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III.2.1– Intermédiation financière des banques commerciales

Il sera question d’abord de faire une présentation des principales activités de la banque en tant qu’un intermédiaire financier et les risques inhérents à ses fonctions. Enfin nous présenterons la spécificité de la firme bancaire.

III.2.1.1– Activité d’intermédiation des banques

III.2.1.1.1- Définition de banque

Gurley et Shaw (1960) définissent La banque comme étant un intermédiaire financier et monétaire, dont l’activité principale est l’intermédiation entre les agents à excédent de ressources et les agents à déficit de financements, recevant des premiers des dépôts liquides à vue ou à terme contre rémunération, et octroyant aux deuxièmes des crédits rémunérés à taux d’intérêt débiteurs largement supérieur aux taux d’intérêt créditeurs dont bénéficient les déposants. On parle d’intermédiation bancaire pour désigner la fonction remplie par les banques comme intermédiaires financiers. Elle consiste à collecter les disponibilités sous forme d’épargne et de dépôts auprès des agents économiques et à accorder des crédits.

III.2.1.1.2– Collecte de l’épargne ou de dépôts

La distribution du crédit par les banques commerciales dépend des ressources dont disposent les banques.

Ainsi, la collecte de l’épargne par les banques auprès des ménages sous la forme de dépôts à vue (épargne disponible à tout moment et qui bénéficie d’une rémunération en terme de taux d’intérêt créditeur en fonction des dates de valeur), de dépôts à terme (dépôts de la clientèle qui par convention avec la banque font l’objet d’un blocage sur une durée déterminée et qui sont rémunérés), de bon de caisse (billet à ordre ou au porteur qui matérialise l’engagement de la banque qui la émis de payer à l’échéance du bon) et les certificats de dépôt (ils sont semblable au dépôts à terme). De façon globale, la concentration des dépôts des banques au Cameroun est présentée comme suit :

Tableau 1 : concentration des dépôts bancaires

Source : BEAC

Ce tableau permet de faire le graphique suivant :

Figure 2 : Concentration des dépôts et des fonds propres

Source : construit par nous à partir des données de la BEAC

III.2.1.1.3– Octroi du crédit

Il s’agit de l’activité la plus importante de la banque commerciale. Les crédits bancaires bénéficient aux particuliers pour le financement de l’habitat et de la consommation et aux entreprises non financières pour le financement des achats d’équipements, de la trésorerie et des opérations d’exportation. Bref le crédit bancaire sert à financer l’économie. L’intermédiation bancaire apparaît dans le bilan des banques de la manière suivante : les dépôts de la clientèle dans le passif et qui sont transformés en crédits consentis dans l’actif. Les crédits distribués par les banques sont différenciées selon plusieurs critères : la durée, l’objet, la forme et le bénéficiaire. Mais cette activité entraine pour la banque un certain nombre de risques bancaires du fait de la transformation des dépôts de la clientèle en crédit. La concentration des crédits peut être consolidée dans le tableau suivant :

Tableau 2 : concentration des crédits bancaires

Source : BEAC

Les données du tableau ci-dessus nous permettent de faire le graphique suivant :

Figure 3 : Concentration des crédits et des ressources bancaires

Source : construit par nous à partir des données de la BEAC

III.2.1.1.4– Les risques bancaires

Les établissements de crédit sont soumis à plusieurs risques. Les banques commerciales connaissent des risques multiples, il s’agit essentiellement du : risque de contrepartie, le risque de liquidité, risque de change, risque de taux et le risque de solvabilité.

– Risque de contrepartie : il désigne le risque de défaut des clients, c’est-à-dire, le risque des pertes consécutives au défaut d’un emprunteur face à ses obligations. Il est dû à la défaillance possible des agents avec lesquels elles se sont engagées et qui constituent les contreparties (Amal, 2006).

– Risque de liquidité : il est celui de disposer de liquidités bancaires insuffisantes c’est-à-dire les actifs liquides disponibles ne semblent pas suffisant pour faire face à des besoins inattendus (Amal, 2006).

