Le terme Erosion vient du verbe latin “Erodere”, qui signifie “ronger”. D’où l’interprétation métaphorique de certains auteurs qui décrivent l’érosion comme une lèpre qui ronge la terre jusqu’à ne laisser que la roche mère (squelettisation du sol). En réalité, c’est un processus naturel qui désigne le détachement et l’entraînement des particules du sol par le vent (érosion éolienne) ou les eaux de ruissellement (érosion hydrique). C’est à ce dernier type d’érosion que nous avons affaire dans la ville de Douala. Il s’agit des mouvements lents et continus, dont les conditions de déroulement sont telles qu’aucune accélération rapide ou brutale ne puisse être envisagée, et par conséquent les effets restent contrôlables. Le phénomène de ravinement désigne une forme d’érosion creusant des sillons (ravines) due à l’action mécanique des eaux de ruissellement coulant en trombe sur les terrains en pente.
I.1. Les causes majeures
Dans l’ensemble, les pluies torrentielles constituent la cause et la puissance active de l’action érosive à travers le ruissellement concentré des eaux pluviales mal canalisées. Cependant, la nature des sols et les contraintes topographiques du site sont les éléments annexes à mettre en cause.
I.1.1. La nature des sols
La nature des sols renseigne suffisamment sur leur vulnérabilité à l’érosion. La synthèse géologique superficielle de la ville montre d’une part des formations Mio-pliocène datées du post-Eocène à l’Oligocène. Ces formations sont très hétérogènes et les matériaux peu consolidés (Martin, 1979). Il s’agit d’une unité non consolidée, sableuse avec intercalations de silts, d’argiles et d’argilites devenant silteux en surface. Elles sont constituées par des séquences argileuses et par des séquences sableuses. D’autre part on a les alluvions Quaternaires. Par conséquent, ce sont des sols vulnérables à l’érosion. En cas de précipitations intenses, les eaux de ruissellement généralement mal canalisées dont le débit augmente en corrélation avec l’augmentation des surfaces imperméabilisées déblaient facilement les particules du sol à cause de la faible cohésion entre elles.
I.1.2. Les contraintes topographiques du site
Localisée sur un bas plateau en bordure du fleuve Wouri qui constitue son exutoire principal (estuaire), la ville de Douala a de très faible altitude variant entre 2.5m dans sa partie Ouest et Sud-ouest à plus de 45m d’altitude dans la sa partie Nord-est: Zone Bassa, le plateau de Logbaba et Nsapé. Les pentes varient de 0,3 à 0,8% par endroit, ainsi la topographie de la ville conditionne la gravité de l’érosion. La ville de Douala connaît le phénomène d’érosion dans sa partie Nord-est, majoritairement dans les Bassins Versants du Tongo-Bassa, du Ngoua, de Kambo, de Papas et de la Nsape où la topographie est favorable au déclenchement du phénomène.
L’érosion se matérialise à travers de très grands ravins dont l’action anthropique tend à accroître l’ampleur de part :
• La croissance de la population et l’extension des surfaces imperméabilisées, marquée par l’occupation des pentes par les habitations, dans la totalité des sites actuellement à haut risque, notamment Kotto vers la Mosquée, Nyalla et Japoma le long de la voie ferré, Ndogbong derrière l’usine brassicole GUINNESS, Sodikombo, Bassa (PK 10) à l’entrée du camp Génie Militaire et à Pk15.
• La pratique de l’agriculture intra-urbaine, particulièrement dans les quartiers périurbains de Nyalla et Japoma, le long de la voie ferrée Douala-Yaoundé.
• Le rejet des eaux usées industrielles. C’est le cas typique de Ndogbong, par l’usine brassicole GUINNESS et l’industrie textile CICAM.
Les cas les plus impressionnants sont ceux de Ndogbong, Kotto, Sodikombo, et Bassa. Sans prétendre à l’exhaustivité, le tableau 7 présente la localisation, les causes, les dimensions ainsi que les différents éléments menacés par les principaux ravins de la ville de Douala.
Tableau 25 : Caractéristiques des principaux ravins dans la ville de Douala
Source : Travaux de terrain, et documentation CUD (2010)
Photo 11 : Ravin en évolution au quartier Kotto Mosquée © OLINGA 09/2010
Photo 12 : Habitation en zone à risque au quartier Kotto Mosquée © OLINGA 01/2011
La photo 11 présente le ravin en évolution au quartier Kotto vers la mosquée et la buse déchaussée par l’érosion. Les causes sont principalement la mauvaise canalisation des eaux pluviales et l’obsolescence des ouvrages de drainage. En effet, la buse de 1000 mm de diamètre construite il y a longtemps a succombé à l’augmentation du débit des eaux de ruissellement suite à l’accroissement des espaces imperméabilisés dans la ville de Douala Nord et surtout du fait qu’elle constitue l’exutoire de l’essentiel des eaux du sous bassin du Moussadi. Les photos 12 et 13 quant à elles présentent respectivement une habitation située en zone à risque et menacée par un ravin au quartier Kotto et une habitation partiellement effondrée et déchaussée par l’érosion au quartier Camps Bertaut.
Photo 13 : Maison déchaussée par l’érosion au quartier Camps Bertaut © Tchotsoua, 2007
10 Coût estimé par la Direction de l’entreprise brassicole GUINNESS.
11 Voire photos 11