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II. Evolution comparée des flux d’IDE dans le monde

La configuration mondiale de l’économie des dernières années s’illustre par la tendance à l’internationalisation des firmes transnationales, la progression des investissements internationaux et l’exacerbation de la concurrence planétaire. Ainsi, l’augmentation du niveau de l’activité économique mondiale s’est traduite par une hausse sensible des flux mondiaux d’IDE comme illustrée sur le graphique n°1 ci-après.

Graphique n°1 : Flux d’IDE entrants mondiaux et par types d’économies, 1980-2008 (milliards de dollars)

Source : UNCTD (2009): World Investment Report; Transnational Corporation, Agricultural Production and Development, p4

L’évolution des entrées mondiales d’IDE présage une croissance régulière pendant la période 1980-2000, en dehors de l’année 1990-1991 qui a connu une diminution des IDE de l’ordre de 25%. Ainsi, les entrées mondiales d’IDE ont atteint un record historique de 1300 milliards de dollars en 2000. Cette augmentation est plus prononcée à partir de la décennie 1990 à la faveur des politiques de libéralisation entamées aussi bien dans les pays développés que ceux en développement. Plus particulièrement, les politiques des pays en développement et surtout ceux de l’UEMOA, se caractérisent par l’application des PAS sous l’égide des institutions de Bretton Woods. En effet, durant la période 1991-1994, sur un total de 373 changements apportés à la règlementation des IDE, seulement cinq n’allaient pas dans le sens d’une plus grande libéralisation(16). En plus de la libéralisation, les activités de sous-traitance, l’octroi de licences et le franchisage y ont également contribué à l’essor des IDE. Pendant ces vingt années, les flux d’investissement restent concentrés principalement dans le monde développé et plus particulièrement dans la trilatérale (Union européenne, Japon et Etats Unis), aussi bien en ce qui concerne les provenances que les destinations (CNUCED, 1995). Cette répartition des entrées d’IDE reflète la taille des marchés considérés, correspondant ainsi à des IDE horizontaux.

Cependant, au cours de la période 2000-2003, les flux d’IDE connurent une baisse régulière passant du record de 1300 milliards de dollars des années 2000 à 560 milliards de dollars en 2003, soit un recul de 41% en 2001, de 21% en 2002 et de 18% en 2003. En effet, en 2002, les entrées mondiales d’IDE ont enregistré une baisse de 20% pour atteindre 651 milliards de dollars, soit leur montant le plus bas depuis 1998 (CNUCED, 2003). La tendance à la baisse de cette période s’explique essentiellement par la faiblesse de la croissance économique enregistrée dans la plupart des régions du monde, mais aussi par la dépréciation des valeurs boursières, la diminution des bénéfices des sociétés, le ralentissement du processus de restructuration dans certains secteurs, la fin des programmes de privatisation dans certains pays et la forte diminution des fusions-acquisitions internationales (CNUCED, op.cit.). Ainsi, le nombre de fusion-acquisition est passé de 7894 opérations en 2000 à 4493 opérations en 2002, soit une baisse de 43%.

Par ailleurs la période 2003-2007 s’est traduite par un renversement de tendance à la hausse des flux d’investissement mondiaux. En effet, après quatre années consécutives de croissance, les entrées mondiales d’IDE ont augmenté de 30% pour s’établir à 1833 milliards de dollars en 2007, dépassant ainsi largement le record historique de 2000. Cette hausse spectaculaire tire ses fondements dans une large mesure par la croissance économique relativement élevée et les meilleurs résultats enregistrés par la plupart des sociétés dans le monde, mais aussi par la forte dépréciation du dollar et le rapprochement des sociétés par le bais des fusions-acquisitions (CNUCED, 2008). Selon les régions, les entrées d’IDE dans les pays développés ont atteint 1248 milliards de dollars, contre 500 milliards de dollars pour les pays en développement et 13 milliards de dollars pour les Pays le Moins Avancés (PMA). Malheureusement, l’afflux des IDE mondiaux sera vite interrompu par la crise financière internationale de 2007. Ainsi, les flux entrants d’IDE mondiaux se sont contractés de 16% en 2008, de 37% en 2009 et de 40% en 2010 (CNUCED, 2009, 2010).

Globalement, la tendance mondiale des flux d’IDE est imputable aux pays développés qui constituent les principaux investisseurs et les principaux pays d’accueil. Toutefois, la récente crise financière semble changer la donne en ce sens qu’au cours de l’année 2009, les pays en développement et en transition ont absorbé pour la première fois plus de 50% des flux mondiaux d’IDE (CNUCED, 2010). Le graphique n°2 ci-après donne l’évolution des IDE en direction de l’Afrique comparativement aux IDE mondiaux, ceux des pays en développements et ceux des pays développés sur la dernière décennie.

Graphique n°2 : Evolution comparée des IDE mondiaux, des pays développés, des PED et de l’Afrique

Source : Construit à partir des données issues des rapports du CNUCED, 2004 et 2010

D’une manière générale, le continent africain attire très peu d’IDE comparativement aux autres groupes de pays, même si quelques pays comme l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Maroc, la Tunisie et l’Égypte constituent des exceptions. Pour les autres pays africains, les flux d’IDE sont essentiellement orientés vers les industries pétrolières et minières. De plus, la hausse des flux d’IDE dans les pays en développement constatée à partir de 2003 n’a pas tellement profité à l’Afrique. La marginalisation de l’Afrique dans le domaine des investissements directs paraît aussi radicale que dans le domaine commercial (Mainguy, 2004). En effet, la réaction des flux d’IDE aux vagues de programmes de libéralisation et de privatisation à travers les PAS n’est pas aussi satisfaisante. Par ailleurs, même si les pays en développement représentent peu d’enjeu majeur pour les firmes transnationales, force est de constater que les IDE occupent une place de choix dans les stratégies de développement de ces pays. D’où la nécessité de s’interroger sur les déterminants réels de ces IDE à destination de l’Afrique et plus spécifiquement dans la zone UEMOA.

16 CNUCED (1995) : Rapport sur l’investissement dans le monde : les sociétés transnationales et la compétitivité, pp 10-11

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