• Présentation du service
Sise au centre d’une petite entité rurale et paisible, l’institution constituée en association sans but lucratif accueille des enfants et des adolescents placés dans le cadre de l’Aide à la Jeunesse. Ces jeunes sont issus de milieux dont les habiletés parentales ou sociales sont fortement compromises (manque de structuration de l’éducation, maltraitance physique ou psychologique, attitudes sexuelles déviantes, …) ; le jeune, l’enfant peut arriver au foyer soit directement de son milieu d’origine, soit après avoir séjourné en pouponnière.
L’établissement est agréé SAAE – par la Direction Générale de l’Aide à la Jeunesse, en application du décret du 4 mars 1991 relatif à l’aide à la jeunesse et de la loi du 8 avril 1965 relative à la protection de la jeunesse – pour l’accueil, l’hébergement et l’accompagnement éducatif d’un groupe vertical mixte d’une moyenne annuelle de 16,5 situations concernant des jeunes de 0 à 18 ans (dérogation possible jusqu’à 20 ans).
Le service est ouvert 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.
Pendant la durée de mon stage, il prend en charge quotidiennement 17 situations dont les âges varient de 5 à 16 ans, soit 11 filles et 6 garçons.
• Autorités mandantes et missions du service
• Le Conseiller du Service d’Aide à la Jeunesse (SAJ), ou son délégué, peut proposer le placement d’un jeune en SAAE lorsque l’intégrité physique ou psychique de ce dernier est gravement compromise, mais qu’il existe un accord entre le jeune, sa famille et le SAJ pour une aide « extérieure ».
• Le Directeur du Service de Protection Judiciaire (SPJ), ou son adjoint, est susceptible de mettre concrètement en oeuvre une mesure de placement en institution, imposée par le tribunal, lorsqu’aucune solution pour faire cesser une situation de danger d’un jeune n’a pu faire l’objet d’un accord entre le SAJ et les intéressés.
• Le Juge de la Jeunesse peut décider d’imposer un placement en établissement spécialisé lorsqu’il doit prendre une mesure d’urgence face à une mise en danger directe d’un enfant ou lorsqu’il doit trancher en cas de désaccord familial par rapport à des mesures d’aide proposées par le SAJ.
Ces trois autorités peuvent mandater le Foyer selon quatre missions définies par l’article 2 de l’Arrêté du 15 mars 1999 relatif aux SAAE, afin :
« 1° d’organiser l’accueil collectif et l’éducation de jeunes qui nécessitent d’une aide en dehors de leur milieu familial de vie ;
2° d’assurer la supervision ainsi que l’encadrement pédagogique et social de jeunes qui vivent en logement autonome ;
3° de mettre en oeuvre des programmes d’aide en vue de la réinsertion dans leur milieu de vie ;
4° d’apporter une aide aux jeunes et aux familles en difficultés par des actions socioéducatives dans le milieu familial de vie, à titre exceptionnel et seulement lorsque, au sein d’une fratrie, un ou plusieurs membres sont pris en charge par le service en dehors de leur milieu de vie et que les autres sont maintenus dans celui-ci. »
En ce qui concerne le Foyer, quinze situations actuelles sont mandatées pour les champs d’action éducative prescrits en 1° et deux situations sont concernées par le 3° (Code M). A noter que six jeunes sont en placement SAJ ; les autres sont confiés à l’établissement par le SPJ.
• Aux fondements…
Début des années 30, des personnes issues d’un mouvement laïc décident de fonder une association d’aide à l’enfance défavorisée. C’est ainsi que naît l’asbl originelle.
Développant des principes de liberté, d’égalité et de solidarité, elle ouvre une colonie permanente pour enfants dits « débiles physiques ». Suivant les normes de l’OEuvre Nationale de l’Enfance, la vie quotidienne et toutes les activités – depuis l’hébergement jusqu’à l’enseignement en passant par les loisirs et les contacts familiaux – s’y organisent en vase clos.
Milieu des années 70, l’asbl fait le choix de changer d’orientation en s’ouvrant vers l’extérieur, selon l’adhésion à l’idée en vogue de laisser aux institutions d’hébergement la possibilité de travailler avec leurs pensionnaires et leur famille tout en permettant aux premiers d’avoir une vie extra-muros. Ainsi, le Home demande et obtient l’agrément de l’Office de Protection de la Jeunesse, dépendant à l’époque du Ministère de la Justice. Dans ce nouveau contexte, l’institution accueille des jeunes relevant de la loi de 1965. Ces derniers sont intégrés dans les écoles des environs et font leur choix de loisir à l’extérieur. Les visites des parents dans l’établissement sont supprimées et certains enfants rendent visites à leur parent dans le milieu d’origine.
