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I.3.3. Le concept de paysage opérationnel en aménagement du territoire.

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L’ensemble des définitions géographiques qui s’accordent à considérer, le paysage comme produit de l’interaction entre l’environnement naturel et les hommes, ne font pas encore l’unanimité quand à sa nature : le paysage est-il l’objet du territoire ou son image perçue ? AUZANNEAU(28) (2001) constate, en effet, que « s’interroger sur la nature du paysage conduit inévitablement à articuler les notions de territoire et de pays avec celles de regard et de perception ».

En fait, les définitions qui n’intègrent pas la dimension visuelle du paysage instaurent une confusion entre le terme « paysage » et des vocables comme « espace », « territoire » et «géosystème » etc. Cette dimension permet en effet de distinguer les notions de « pays » de celle de « paysage » : alors que le pays est notre milieu de vie, le paysage est ce que l’on en voit. La définition établie par la Convention européenne du paysage va même au-delà en introduisant la dimension de la perception : le paysage y est présenté comme une « partie du territoire telle que perçue par la population » (Conseil de l’Europe, 2000). Le paysage est ainsi défini comme la dimension perceptible de l’espace (COLLOT(29), 1995).

Pour DOMON(30) (2000), le paysage ne peut pas non plus être réduit à la stricte configuration des champs visuels car le caractère essentiel du paysage réside dans « l’assemblage d’éléments disjoints et informes que le regard c’est-à-dire en fait l’esprit, réunit dans un ensemble signifiant à parti de présupposés culturels » (CHENET-FAUGERAS(31),1995).

Cette perception du paysage fait apparaître la dichotomie entre la dimension objective (objet –territoire) et la dimension subjective (image perçue) qui ne doit cependant pas conduire, selon DEWARRAT(32) (2003) à exclure une pour l’autre, sans quoi on obtient selon les cas « des approches uniquement objectivant et techniques des territoires (géologie, biodiversité, etc.) perdant toute relation avec les paysages tels que les entend le sens des populations concernées » ou au contraire, des approches très subjectives (esthétiques, poétiques, etc.), « bases insuffisantes pour forger les consensus politiques et sociaux nécessaires à l’action ». Ces deux dimensions constituent les deux faces indissociables de la même réalité : le paysage.

Parce que, particulièrement accessibles au public, émotionnellement et intellectuellement, le paysage est ce que les gens voient, imaginent ou comprennent quand ils regardent leur environnement (FAIRCLOUGH(33), 2002).En aménagement du territoire, le paysage peut donc être mobilisé pour « donner à voir » le territoire et sensibiliser les populations aux enjeux territoriaux qui s’y transcrivent visuellement.

Le paysage fin perçu comme moyen de l’aménagement du territoire fait face à une multitude de définitions scientifiques. Devant la demande politique et sociale d’une gestion paysagère démocratique, le concept de paysage tel que nous l’avons défini tient une double position en aménagement du territoire. Il est tantôt un objet commun à aménager, tantôt un support de discussion et de visualisation des problèmes (GUISEPELLI(34), 2005). Il est donc, aussi bien un des enjeux de l’aménagement du territoire – dont les caractéristiques s’accordent à l’élaboration d’une politique de gestion respectueuse des divers regards paysagers existant qu’un instrument d’interpellation et de sensibilisation des différents acteurs du territoire sur les questions de son aménagement, contribuant à l’élaboration d’une gestion concertée du territoire.

28 Auzanneau : « Le paysage, expression d’une culture plurielle », in : Actes du colloque international de Saint – Emilion, Patrimoine et Paysages culturels, 3, Bordeaux, France, Mai- 1er Juin 2001.
29 Collot : Point de vue sur la perception des paysages in : Robert A, édition la théorie du paysage en France (1974-1994
30 Domon : « Evolution du territoire laurentidien : caractérisation et gestion des paysages »2000
31 Chenet – Faugeras : « le paysage comme parti pris. » in Roger A, édition de la théorie du paysage en France, (1974-1994).
32 Dewarrat : « Paysages Ordinaires : de la protection au projet ». Sprimont. 2003.
33 Fair Clough : « Aspects of landscape characterisation and assessment in the UK.in : Conseil de l’Europe, édition Première réunion des ateliers de la mise en oeuvre de la Convention européenne du paysage. Conseil de l’Europe, Strasbourg, France, 2002 ,42 – 44.
34 Guisepelli : « Représentations sociale du paysage, négociation locale et outils de débat sur le paysage »,2005

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