Les services de renseignement ont une importance capitale dans la consolidation de la souveraineté d’un Etat. L’on distingue des renseignements militaires et civils. Le renseignement militaire vise la suprématie de militaires en temps de guerre. Il gère la sécurité du pays de façon générale. Par contre, le renseignement civil vise à surveiller l’environnement du pouvoir politique. Il s’occupe ainsi, de la sécurité publique (110).
Dans tous les deux cas, les services de renseignement sont au service de la sécurité nationale. Ils visent la protection des personnes et de leurs biens sur l’ensemble du territoire national, mais aussi à l’extérieur. Ses agents sont chargés de recueillir des informations relatives aux activités liées à l’espionnage, à l’ingérence, aux criminels et aux atteintes au potentiel économique. Ils mènent des surveillances et des enquêtes de sécurité. Cependant, ils n’ont pas l’autorité d’arrêter une personne. Ils se limitent à récolter des informations qu’ils livrent, dans le cas échéant, aux autorités judiciaires.
En RDC, les services de renseignement sont assurés par l’Agence Nationale de Renseignement (ANR). Cette dernière cumule les fonctions au niveau interne et externe. Crée en 1997, l’ANR constituait un service de renseignement de l’AFDL. A l’époque de MOBUTU, on parlait de service national d’intelligence et protection (SNIP). Il a été renommé en 1996 en direction générale de sécurité nationale (DGSN). L’ANR était placé sous la direction du comité de sécurité de l’Etat sous le régime de LAURENT DESIRE KABILA. C’est avec l’avènement de JOSEPH KABILA que cette agence retrouva son autonomie.
Et donc, les services de renseignement constituent le socle de la sécurité Dans un Etat. Ils constituent aussi le support de la diplomatie d’un Etat. Ils doivent à cet effet, accompagner la consolidation de la souveraineté d’une unité politique. Une puissance sans renseignements efficaces est vouée aux multiples attentats contre son intégrité et ses populations.
Dans cette perspective, la RDC doit avoir des services de renseignement dignes. Pour ce faire, des fonds importants doivent être alloués pour ces services. Il s’agit des Fonds secrets de renseignement(FSR) pour répondre aux contraintes d’ordre sécuritaire et permettre la réalisation d’autres actions en temps de guerre dans ce que l’on appelle services d’action de renseignement.
Cependant, dans le cadre des relations avec les autres Etats, la RDC doit déterminer ce qu’elle tire de l’extérieur qui contribue à la réalisation de sa puissance et de sa prospérité. C’est ici que l’espionnage trouve sa place pour obtenir ce dont on a besoin. Sur ce, l’argent est le seul moyen pour obtenir ce dont on a besoin. Même pour avoir une information, il faut payer à ce lui qui vous la livre, trois fois son salaire régulier au minimum (111). Certes, un pays qui n’a pas d’argent ne peut pas maintenir des services de renseignement efficace ni, au niveau interne ni, au niveau externe. C’est un défi à relever pour la RDC qui se veut un Etat à vocation de grandeur ou de puissance.
Par ailleurs, des services de renseignement à la hauteur de la sécurité de la RDC sont presque inexistants. Le cas illustratif est celui des événements qui se produisent aux pays depuis son indépendance à nos jours. Il est premièrement enregistré l’assassinat macabre de Patrice LUMUMBA et de Laurent KABILA. Ce dernier était tué dans son bureau de travail sans que ces services soient à mesure d’empêcher ce spectacle. Plusieurs attentats contre la résidence de la
République sont signalés. Le dernier a été enregistré contre la résistance du chef de l’Etat et contre le camp logistique de KOKOLO à Kinshasa en mars 2011.
Si, en 1960, le Congo n’a pas réussi à protéger son indépendance totale, c’est parce qu’il n’avait pas les moyens de sa sécurité. Cependant, pendant la deuxième République, MOBUTU avait compris le sens de la sécurité, mais il l’avait mise à son service personnel et non à l’Etat.
Au service d’un individu, les services de sécurité étaient devenus des services de répression. La sécurité est restée le domaine de l’armée et de la police. C’est pourquoi, beaucoup de tentatives de déstabilisation ont été observés dans le pays en dépit de l’existence des services d’intelligence.ces derniers sont avalisés au rang d’une simple administration sans moyen d’action. Ainsi des mesures de prévention des incidents ne sont pas visibles.
Dans cet ordre d’idées, l’ANR ne semble pas connaître son rôle. Elle semble rechercher toute personne qui parle mal du président ou pense mal de lui. Elle demeure un service de répression et d’intimidation. Souvent ses agents passent leur temps dans des débits des boissons. Ils sont des malfaiteurs qui rançonnent la paisible population (112). Ils s’adonnent à des arrestations des journalistes et des activités des droits de l’homme. Ils se déguisent même en agents judiciaires pour trancher des litiges entre individus voisins.
Pourtant, les services de renseignement sont d’une importance irréfutable dans le pays pour sa protection contre toute ménance interne ou externe. Autant, il est demandé aux congolais de tenir l’image de ces services, autant, les institutions du pays doivent une attention particulière à ces services.
Il s’impose des Etats-majors des services de renseignement en RDC. Ici, il sera question d’évaluer le passé d’analyser le présent et d’envisager le futur. On n’attendra pas l’effort de la coopération extérieure pour renforcer ces services. On ne peut que compter sur la volonté et les efforts des institutions du pays. L’on doit mobiliser des fonds pour atteindre des résultats escomptés dans la recherche des informations pour l’intérêt supérieur de la nation Si l’on ne fait pas tout ce qu’on doit faire aujourd’hui, l’on construit sur le sable.
Ainsi, le renouveau dans les services de renseignement permettra de découvrir, de dénicher et d’alerter dans le cas où une ménance contre le pays se prépare. Ces services se révéleront ainsi comme un instrument de prévention. Certes, que la puissance de la RDC a besoin d’une sécurité permanente en vue de maitriser son étendue d’un sous-continent et protéger ses ressources.
110 J. BAUD, encyclopédie du renseignement et des services secrets, éd. Lavauzelle, Paris , 1998 , P. 11
111 Propos recueilli auprès du professeur KAKULE MATUMO KITSWIRI
112 JOHN SIMBA, RDC : « réhabiliter les services de renseignement du pays » In Congo time , 11 mai 2011, sur http//WWW.africarabia.com ; consulté le5 juin 2011. 15 : 50 , cité par NZANZU MUKESYAIRA, opcit , p. 76.
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