En dehors des difficultés juridiques et réglementaires, les banques islamiques sont aussi confrontées à des problèmes de normalisation sur le plan de la comptabilité. En effet, pour mieux jouer leur rôle de supervision, les banques centrales obligent les banques de second rang de présenter leur bilan consolidé.
Il se trouve que les banques islamiques ont souvent des méthodes de comptabilisation un peu différentes de celles des autres banques en ce qui concerne les opérations basées sur le système des 3P (34) (voir Tableau 1). Ce qui entraine beaucoup de difficultés dans l’établissement des comptes de profit ou de perte.
Cependant des organisations comme le Conseil des Services Financiers Islamiques (CSFI) et l’Organisation de Comptabilité et d’Audit pour les Institutions Financières Islamiques (OCAIFI) sise au Bahraim, sous la direction de la Banque Islamique de Développement (BID) ont défini des normes internationales qui n’ont été adopté pour l’instant que par quelques pays.
Les spécialistes ont donné des explications sur certains concepts comptables. Selon le concept d’entité comptable, la banque islamique a le devoir de considérer l’entreprise et les propriétaires comme deux entités différentes. Ce concept ne diffère pas de la finance conventionnelle et il suppose la distinction des responsabilités de la banque et des actionnaires. Il y a un autre principe qu’on appelle le principe de « going concern » qui permet à la banque de pérenniser l’activité de la banque. Cette notion est importante pour la valorisation des actifs au bilan, car elle suppose que la valeur d’un bien n’est autre que ses flux futurs actualisés. En comptabilité islamique, ce principe est accepté cependant, la valorisation des actifs dans la finance islamique diffère de la valorisation conventionnelle. En effet, en finance conventionnelle c’est la méthode basée sur les flux futurs de liquidités capitalisés qui est utilisée alors qu’en finance islamique on préfèrera plus la méthode du « Current Cash » qui détermine la valeur d’un actif en fonction du montant pour lequel il pourrait être sur le marché (C. Karim, 2008. p.60).
34 Les opérations de 3P nécessitent plusieurs comptes et leurs enregistrements sont souvent différents selon les banques car les Comités de la Charia n’ont pas toujours les mêmes opinions sur le caractère halal (licite) de ces opérations (question d’école de pensée).
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