La tendance actuelle au réchauffement climatique planétaire aura pour effet la multiplication des vagues de chaleur (GIEC (6), 2007). En Tunisie des températures qui maintiennent à un niveau très élevé peuvent provoquer des victimes. Il existe pourtant un moyen efficace pour se prémunir du phénomène : la climatisation.
Depuis les années ayant connu des fortes chaleurs 1994, 1999 et 2003 (Ben Boubaker, 2010), la commercialisation des climatiseurs a connu une progression importante. Ces appareils présentent une solution artificielle pour se rafraichir en cas de besoin. Le tableau suivant expose le taux d’équipements en climatiseurs à domicile en Tunisie entre 1994 et 2004.
Tableau 8 : Taux des ménages équipé par un climatiseur et un réfrigérateur
Source : INS (7) 2009, Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2004
La possession d’un climatiseur est un indicateur important pour le niveau de vie des ménages. Il est l’un des moyens les plus utilisés par la population lors d’une vague de chaleur pour atténuer la chaleur. L’accès à la climatisation varie d’une région à une autre selon la capacité d’adaptation et selon le besoin.
Le taux élevé d’équipement en climatisation dans certaines régions comme celle de grand Tunis, justifié par un niveau de vie qui ne cesse de s’améliorer, engendre l’émergence de nouveaux besoins et d’un nouveau profil de consommateurs qui exigent un niveau de confort thermique.
Tableau 9 : Taux de ménages équipés en matériel de refroidissement en Tunisie en 2004(% par gouvernement).
Source : INS 2005, Recensement Général de la Population et de l’Habitat de 2004.
La propension à climatiser augmente également selon une trajectoire côtière. Le pourcentage des populations ayant accès à un climatiseur à résidence selon les régions passe de 1,05% dans le centre Ouest à 4,8% au centre Est, et de 2,04% dans le Nord Ouest à 3,13% au Nord Est, et 13,23% au grand Tunis.
Tableau 10 : La proportion et le nombre de ménages accès à la climatisation selon les régions
Source : INS 2005, modifié
Cette variation géographique s’explique par l’inégal développement régional entre les régions côtières et le reste de pays.
La hausse d’équipement en climatiseur s’explique aussi par la baisse des prix de climatiseurs et la hausse du niveau de vie et par l’augmentation de l’occurrence des journées caniculaires.
La croissance socio-économique a favorisé certaines zones beaucoup plus que d’autres. L’amélioration des niveaux de vie est souvent accompagnée d’une polarisation sociale et spatiale croissantes et l’aggravation même de certains écarts.
L’accroissement de la population Tunisienne sur le littoral amplifie le besoin de climatisation, au grand Tunis et dans les autres villes de fortes densités de population qui favorisent l’apparition d’îlots thermiques urbains.
Les Premiers résultats de l’enquête nationale sur l’emploi 2010 (8), faite par l’institut national de statistique, et selon des résultats de l’enquête sur les indicateurs de qualité de vie, des appareils électro ménagés et des moyens de divertissement. La proportion de ménages propriétaires de ces installations avaient continué à se développer pour atteindre des niveaux plus élevés en 2010.
Tableau 11 : Taux d’équipement en climatiseur et en réfrigérateur à domicile en Tunisie.
Source : INS 2010
Sur cinq ans, la proportion en climatisation a doublé, ce qui signifie le besoin ultime de l’air climatisé à domicile face aux réchauffements climatiques, notamment aux vagues de chaleur qui deviennent plus intenses.
Les populations les mieux nanties ont davantage accès à un climatiseur à domicile que les moins fortunés. Plus précisément le confort dépend des moyens d’accessibilité surtout entre les pauvres et les biens. La figure 14 donne l’explication à la question d’adaptation dans la même région entre les bons lieux et les cités pauvres.
Figure 14 : Le taux d’équipement en climatisation à domicile en Grand Tunis
Carte de Grand Tunis
En fonction des données météorologiques, les régions côtières sont les plus modérées lors des périodes de forte chaleur. La proximité de la mer semble jouer un rôle protecteur important des fortes chaleurs. Cette influence bénéfique peut s’expliquer par le fait que la variation des minima des températures, qui jouent un rôle sur les effets sanitaires de la chaleur, est moins dans les zones côtières. En période de fortes chaleurs, lorsque les températures minimales nocturnes terrestres sont plus élevées que les températures maritimes, la présence de la mer favorise le refroidissement de l’air. La présence de vent le long des côtes permet le renouvellement de l’air et favorise l’impression de fraîcheur.
Toutes ces conditions semblent insuffisantes, car le haut équipement en climatisation est enregistré dans les grandes villes côtières. Par conséquent le résultat sera contre-productif. La surmortalité due à la chaleur se concentre dans les villes, et notamment dans celles les plus grandes (Besancenot, 2002).
Il existe un apport d’énergie lié aux activités humaines aboutissant à la constitution d’« îlots de chaleur » urbains, avec décroissance des températures du centre ville vers la périphérie. De plus, la multiplication des constructions accroît la rugosité et entraîne une diminution sensible du vent.
Figure 15: Taux de ménages équipés de climatiseur à domicile en Tunisie
6 GIEC : Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat.
7 INS : Institut nationale de Statistique
8 INS 2010