinquante prochaines années l’énergie dominante, et la possession par les membres du cartel des trois quarts des réserves d’hydrocarbures, donnent à l’OPEP quelques atouts non négligeables.
Surtout, une prise de conscience par certains des acteurs du marché pétrolier que des prix trop bas auraient de graves conséquences sur l’économie mondiale, s’est fait jour. Ainsi l’Arabie saoudite et le Venezuela, tous deux membres de l’OPEP, se sont associés avec le Mexique, qui n’appartient pas au cartel, pour donner le signal en 1998 d’une baisse autoritaire de la production afin de tenter de soutenir les cours. L’Arabie saoudite a également tenté, en septembre 1998, de renouer le dialogue avec sept grandes compagnies pétrolières, parmi celles contraintes de quitter le royaume en 1976 après la nationalisation de la Saudi Aramco, dans le but de les associer à l’exploration et au développement de nouveaux gisements.
Mais l’échec de la conférence de Vienne en novembre 1998 qui visait à s’entendre sur une nouvelle réduction de la production et l’hostilité de certains pays membres face aux initiatives de l’Arabie saoudite témoignent de graves divergences persistantes au sein de l’OPEP, alors même que les prix ont continué de chuter de près de 40 p. 100 au cours de la seule année 1998.
47 NIVIERE M. et allii, Sciences Economiques et Sociales 2ème,éd. Magnard, Paris, 2001, p. 196
48 Microsoft Corporation, L’Organisation des pays exportateurs de pétrole, lu sur l’Encyclopédie Off Line «Microsoft Encarta», version 2009 actualisée en juin 2011
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