III.1. Flux des réfugiés dans les pays voisins
Depuis l’attaque de Ménaka par les combattants du MNLA, on constata un déplacement massif des populations des zones attaquées vers les pays voisins comme le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie.
Le 18 avril 2012, le Bureau des Nations unies pour la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) estime qu’il y a eu plus de 268 000 déplacés suite à la crise au nord du Mali, dont plus de 161.000 réfugiés au Niger, au Burkina Faso, en Mauritanie et en Algérie.
Le 15 août 2012, OCHA publie un rapport faisant état au 10 août de 261 624 réfugiés maliens enregistrés dans les pays voisins et 174 000 déplacés à l’intérieur du territoire malien.
Le 15 janvier 2013, l’ONU estime à près de 150 000 le nombre de maliens réfugiés dans les pays voisins, et à 230 000 le nombre de personnes déplacées dans le pays. On compte 54 100 réfugiés en Mauritanie, 50 000 au Niger, 38 800 au Burkina Faso, et 1 500 en Algérie
III.2. Répercussions socio-économique
Depuis janvier 2012 les États voisins et les organisations humanitaires ont apporté aux réfugiés une assistance vitale dans des conditions difficiles ; ils peinent à répondre à tous les besoins essentiels en vivres et non vivres de ces réfugiés. Dans les camps de réfugiés au Niger, par exemple jusqu’à 21%(7) des enfants souffrent de malnutrition. Le choléra, le paludisme et les dermatoses sont, entre autres maladies, les plus fréquentes. A cela il faut ajouter les problèmes d’éducation des enfants de ces réfugiés qui certainement se pose dans tous les pays d’accueil. Pour y faire face par exemple au Niger certaines ONG internationales et locales ont conjugué leurs efforts pour construire des classes et recruter des enseignants au profit du camp de réfugiés d’Abala (Filingué)(8).
Autre effet collatéral de la crise malienne, le retour au pays de plusieurs ressortissants des pays voisins. En effet, ils sont nombreux les ivoiriens, burkinabés, sénégalais, nigériens ou autres nationalités vivant et travaillant au Mali qui se voient forcer de rejoindre leurs pays respectifs où inévitablement bon nombre d’entre eux se retrouveront au chômage. Ce chômage forcé et inattendu constitue un manque à gagner pour les pays de la sous-région.
III.3. Répercussions sécuritaires
En plus des conséquences socio-humanitaires, la situation sécuritaire demeure une préoccupation certaine pour les pays de la sous-région. De l’avis de certains observateurs, les pays comme le Niger, l’Algérie, la Mauritanie, le Burkina Faso, le Sénégal et même la Libye et le Tchad subiront des conséquences directes de cette crise. Le pays qui semble le plus fragile aujourd’hui est évidemment le Niger, dont le territoire est entouré de trois foyers de tensions : Nord-Mali, Sud-Libye, Nord-Nigeria avec Boko Haram.
La sécurité sur les territoires des autres pays inquiètent également plus d’un, en ce sens que cette sécurité pourrait être affectée.
Plusieurs analystes pensent qu’on assistera à une prolifération des armes et une circulation de mouvements et de bandes armées tels que les mouvements salafistes, des éléments de la secte islamique Boko Haram et/ou des milices d’autodéfense qui inquiètent les pays riverains. Déjà, une immense zone de trafics et de contrebandes s’étendait à partir du Nord Mali pour toucher toute l’Afrique de l’Ouest jusqu’au Maroc voire l’Egypte. Cette zone est favorable aux groupes islamistes et aux narcotrafiquants qui y trouvent là un no man’s land propice aux trafics de tous genres, à la prise d’otages et aux entraînements des djihadistes.
Pour Hacem Ould Labett(9), la porosité des frontières ajoutée à la coopération entre islamistes radicaux et narcotrafiquants aboutira à la naissance d’une « zone grise » non contrôlée par les Etats du Sahel dont l’épicentre se trouve au Nord Mali. Les faits récents comme l’attaque du site gazier du Sud Algérien d’In Amanes, le rapt d’otages, les assassinats ainsi que les attentats en Mauritanie montrent déjà une organisation sophistiquée de la part de ces groupes incontrôlés.
7 Rapport sur la situation des réfugiés du conflit malien : Répondre à l’aggravation de la crise
Publié le 22 Janvier 2013 par Caroline Baudot, Conseillère en politique humanitaire, Oxfam.
8 Journal télévisé de Télé Sahel en date du 16 Février 2013.
9 Généalogie de d’Al-Qaida au Maghreb islamique
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