Si Léopold II parvient à s’emparer d’un territoire aussi immense, c’est en grande partie par ce que les autres puissances crurent donner leur accords à une sorte de colonie internationale sous les auspices du roi belge. Bien évidemment, cette colonie serait ouverte aux marchands de l’occident entier.
En effet, la ruse du roi des belges consista à faire croire aux grandes puissances présentes à la conférence de Berlin, que le Congo n’était point donné à Léopold II tout seul. Mais il était aussi à tous les Etats civilisés de l’époque qui devait venir l’épauler. Ainsi en accordant leur reconnaissance à l’EIC, les américains avaient l’assurance, que le Congo représentait les intérêts américains en Afrique. De par le terme du traité de reconnaissance, les américains savaient que leurs hommes d’affaires avaient là, une grande opportunité de faire le commerce au Congo et de participer activement à la mise en valeur de toutes ces richesses qui s’y trouvent.
La France de son côté avait accordé sa reconnaissance à l’EIC avec l’espoir de pouvoir acquérir un jour, le Congo dans la perspective d’une éventuelle faillite personnelle du roi Léopold II. Par préférence à la petite Belgique, l’Allemagne avait accordé sa reconnaissance à l’EIC avec le souci d’ouverture du Congo à tous les trafiquants européens (48).
De même, l’Angleterre et le Portugal avaient donné leur reconnaissance à l’EIC. Leur motivation était entraînée par la reconnaissance des autres puissances majeures de l’Europe. Ces deux puissances étaient persuadées que leurs hommes d’affaires pourront librement faire des affaires au Congo.
Le pouvoir de roi de la colonie n’était partagé avec personne. Même pas avec le gouvernement belge qui, lui aussi apprenait par voie de presse comme l’homme de la rue, les lois promulguées ou les traités signés au sujet de la colonie.
Pour ce faire, l’entité qui était officiellement reconnue par la conférence de Berlin et ses divers gouvernements du nom de l’AIA ou l’AIC, Léopold décida de changer le nom. La comédie d’une association philanthropique s’occupa du Congo, cessa et dans un décret royal du 29 Mai 1885, le roi nomma « Etat indépendant du Congo» sera nouveau pays, sous contrôle privé. Son drapeau resta inchangé et il y est un hymne national : « Vers l’Avenir».
En fin, Léopold II possédait sans exclusivité la colonie dont il avait tant rêvé. Cependant, cette incongruité est unique dans l’histoire. Toutes les conquêtes de l’histoire bien avant ALEXANDRE Le grand se sont faites au nom des pays ou des nations. Mais ici, nous observons la conquête d’un « pays continent » par un seul homme qui en fait sa propriété privée comme un lapin de terre quelconque. Il pouvait alors en conduire la conquête, l’assujettissement et l’exploitation à sa guise (49).
C’est à la conférence anti-esclavagiste arabe de 1885, que Léopold va rouler toutes les puissances dans la farine en s’appropriant seul le droit économique sur le Congo.
48 KAKULE MATUMO, cours de La politique extérieure de la RDC, cours inédit, L1 RI, FSSPA, UOR/Butembo, 2011.
49 KAKULE MATUMO K, Op.Cit, p.3
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