L’analyse de cette étude révèle qu’elle dégage un certain nombre d’intérêt justifiant le crédit à accorder à la présente recherche. Ainsi, la présente étude fait ressortir quatre intérêts aux enjeux considérables.
1) Intérêt scientifique
L’intérêt scientifique peut s’entendre comme l’apport que l’étude d’un fait social donné ajoute à la science. Dans le cas de l’espèce, l’intérêt scientifique de ce travail repose sur le fait qu’il se veut une contribution à la problématique portant sur la situation sécuritaire au sahel et de la menace terroriste que suscite AQMI pour les Etats de la région. La menace d’AQMI au sahel est aujourd’hui réelle et aucun acteur, étatique ou non étatique n’est à l’abri de cette nébuleuse. La présente étude entend se focaliser davantage sur l’enjeu et les défis sécuritaires que connait la zone sahélienne. Dans ce contexte, elle se pose avec acuité du fait que la plupart des pays sont affectés par des vulnérabilités structurelles et une fragilité de l’Etat, tout en étant de plus en plus exposés à des menaces qui prennent des formes et une tournure nouvelles (14).
2) Intérêt Politique
Il serait prétentieux, voire présomptueux d’envisager dans ce travail une évaluation de la menace d’AQMI au sahel sans prendre en considération les stratégies de contre terrorisme offertes par les acteurs confrontés à ce phénomène. Si les différents discours, déclarations et documents adoptés sur le sujet par tous les acteurs politiques internationaux, nationaux et locaux sont révélateurs du fait que la lutte contre le terrorisme est aujourd’hui un défi sécuritaire, ceux-ci n’ont pas fait mordre la poussière à AQMI. La mouvance d’Al-Qaïda a d’autant mieux prospéré qu’elle est à l’heure actuelle considérée comme un « mal qui répand la terreur » (15). La situation au Nord du Mali a fait ressortir la nécessité d’harmoniser les politiques de lutte contre le terrorisme en Afrique de l’Ouest et même, pour l’ensemble des Etats de la région et du continent. Aussi, de nouvelles stratégies de lutte contre le terrorisme sont-elles importantes pour contrecarrer le phénomène du terrorisme en Afrique.
3) Intérêt stratégique
Le concept de stratégie (16) né dans le domaine militaire a été étendu à la compétition politique, économique et sociale. Placé au cœur de l’action politique, il réfère le plus souvent au mode de conduite et au niveau d’organisation dans une institution donnée. Cette étude se donne pour ambition de déceler l’arrière plan des actes posés par chacun des acteurs en jeu au sahel. Dans cette région, les facteurs déstabilisateurs sont nombreux et aiguillent des rivalités entre différentes forces territorialement proches ou lointaines, les unes des autres. Si les acteurs de la région ont des ambitions géopolitiques, les puissances mondiales participent également à ces luttes d’influences et se positionnent (17). Les différents mouvements qui écument le sahel ne sont pas en reste et participent à ce jeu. D’abord ceux revendicatifs que sont le Mouvement National de Libération de l’AZAWAD (MNLA) et ANÇAR DINE, des groupes terroristes que sont AQMI et le Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO) et enfin, les groupes criminels organisés dans la vente d’armes, de trafics de drogue et de traite humaine. Aussi tout acte posé par chacun des acteurs fut-il d’apparence altruiste, et toujours rationnelle. Cette analyse nous permettra donc d’ouvrir la boîte de pandore. Autrement dit, l’agenda caché des acteurs, afin d’en partager le contenu.
4) Intérêt social
Ce travail sert surtout enfin de fondement à la construction multidimensionnelle de la paix dans le sahel africain en aidant à voir le rôle des Etats en tant qu’acteurs dans la production de l’insécurité et de la sécurité. Il permet ainsi de saisir les déterminants sociaux de la recomposition de l’ordre sécuritaire en vue de faire du sahel non plus seulement un sanctuaire pour les jihadistes, mais une opportunité de développement humain et économique en Afrique, un lieu où il fait bon d’y vivre. Dans cette perspective, le défi est grand pour l’Afrique afin de contenir les facteurs de désordre, réduire les menaces et les risques, et ainsi de contribuer à la sécurité de sa partie Nord. La nature n’aimant pas le vide, ne rien faire reviendrait à prendre le risque de laisser les logiques de nuisance prévaloir dans la région, avec un accroissement des fractures, aussi bien à l’intérieur des sociétés qu’à l’échelle régionale (18).
14 Communication de M. Massaër DIALLO, Politologue, « Défis sécuritaires et hybridations des menaces dans la zone Sahélo-Saharienne », séminaire sur la sécurité au sahel « pour un partenariat Sécurité et Développement au sahel », organisé par l’OGSS et l’union européenne, 25 et 26 novembre 2010, Bruxelles, p. 3.
15 Serge SUR, « Un mal qui répand la terreur », in Questions Internationales, La Documentation Française, n° 8, 2004, p. 4.
16 Thierry De MONTBRIAL la définit ainsi : « La stratégie est la science (si l’on choisit de mettre l’accent sur le savoir et la méthode) ou l’art (si l’on privilégie l’expérience) de l’action humaine formalisée, volontaire et difficile ». « Stratégie », in Thierry de MONTBRIAL, Jean KLEIN (dir), Dictionnaire de Stratégie, Paris, Puf, p. 527-542.
17 Antonin TISSERON, « Après la chute Kadhafi. La Bande Sahélo-Saharienne entre jeux de puissance et logiques de nuisance », Institut Thomas More, 30 septembre 2011, p. 3.
18 Antonin TISSERON, op.cit., p. 4.
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