Les actionnaires institutionnels représentent des partenaires influents pour l’entreprise (Smith, 1996 ; Bathala et al. 1994 ; Giammarino et Lusztig, 1995; Macintosh et Schwartz, 1995; David et al. 1998; Carlton et al. 1998), car leurs moyens financiers sont importants et leur permettent de devenir des investisseurs actifs dans le contrôle de la gestion de la firme.
Ils peuvent ainsi choisir d’influencer les dirigeants pour les obliger à accroître la performance de la firme, pour montrer leur mécontentement et ne pas vendre leurs actions à perte (Carlton et al. 1998). Aux Etats-Unis par exemple, les fonds de pension publics ou privés détenaient en 1995 plus de 5 000 milliards de dollars d’actifs et l’ensemble des investisseurs institutionnels américains détenaient pour la même année plus de 10 000 milliards de dollars. Ces investisseurs doivent réaliser des placements pour le compte d’actionnaires ou de sociétaires exigeants. Ces partenaires sont supposés exercer un contrôle plus strict de la gestion de la firme dans laquelle ils investissent, en occupant des sièges au conseil d’administration et en investissant dans la recherche et le traitement d’informations pour protéger leurs investissements.
Leur participation dans la firme étant plus importante que celle d’actionnaires individuels, ils sont donc incités à investir dans le contrôle de celle -ci. Notons qu’ils bénéficient également d’économies d’échelle dans la recherche et le traitement de l’information; ce qui leur permet, comme les actionnaires financiers, d’exercer le contrôle à un coût plus faible que celui auquel font face les actionnaires individuels isolés. Néanmoins, les actionnaires institutionnels français par exemple ne sont pas soumis aux mêmes contraintes que les fonds de pension américains. Ainsi, les actionnaires de ces derniers peuvent entreprendre des actions en justice et invoquer la responsabilité fiduciaire des institutions auxquelles ils ont confié leurs fonds si elles ont pris des décisions contraires à leurs intérêts.
Les votes des fonds de pension américains ou britanniques dans les assemblées générales d’actionnaires ne peuvent, en principe, aller à l’encontre des intérêts des personnes qu’ils représentent. Les variations des cours des actions peuvent être compensées par les rentabilités fixes obtenues sur les placements en obligations. En conséquence, les pressions des actionnaires ou des sociétaires des compagnies d’assurance françaises pour inciter les gestionnaires à intervenir dans les sociétés dont ils sont actionnaires restent le plus souvent faibles.
En somme, la privatisation, s’il faut s’en tenir aux allégations théoriques, permet aux entreprises qui l’adoptent d’améliorer leur rentabilité et cette amélioration est d’autant plus optimale que certaines conditions sont réunies. Le chapitre II de cette étude aura ainsi pour objectif d’évaluer les effets de la privatisation sur la rentabilité de quelques entreprises camerounaises.
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