Pendant longtemps, plusieurs millions de personnes gérant de petites activités génératrices de revenus, à travers le monde, ont difficilement eu accès à des services financiers adaptés. Ainsi, la microfinance s’est imposée comme un outil d’inclusion en offrant des services d’épargne, de crédit, d’assurance et de transfert d’argent à cette catégorie dite exclue du système financier traditionnel.
La microfinance a évolué comme un outil de développement économique. Elle joue aussi un rôle d’intermédiation sociale à travers le renforcement des capacités des bénéficiaires et de leur capital social.
La microfinance sous sa forme actuelle s’est inspirée de plusieurs modèles, notamment celui des coopératives financières de Raiffeisen développées en Allemagne en 1864 et celui de Desjardins développé au Québec au début du 20e siècle (Fatima, 2009). Néanmoins, les praticiensreconnaissent l’effort de Mohammed Yunus qui, par la promotion du système de crédit solidaire au Bangladesh au début des années 80, a favorisé la reconnaissance du microcrédit comme outil de lutte contre la pauvreté. Un effort qui lui a valu le prix Nobel de la paix en 2006.
À l’origine, la microfinance était destinée aux populations pauvres et rurales et visait àsouteniretmoderniserlesecteuragricoleetmobiliser l’épargne des paysans à travers la formule coopérative. Aujourd’hui, les institutions de microfinance (IMF) ont également adopté d’autres formules : mutuelles, organisations non gouvernementales, organisations internationales, associations humanitaires et filiales de banques commerciales. Les acteurs impliqués dans le secteur de la microfinance sont tout aussi nombreux : agences de notation, fonds de placements et de garantie, institutions financières internationales, etc.
Ainsi, le développement de la microfinance s’est opéré sous l’influence de plusieurs paradigmes. Entre le modèle de crédit ciblé, subventionné et préconisé par de nombreux bailleurs de fonds dans les années 70 et l’approche institutionnelle se fondant sur des principes de marché, la microfinance cherche son équilibre (Ledgerwood, 1999). En effet, cet équilibre qui est au centre des débats tend à lier la microfinance à ses origines, sa mission sociale et sa pérennité financière.
Dans cette perspective, certaines interrogations deviennent les préoccupations de toute évaluation de performance globale d’une institution de microfinance. Comment peut-on combiner à la fois les objectifs sociaux et les objectifs de pérennité? Quelle gouvernance pour quelle durabilité de l’institution?
Ce travail consiste à évaluer la performance globale du Réseau des Caisses populaires d’épargne et de crédit de Guinée (CPECG/YÈTÈ MALI), longtemps encadré par Développement international Desjardins (DID), selonles trois piliers de la durabilité d’une IMF : bonne gouvernance, performance sociale, performance financière. Également, le niveau d’intégration des critères essentiels de fonctionnement en réseau fédéré sera associé au processus d’évaluation de la performance globale du CPECG Yètè Mali.
Cette évaluation basée sur une approche participative, intégrant toutes les parties prenantes de l’IMF, se veut un diagnostic, ainsi qu’une analyse comparative à l’échelle nationale et régionale, aboutissant à des recommandations basées sur les préoccupations de ces parties prenantes.
En première partie, après avoir décrit le milieu d’intervention de mon essai, un cadre théorique justifiant mon évaluation sera présenté. La deuxième partie de l’essai est consacrée à l’analyse des résultats etla troisième partie, aux recommandations qui ont été adressées aux dirigeants de l’IMF.
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