Ces dernières années, les pays en développement ont connu globalement une nette amélioration de leurs situations économiques et des conditions de vie de leurs populations. En dépit de cette avancée, pour plusieurs pays sous-développés, la dernière décennie a été désespérante. Quelques 54 pays sont aujourd’hui plus pauvres qu’en 1990 (Quenum, 2007). Dans 21 pays, une proportion importante de la population souffre de la faim. La plupart des pays d’Afrique subsaharienne se retrouve dans des conditions inquiétantes (Quenum, 2007). Ainsi, sur près de trois milliards de personnes, dans le monde, survivant avec deux dollars ou moins par jour, quelques 500 millions (1/6) d’entre eux viennent d’Afrique, où les trois quarts de la population vivent dans la pauvreté. Parmi eux, environ 320 millions vivent dans une pauvreté extrême avec un dollar par jour voire moins(1). Face à cette situation, et depuis environ un demi-siècle les pays sous-développés d’Afrique ont élaboré plusieurs stratégies pour le développement et la lutte contre la pauvreté(2).
Malheureusement, force est de constater qu’aucune d’entre elles n’a réussi à résoudre le problème du sous-développement des pays pauvres du Continent, bien au contraire, la situation économique et sociale de la majeur partie de la population s’est dégradée dans le temps (Quenum, 2007). C’est dans ce cadre qu’au lendemain de leur indépendance, les pays Africains, dans la perspective de parvenir au développement économique et social, se sont rendus compte que les infrastructures d’équipements et de productions déjà en place étaient insuffisantes pour amorcer un quelconque décollage économique. L’écart entre le besoin d’investissement nécessaire et les ressources disponibles était énorme, avec une absorption importante vers les charges salariales.
Ainsi au Bénin, suite à la période d’instabilité politique ayant plongé le pays dans une crise économique très sévère caractérisée par l’affaire Covax du mardi 25 janvier 1975 (Emission Droit de savoir de Radio Planète) et biens d’autres, le pays, avec l’appui d’institutions internationales, a mis en place un vaste programme de réformes visant la stabilisation, la libéralisation de l’économie et une bonne intégration de l’économie régionale et mondiale. Ensuite, au cours de la décennie 1990, le Bénin a favorisé un climat plus ou moins attractif pour l’investissement à travers la constitution du 11 décembre 1990 qui a consacré les droits de libre établissement sans distinction de nationalité et principe du traitement national en matière d’investissement. C’est dans cette optique de réduction de la pauvreté qu’a été envisagé en 2001 le lancement du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD ) dont l’objectif est d’instaurer un cadre institutionnel plus équilibré entre les différents acteurs du développement. Depuis lors, l’Afrique peine à décoller et ses performances restent médiocres au plan international. En effet, l’Afrique est le Continent le plus pauvre et le plus en retard : le Continent ne représente que 1,7% du commerce international et reçoit moins de 1% de l’investissement mondial (NEPAD EXPLIQUE, 2002).
S’il est désormais admis que la réduction de la pauvreté passe nécessairement par une accélération de la croissance et une modification profonde de la structure de redistribution de cette croissance, seules des politiques budgétaires soutenables, élaborées et judicieusement mises en oeuvre permettront d’assurer une ponction et une réallocation équitable en faveur des citoyens et en particulier des pauvres.
Malgré son amélioration notable, la gestion des finances de l’Etat reste soumise à de multiples contraintes. La masse salariale constitue une contrainte majeure car elle limite les marges de manoeuvre des pouvoirs publics en matière de développement de l’investissement. Le poids de la masse salariale provient davantage du niveau des rémunérations que du nombre de fonctionnaires qui n’est pas pléthorique quand il est rapporté à la population totale. La maîtrise de la masse salariale est une préoccupation majeure et de l’Etat et des chefs d’entreprises au Bénin, dans un contexte d’ouverture croissante de l’économie. Il est un secret de Polichinelle que le Bénin vit largement au-dessus de ses moyens. L’illustration parfaite de ce que les financiers appellent l’indiscipline budgétaire est la masse salariale qui occupe aujourd’hui un niveau assez préoccupant.
Ainsi, la présente étude se fixe comme objectif d’analyser les effets de la masse salariale sur les investissements au Bénin, au regard des théories économiques de l’investissement et de la politique salariale. Elle vise, surtout, à montrer l’incidence de la masse salariale sur les investissements public et privé au Bénin. Le travail est divisé en deux chapitres :
– Le premier chapitre porte essentiellement sur la problématique et la méthodologie de l’étude.
– Dans le deuxième chapitre, sont présentés et analysés les résultats de l’étude avant d’aboutir aux suggestions de politique économique qui en découlent.
1 OIT : Le point sur la pauvreté en Afrique
2 Bourdon (2002) cité par Quenum (2007)
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