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II. ETAT DE LA QUESTION

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Les risques naturels constituent une préoccupation actuelle partout dans le monde et la réduction de la vulnérabilité des sociétés à ces risques constitue un enjeu majeur pour les villes visant un développement durable. Nombre de recherches ont jetée la base de l’étude visant la compréhension de la vulnérabilité sous ses diverses facettes.

Dès 1994, D’Ercole et al., ont abordé la question des vulnérabilités des sociétés et des espaces urbanisés aux risques naturels. Les auteurs proposent d’une part une définition du concept de vulnérabilité dans les espaces urbains et aboutissent au constat selon lequel il semble particulièrement difficile de distinguer une vulnérabilité liée aux phénomènes naturels d’une vulnérabilité produite des phénomènes sociaux typiquement urbains. D’autre part, ils proposent une typologie de la vulnérabilité en considérant la vulnérabilité tel un système englobant la vulnérabilité physique d’une part et la vulnérabilité sociale d’autre part. En dernière analyse, trois démarches différentes visant à cerner la vulnérabilité des espaces urbains ont été proposées.

A savoir :

• Une démarche qualitative portant sur les facteurs de vulnérabilité, elle vise à cerner la vulnérabilité suivant les différents facteurs qui tendent à la faire varier.
• Une démarche semi qualitative, intégrant à la fois les facteurs de vulnérabilité et les éléments vulnérables.
• Une démarche quantitative, portant sur les éléments vulnérables.

Les auteurs proposent une analyse systémique de la vulnérabilité en tant que méthode permettant de mettre en évidence les liens entre les démarches et une bonne complémentarité entre elles. Globalement, ils proposent un ensemble d’outils méthodologiques visant à l’analyse de la vulnérabilité des espaces urbains.

Dans la même logique, Thouret et D’Ercole (1996) proposent une approche d’analyse complémentaire de la vulnérabilité urbaine et de ses facteurs tout en définissant des modes de comportements individuels et collectifs, ainsi que des seuils de perceptions qui façonnent le mode de réponse local aux risques naturels. Cette approche de la vulnérabilité débouche sur un diagnostic qui vise la réduction des vulnérabilités de trois façon : Avant la crise (réduction prévisionnelle), pendant le sinistre (réduction opérationnelle) et après la catastrophe (réduction prévisionnelle et opérationnelle).

Certains auteurs à l’instar de Mainet G. (1985), Santos M. (1971) et Neba A. (1987) se sont appesantis sur la pierre angulaire des menaces qui pèsent sur les mégapoles des pays en voie de développement, à savoir l’inadéquation entre la croissance démographique et les besoins urbains en espaces, en services et en ressources. C’est dans cette logique que Santos M. souligne le fait que la croissance démographique non canalisée est à l’origine de l’extension spatiale du territoire et de l’occupation anarchique de l’espace avec pour corollaires d’importants dysfonctionnements. Ce constat est d’autant plus pertinent que prenant le cas des villes camerounaises, Neba A. conclu que la densification de l’habitat sur un espace non planifié est le tremplin de nombreux risques urbains (Pollution, risques sanitaires, prolifération des espèces commensales nuisibles…). Poussant plus loin le rapport de causalité, Tadonki (1999) met en avant les caractéristiques du site de la ville de Douala pour expliquer l’endémisme des inondations dans certains espaces. Pour lui, l’ambiance climatique de la ville (pluviosité importante) couplée à la nature du site topographique (quasi-monotone) et la nature des sols (argilo sableux) qui créent des conditions d’écoulement difficiles sont les principales causes des inondations. En prenant pour site témoin le Bassin versant du Tongo-Bassa, l’auteur ajoute que l’on ne saurait faire fi du rôle de l’Homme dans cette dynamique. A ce sujet, il estime que l’urbanisation anarchique du Tongo-Bassa correspond à une imperméabilisation accrue des surfaces dont les conséquences sont énormes sur l’hydrologie des vallées.