Sous l’impulsion d’un chef-éducateur, le Home développe en son sein une section se spécialisant dans le travail de réinsertion sociale et familiale.
En 1980, la Protection de la Jeunesse est transférée du fédéral vers la Communauté française. En même temps, une volonté politique de développement de petites infrastructures d’hébergement cherche à marquer la fin des « usines à gosses ». L’asbl s’inscrit dans cette mutation. Son vaste bâtiment est alors désaffecté au profit de deux projets :
• Une nouvelle maison d’hébergement présentant une capacité de 18 lits au départ ;
• La création d’un service d’A.M.O. découlant du travail de réinsertion familiale déjà pratiqué avec une trentaine de jeunes.
Le nouveau Foyer ouvrira ses portes avec l’objectif primordial d’une réinsertion rapide de l’enfant dans son milieu familial.
Une réforme de 1999 réduit la capacité de prise en charge du Foyer, en tant que SAAE, à une moyenne annuelle de 16,5 situations.
• Le projet pédagogique du SAAE
4.1. Les finalités
• L’épanouissement individuel et social du jeune ;
• Le rétablissement ou maintien d’un lien de qualité entre le jeune et les membres de sa famille d’origine, le cas échéant ;
• L’instauration d’un lien de qualité entre le jeune et sa famille de substitution ;
• L’insertion scolaire et socioprofessionnelle du jeune ;
• La réintégration du milieu d’origine ;
• L’autonomisation psychosociale et matérielle du jeune se préparant à vivre ou vivant en logement autonome.
4.2. Les objectifs
• Assurer les moyens minimaux de subsistance du jeune ;
• Aider le jeune et son milieu d’origine et/ou de référence à résoudre les difficultés existentielles, relationnelles, comportementales et matérielles ;
• Favoriser le développement des aptitudes personnelles du jeune ;
• Procurer au jeune les moyens de s’intégrer socialement ;
• Prévenir l’esseulement futur d’un jeune orphelin ;
• Promouvoir des conditions satisfaisantes de réintégration familiale, le cas échéant ;
• Promouvoir l’insertion socioprofessionnelle d’un jeune suivi en logement autonome ;
4.3. Les moyens
4.3.1. Les moyens financiers
Le service est financé par :
• la Fédération Wallonie-Bruxelles à partir de subventions fixes et variables ;
• des dons privés (versements financiers et dons en nature) ;
• les recettes financières d’actions ponctuelles assurées par le service lui-même (participation à certaines brocantes locales, repas caritatifs, …).
4.3.2. Les moyens humains
• Le sommet hiérarchique : 1 directeur éducateur spécialisé « classe 1 » (temps plein), 2 chefs-éducateurs « classe 1 » (une femme et un homme ; chacun à mi-temps) ;
• Une équipe pluridisciplinaire : 1 psychologue (mi-temps), 9 éducateurs spécialisés « classe 1 » (4 hommes et 5 femmes ; 6 temps pleins et 3 mi-temps), 2 stagiaires éducateurs (3ème niveau du bachelier) et 1 stagiaire assistante sociale (1ère année) ;
• Le support technique : 1 comptable (mi-temps), 2 techniciennes de surface (soit un temps plein et un mi-temps), 1 ouvrier d’entretien (mi-temps) ;
NB : Les techniciennes de surface préparent également le souper de façon quotidienne ;
• Des intervenants de l’extérieur en intra-muros : 1 logopède (3 heures/semaine), 1 psychomotricienne (3 heures/semaine) et 1 diététicienne (ponctuellement, à
la demande) ;
• Des collaborateurs extra muros : les familles des jeunes, des médecins généralistes, des psychologues psychothérapeutes, les enseignants (écoles maternelles et primaires ; écoles secondaires ; enseignement spécial), 1 centre de réadaptation fonctionnelle, des centres psycho-médico-sociaux, les mouvements de jeunesse, 1 Maison des Jeunes, le Conseil communal des enfants, le CJLg (camps de vacances estivales) et le service de protutelle.