– Risque de change : Il correspond au risque de perte sur des opérations effectuées sur des devises étrangères par rapport à la devise nationale. C’est le risque causé par la variation des taux de change.

– Risque de taux d’intérêt : Ce risque peut notamment se manifester à l’occasion d’opérations de transformation lorsque les banques financent des crédits de long terme à taux fixe par des ressources de court terme dont le taux d’intérêt augmente. Sa variation n’est pas sans conséquence sur la rentabilité des banques commerciales.

– Risque de solvabilité : Il s’agit du risque de ne pas disposer des fonds propres suffisants pour absorber des pertes éventuelles, il résulte du montant des fonds propres disponibles et des risques pris.

III.2.1.2- Intermédiation financière des banques commerciales et création monétaire

L’une des particularités des banques commerciales et qui les distingue des autres institutions financières est le pouvoir qu’elles ont de créer de la monnaie.

La création monétaire correspond à une augmentation de la masse monétaire, entendue comme étant l’ensemble des moyens de paiements mis à la disposition des agents non financiers. Dans le processus de création monétaire, ce sont les « crédits qui font les dépôts » (Patat, 1993). La banque dans ce cas octroi des crédits non plus à partir des dépôts collectés, mais plutôt à partir de la monnaie centrale provenant d’une autre banque à travers le marché interbancaire ou de la banque centrale. Ces crédits vont générer de nouveaux dépôts en augmentant ainsi la masse monétaire. La création monétaire peut également se faire à travers des opérations sur devises étrangères. Dans ce cas, l’augmentation de la masse monétaire correspond à la quantité de monnaie étrangère convertie en monnaie nationale par la banque. On distingue généralement Selon Plihon trois principales sources de création monétaire, encore dénommées contreparties de la masse monétaire : le crédit à l’économie, les créances nettes sur l’Etat et les créances sur l’extérieur. Le crédit à l’économie représente l’ensemble des crédits octroyés aux agents non financiers autres que l’Etat.

III.2.1.3- Intermédiation dans une économie d’endettement et de marché financier

C’est Hicks, (1975) qui fait la distinction entre l’économie d’endettement et l’économie de marchés financiers.

Dans une économie d’endettement, l’intermédiation est forte et permet de mettre en correspondance les agents à déficit et ceux à excédent. De plus, le contrôle des pouvoirs publics est plus important que dans une économie de marchés financiers. Dans sa politique monétaire, le gouvernement peut agir, via la banque centrale, sur les quantités de crédit, les prix, le loyer de l’argent et aussi sur d’autres variables.

L’influence de l’Etat dans les conditions de financement des entreprises en particulier, est majeure dans une économie d’endettement. Les entreprises manquent de financement et doivent faire appel aux crédits bancaires. Elles s’endettent auprès des banques qui jouent le rôle d’intermédiaire. Dans ce cadre, la Banque centrale est en position de prêteur en dernier ressort.

Dans une économie de marchés financiers, l’intermédiation a changé de nature due à la présence d’autres intermédiaires. Elle assure des fonctions de négociation, de courtage, de transformation des actifs. C’est cette situation qui va entraîner la création par les banques de sociétés satellites : les OPCVM (organismes de placement collectif en valeurs mobilières), gérant des portefeuilles de titres dont la diversification supposée réductrice du risque, permet d’assurer une rentabilité supérieure à celle d’un portefeuille plus limité.

Des titres représentatifs d’une fraction de ces actifs sont proposés aux épargnants sous forme de SICAV (Sociétés d’investissement à capital variable), de FCP (fonds commun de placement). Les banques sont ainsi passées, d’une intermédiation de bilan à une intermédiation de marché. Mais le passage d’une économie d’endettement à une économie de marchés financiers ne supprime pas le rôle d’intermédiation des banques, il évolue suivant l’évolution du contexte économique dans lequel on se trouve et peut même participer à augmenter l’efficience globale du système financier. Car, ce rôle d’intermédiation permet à la banque de contrôler l’asymétrie d’information dont font face le marché financier.

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