Tchotsoua M. et Bonvallot J., (1997) ont abordé la problématique des risques dans les sociétés et espaces urbains en se focalisant sur le phénomène d’érosion et de gestion urbaine dans la ville de Yaoundé. Cette recherche a abouti à la conclusion selon laquelle l’érosion hydrique accélérée dans la ville de Yaoundé est une conséquence de l’occupation anarchique de l’espace urbain, notamment les secteurs non aedificandis et de la mauvaise gestion des déchets urbains. Donc les vulnérabilités aux risques naturels seraient liées, ne serait ce qu’en partie au mode de gouvernance locale. Les auteurs pensent à ce propos qu’il est nécessaire pour la municipalité de réaliser des observatoires de l’environnement urbain et de mettre sur pieds des méthodes pertinentes pour l’étude et la prévision des risques morpho-hydrologiques à Yaoundé.

Soulignant de ce fait la nécessité d’intégrer les préoccupations environnementales et de développement durable dans les politiques locales à travers une coopération participative entre les autorités locales et la population. Ceci est d’autant plus indubitable qu’ils proposent la mise en place d’un dialogue entre les autorités municipales et les citadins afin de rendre plus efficaces les actions entreprises.

A leur suite, Fogwe N.Z. et Tchiadeu G. (2006) viendront corroborer ce point de vue en proposant un ensemble d’outils conceptuels sur lesquels l’étude des risques tant d’origine naturelle qu’anthropique peut se constituer au Cameroun. Les auteurs soulignent le fait que la récurrence des risques et catastrophes tant à l’échelle nationale que locale révèle la nécessité pour la géographie au Cameroun de s’invertir dans cette piste nouvelle afin de répondre positivement à l’appel qu’impose les besoins scientifiques et opérationnels croissants en matière de développement durable.

En continuité des travaux réalisés une décennie plus tôt, Tchotsoua M. (2007) a à nouveau abordé la question des risques naturels en milieu urbain a travers une étude quasicomparative du cas des villes de Yaoundé, Douala et de la vallée de la Bénoué au Cameroun en ce qui concerne les risques morpho-hydrologiques. L’auteur tire un nombre important de résultats dont les plus révélateurs stipulent que ces principaux sites urbains du Cameroun sont sujets à une évolution morphologique accélérée, caractérisée par des ravinements, des glissements de terrain, des éboulements et des écroulements sur les versants, des sédimentations, des inondations et des ensevelissements des habitations dans les bas fonds. L’objectif ici étant de mettre au goût du jour et d’attirer l’attention tant de la communauté scientifique que des autorités locales sur l’état des risques naturels dans les villes camerounaises. En présentant les principaux facteurs de vulnérabilité dans chacune de ces villes. Ceci dans l’optique de donner aux collectivités locales des éléments pour l’évaluation des risques et la prise de décision (action d’atténuation des vulnérabilités). L’auteur jette également les bases de la compréhension des dimensions sous lesquelles peuvent être considérés les aspects étroitement imbriqués (enjeux politiques, sociaux, juridiques, techniques et financiers) de la vulnérabilité urbaine aux risques naturels.

Ces divers travaux ont à suffisance balisé le chemin pour les recherches portant sur la vulnérabilité des espaces urbanisés en mettant à disposition un ensemble d’outils méthodologiques et conceptuels. Tout en saluant les bases jetées par ces travaux, notons cependant que les auteurs pour la grande majorité abordent la question des risques urbains en faisant table rase de l’analyse spécifique des facteurs de la vulnérabilité des espaces aux risques naturels. De plus, ces recherches font fi de l’aspect lié aux réponses locales, donc à la résilience.

Loin de nous l’intention d’épuiser la problématique de la vulnérabilité urbaine, nous nous proposons au vu de ce qui précède de contribuer à fournir des connaissances nouvelles en s’investissant dans les pistes jusqu’ici restées vierges qui constituent l’objet du projet PIRVE.

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