4.3.3. Les moyens logistiques
• 1 structure d’hébergement : 12 chambres individuelles et 1 chambre à 4 lits ; 1 chambre pour l’éducateur de nuit ; 2 cuisines équipées ; 2 salles à manger (dont l’une sert en partie de salle de jeux) ; 1 salon (ou local TV) ; 2 locaux sanitaires équipés de douches ; 1 local sanitaire équipé d’une baignoire ; des locaux équipés de WC et séparés entre filles et garçons ;
• 1 local d’étude + 1 bibliothèque ;
• 3 bureaux + 1 local de réunion ;
• 1 cour extérieure + 1 pelouse spacieuse ;
• 2 garages + 1 véhicule de transport à 9 places.
4.3.4. Les moyens méthodologiques
• Utilisation du système de l’éducateur référent et co-référent ;
• Observation du comportement du jeune, dans l’institution, vis-à-vis des pairs et des adultes et lors de ses retours de séjour en famille ;
• Travail de structuration du comportement ;
• Utilisation de la grille de thérapie brève (approche systémique de Palo-Alto) ;
• Insertion scolaire de tous + encadrement et contrôle des devoirs scolaires ;
• Choix par le jeune d’une activité sportive, culturelle ou artistique ;
• Accentuation et suivi des contacts extérieurs du jeune ;
• Mobilisation de la fratrie et/ou de la famille élargie pour le maintien des liens naturels existants et la collaboration éducative lorsqu’un jeune n’a plus ni père ni mère ;
• Recherche d’une famille de parrainage à la demande d’un jeune orphelin qui n’a plus la possibilité d’avoir des liens familiaux naturels, même élargis ;
• Régularisation des entretiens formels et informels avec le jeune, sa famille d’origine ou de substitution et/ou l’autorité mandante ;
• Conditionnement de la mise en autonomie d’un jeune :
• Evaluation formelle et informelle régulière des situations par :
• des échanges quotidiens au sein de l’équipe éducative ;
• la pré-révision des projets pédagogiques individuels (PEI) en réunion d’équipe ;
• la redéfinition approfondie périodique du PEI (référent – psychologue – chef éducateur/trice) ;
• les rapports d’évolution et les bilans avec les autorités mandantes.
• Instauration de deux conseils pédagogiques annuels ;
• Evaluation annuelle du projet pédagogique lors de la rédaction du rapport d’activité ;
• Réalisation du bilan des objectifs fixés lors de la clôture d’un dossier ;
• Formation continuée des éducateurs.
• Mon mandat au sein de l’institution
A titre d’éducateur-stagiaire, je suis chargé d’effectuer diverses tâches, sous l’autorité du personnel éducatif présent durant mes prestations. Je preste une moyenne de 20 heures par semaine (week-end compris). Je suis mandaté pour les tâches suivantes :
• Construire une relation authentique avec les bénéficiaires du service et répondre de manière adéquate à leurs besoins et attentes explicites et implicites ;
• Intervenir auprès des bénéficiaires de manière psychopédagogique – en adéquation avec la philosophie et les valeurs de l’institution et le code de déontologie de l’Aide à la Jeunesse – au moyen des supports du quotidien : lever, préparation au départ à l’école, accompagnement des devoirs scolaires et des repas, toilettes, partage de moments collectifs devant les ordinateurs et à l’occasion de jeux, moments de dialogue en individuel, accompagnement du coucher (lecture d’une histoire), … ;
• M’intégrer dans une équipe pluridisciplinaire par :
• une collaboration professionnelle avec ses membres ;
• des interventions constructives lors de la réunion d’équipe hebdomadaire ;
• Animer des activités de plein air dans un cadre de vert et sécure : promenades pédestres (ou en luge l’hiver), cyclo-randonnées (VTT), plaine de jeux, … ;
• Répondre au téléphone et orienter les personnes ou transmettre des informations (dans la limite de mon mandat) ou prendre des messages destinés aux autres membres du personnel ;
• Concevoir et réaliser un projet autour d’une utilisation saine des technologies de l’information et de la communication (TV, Internet, console de jeux vidéo, GSM, IPhone, …).
• Mon positionnement par rapport au projet pédagogique
L’assurance des moyens minimaux de subsistance est, à mon sens, une mission pleinement remplie, étant donné que tous les besoins physiologiques des usagers sont satisfaits (un repas chaud tous les jours ; état salubre des vêtements et locaux ; hygiène corporelle assurée).
