Les vagues de chaleur sont des situations météorologiques paroxystiques connues depuis très longtemps pour entrainer des effets négatifs sur l’agriculture, l’économie et même des effets sur la santé de l’homme parfois mortels. Si les premières études anglaises cherchant à déterminer l’influence des phénomènes météorologiques sur la mortalité et notamment l’effet de la température, datent les années 1840 (William G et Cantab M, 1843), les premières études européennes sur l’effet des vagues de chaleur, publiées dans des revues scientifiques, datent des années 1970 (Tout D G, 1980). Elles concernent en France notamment les vagues de chaleur de 1976 et de 1983 (Valleron A J V et Boumendil A, 2004). Aux Etats-Unis, la prise de conscience du phénomène est beaucoup plus ancienne puisque les premières études datent des années 1880, les premières publications relatives aux effets des vagues de chaleur sur la mortalité datent des années 1920 (Huntington et Ellsworth, 1930). Dans la revue Environnement Risques et santé de septembre 2002, Jean-Pierre Besancenot rappelle quelques exemples de vague de chaleur et la surmortalité chez les âgés.
L’été 2003 la France a connu une intense canicule d’une durée exceptionnelle, qui a causé un grand nombre de décès de l’ordre de 15 000 personnes pendant les trois premières semaines d’août. Suite à cette hécatombe dramatique, un grand nombre d’études et de rapports ont vu le jour pour cerner l’origine d’un tel désastre et aussi la comparer à d’autres canicules antérieures qui ont touché la France dans les années 1976, 1983 et 1994 (Valleron A J V et Boumendil A, 2004). Beaucoup des recherches faites pour étudier l’association entre la morbidité (ressentie et réelle) et les différentes variables explicatives sociodémographiques, autonomie, état de santé, habitat et comportements d’adaptation.
En Tunisie, l’impact des fortes chaleurs en termes de morbidité et d’intensité ayant été peu étudié. Ben Boubaker 2009, a fait une démarche statistique des observations thermométriques quotidiennes doublée d’une analyse topo géographique de la station de Siliana pour répertorier l’intensité et la fréquence des vagues de chaleur. Le climat de la Tunisie est caractérisé par une grande variabilité, il est difficile de définir les paroxysmes thermiques en question de vague de chaleur. Il est également difficile de déterminer les seuils de ces paroxysmes (Ben Boubaker, 2010).
Il existe donc une forte variabilité inter régionale incomplètement expliquée actuellement dans les effets sanitaires d’une vague de chaleur. Ce qui nous concerne c’est l’adaptation aux conditions climatiques extrêmes et essentiellement les cas des fortes chaleurs. Il y a quelques travaux qui ont traité le sujet, mais n’ont pas analysé la réaction de l’homme face aux conditions climatiques difficiles.
Mais toutes ces recherches sont centrées sur les données statistiques et restent dans le contexte physique des phénomènes météorologiques.
À cette fin, nous avons choisi de discuter la question d’adaptation et les différents comportements de lutte contre les vagues de chaleur en Tunisie.
Il sera possible d’identifier dans chaque région un seuil thermique conduisant à des comportements d’adaptation. Le fait que l’optimum thermique varie selon le contexte géographique et thermique plaide en faveur d’un phénomène adaptatif qui est actuellement non quantifié. Des différences notables en matière d’habitat sont susceptibles de jouer un rôle important dans ces différences d’optimum thermique.
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