L’insertion scolaire de chaque jeune est parfaitement menée à bien par leur fréquentation régulière de l’école.
Le développement des aptitudes personnelles est soutenu de manière parcellaire, selon mes observations :
• Seuls les enfants fréquentant l’enseignement primaire et spécial sont aidés et stimulés dans leurs devoirs. En effet, ceux-ci sont obligés d’être présent dans le local d’étude, au minimum de 16h30 à 17h15, durant les périodes scolaires. Là, l’un des éducateurs de service, souvent assisté d’un stagiaire, garantit l’encadrement et le contrôle des devoirs.
• Les jeunes scolarisés en secondaire, quant à eux, ne sont pas tenus à une contrainte de présence. J’ai rarement vu un adolescent du secondaire venir demander de l’aide à un éducateur.
Et pour cause : ceux-ci, après le souper :
• sont tenus d’effectuer certaines « corvées » personnelles et n’ont alors plus beaucoup de temps à consacrer à leurs devoirs ;
• communiquent avec des amis ou des proches via un réseau social virtuel ou sont « scotchés » à leur console vidéo, ou encore plongés dans leurs séries télévisées quotidiennes
NB : J’estime que la consommation quotidienne des écrans constitue une entorse au plein épanouissement d’un enfant ou d’un adolescent. C’est pourquoi, dès que la météo est favorable, je propose aux bénéficiaires des activités d’extérieur.
Leur autonomisation est promue dans la mesure où chacun doit prendre son tour de vaisselle et qu’il est laissé à chacun la libre possibilité de participer à la finalisation de la préparation du souper. Les adolescents ont en plus la charge de ranger leurs vêtements.
Les moyens de s’intégrer socialement sont procurés à chacun par :
• la fréquentation régulière d’au moins une connaissance amicale ;
• une voire deux activités de loisirs par semaine, bien que le jeune ne l’ait pas forcément choisi librement (contradiction avec un item des moyens méthodologiques), mais il a l’opportunité d’y fréquenter d’autres jeunes et d’autres adultes (mouvements de jeunesse ; ateliers de hip-hop et break-danse d’une Maison des Jeunes locale ; piscine le mercredi ; etc).
Une jeune orpheline de 6 ans, ne connaissant plus aucun membre de sa famille en vie, a obtenu à sa demande des contacts avec une famille de parrainage. Il en a été de même pour une fille de 7 ans dont les parents ont été déchus de leur autorité.
Le maintien des liens naturels existants et la collaboration éducative ont été assurés pour deux filles (13 et 17 ans) d’une même fratrie – dont la mère est décédée récemment et le père antérieurement – par la mobilisation du reste de la fratrie (3 soeurs majeures insérées socialement et jouissant de conditions de vie raisonnables) ;
Les éducateurs s’entretiennent, quelques minutes, avec les parents qui viennent exploiter leur droit de visite quelques heures par semaine à l’intérieur ou au sein du Foyer (défini au cas par cas), pour mesurer la qualité du rétablissement ou du maintien du lien parent-enfant.
La formation continuée des éducateurs est devenue obligatoire. A cet effet, les éducateurs se rendent ponctuellement dans un centre de formation, plusieurs fois l’an, pour des périodes organisées autour d’une thématique pédagogique particulière.
Au sujet de la promotion des conditions satisfaisantes pour une réintégration familiale, j’ai pu recueillir comme information auprès d’un membre de l’équipe que l’utilisation de la grille de thérapie brève est quasiment tombée en désuétude suite au renouvellement de plus de la moitié de l’équipe éducative consécutivement à la démission massive d’anciens éducateurs de l’institution. Je considère personnellement que ce moyen méthodologique, pour l’avoir exploité moi-même dans le cadre professionnel, est un outil riche qui donne des résultats tangibles.
L’évaluation formelle et informelle régulière des situations sont correctement mises à exécution à l’aide des différents moyens évoqués.
• Une vision créative du service : le blason
Durant notre cursus de formation (Van Hoye, 2012/2013), il nous a été demandé d’illustrer notre cadre de travail sous la forme d’un blason avec pour consignes :
• de donner libre cours à notre imagination en y représentant l’institution par un dessin ;
• d’y ajouter une devise représentative en entête.
Comme j’ai trouvé cette approche intéressante, dans la mesure où elle offre une perception synthétique du milieu professionnel par la créativité, j’ai décidé de l’inclure dans cette étape de présentation.
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