Les limites du modèle associatif : Qu’est ce qui empêche une association de continuer à évoluer ?
– Le rapport entre bénévoles et salariés :
Il est complexe de travailler avec des bénévoles pour diverses raisons. Avant toute chose, il est important d’avoir conscience d’un élément fondamental concernant les bénévoles. Il est difficile de leur imposer des choses, que ce soit en termes de travail, de présence ou de fonction. Tout ceci se fait sur la base du volontariat ou si le « dirigeant » fait preuve de motivation, et qu’il est efficace sur la manière de gérer son groupe, sur la motivation qu’il va insuffler. Il semble que le rapport entre salariés et bénévoles mette en opposition deux systèmes de valeurs bien distincts :
– Ou bien, il s’agit de donner de son temps dans une fonction par volontarisme, altruisme ou toute autre raison ne donnant pas droit à une rémunération.
– Ou bien, il s’agit de fournir un travail en échange d’un salaire.
Cette opposition, que j’ai observée depuis un certain nombre d’années, semble créer quelquefois un sentiment d’injustice vécu par ceux qui « donnent » de leur temps, et aussi un sentiment de supériorité ou plus souvent une gène de toucher un salaire de la part de ceux qui sont rémunérés.
Le contexte est difficile également dans le cas d’un professionnel salarié qui a affaire à des bénévoles qui n’ont pas les connaissances approfondies du domaine exercé. Des conflits peuvent naitre du besoin de « contrôle » du bénévole sur le travail du salarié ; celui-ci ne supportant pas les intrusions pouvant être faites dans le cadre de ses connaissances.
D’autres sources de conflits peuvent survenir telles que le manque de connaissances ou le besoin de reconnaissance exacerbé… Cela peut-être le cas des présidents de clubs : Ils sont en grande partie des personnes désireuses de mettre en avant un égo parfois prononcé. J’ai pu constater que ce sont souvent de fortes personnalités. Ils trouvent par ce biais le moyen de faire partie de l’élite. Ils peuvent ne pas avoir pour autant le sens du « management » ou la psychologie appliquée à la gestion de salariés.
– Le rapport système associatif contre professionnalisation
La professionnalisation est un processus bien exploré aujourd’hui. Il suffit de lire les travaux de Bayle 1999, Bernardeau Moreau 2003, Chantelat 2001, Gasparini 2000, Laville et Sainsaulieu 1997 pour s’en rendre compte. Comme le met en avant Nadine Haschar-Noe (1999), Il y a une distance qui se crée depuis les années 70 entre le système associatif dit « fédéral » dans lequel nous retrouvons une conception éducative du service public du sport, et un système plutôt accès sur une idéologie du loisir, individuel et consommateur du sport. Cette évolution tend à s’accélérer depuis les années 80/90 (voir aussi en annexe 3 le dossier présenté en sociologie résumant les textes de Bernardeau, Bernardeau Grima et Paillé, Haschar-Noé). Une opposition de valeur existe en interne entre les bénévoles soucieux de conserver à l’association son rapport social. Elle s’observe aussi au niveau de la politique de la ville qui, en fonction de ses choix, ne voit pas forcément positivement le développement commercial d’un club ou d’une association. Il peut en découler un problème important qui serait la diminution des subventions et éventuellement la réduction des créneaux horaires d’utilisation des infrastructures. D’autre part, au sein de l’association même, cela peut créer des conflits et mettre en sommeil des projets qui pourraient faire évoluer l’association.
– Le problème des financements et des infrastructures
Les clubs et associations sont à la foi liés et dépendants des infrastructures prêtées par les municipalités. Il n’est malheureusement pas possible d’obtenir des créneaux en journée et ce jusqu’à 18h15 car ils sont utilisés par les scolaires. Cela limite les possibilités de faire évoluer l’association. Ensuite, les aides de l’état ne sont plus à la hauteur des frais de gestion et d’organisation d’une association. Il devient alors nécessaire de rechercher ailleurs d’autres sources de financement. Une association loi 1901 peut se heurter alors à des difficultés du côté de la loi et sur un plan fiscal.
– L’image de l’association est globalement considérée comme moins professionnelle qu’une entreprise privée ou un club professionnel.
L’association bénéficie d’un statut qui lui apporte l’indulgence du public. Cependant, cela implique en retour que sa gestion n’est jamais vraiment considérée comme « professionnelle ». Les associations souffrent quelquefois de cette image, et cela peut ralentir leur progression, en limiter les adhérents ou tout simplement les démarchages auprès de sponsors.
– La gestion non professionnelle
Les associations peuvent être gérées par des personnes dont la profession n’a pas obligatoirement un lien avec le poste occupé. (Trésorier, président, secrétaire). Pour autant, certains sociologues constatent une évolution du profil des dirigeants bénévoles notamment. C‘est le cas de Denis Bernardeau Moreau (2009) qui souligne une professionnalisation de ces acteurs. Cette nouvelle manière de « manager » fait ainsi entrer dans le circuit de nouveaux types de dirigeants : Un manager de métier tend à prendre en charge l’association aujourd’hui. Un comptable occupera préférentiellement le poste de trésorier. Un chef d’entreprise présidera l’association.
J’ai durant ma carrière été en contact avec des dirigeants qui ont rencontré desdifficultés du fait des connaissances qu’il faut avoir dans des domaines tels que la comptabilité, la fiscalité, la gestion, la communication et le sens commercial. D’autre part, il est assez souvent nécessaire de se rendre à des réunions auprès des partenaires (mairie, DDJS…), et de s’exprimer en public. C’est un point qui peut aussi poser problème. La représentativité de l’association a son importance.
QUELS SONT LES MOYENS DE S’ADAPTER POUR EVOLUER ?
En restant Association loi 1901, on retrouve les éléments limitant précédemment cités. On trouve également les limites liées à la fiscalité et à la trésorerie. Il est possible d’insuffler une dynamique nouvelle afin de permettre à l’association de perdurer et de se maintenir à son niveau.
Des projets et une bonne gestion peuvent permettre de faire évoluer une association.
En changeant de statut, on donne les moyens matériels et humains à une association pour se développer. Quelques possibilités peut-on avancer pour transformer son association en entreprise ?
A priori, il n’est pas possible de transformer les statuts d’une association pour en faire une société commerciale. La seule issue possible réside alors dans la création d’une SARL à laquelle l’association vend tout ou partie de ses biens et de son activité.
L’association peut alors, soit perdurer sur son seul objet associatif, soit être dissoute.
Elle peut d’ailleurs aussi être l’un des actionnaires de la SARL dans le cadre d’une filialisation de son activité économique.
– Dans les faits, la solution la plus courante est la création d’une SARL à laquelle l’association vend ses biens et son activité. Cela vaut pour les biens matériels : fournitures, locaux… mais aussi pour les biens immatériels : nom, clientèle…
Attention néanmoins, les règles sont strictes et le fisc est vigilant sur le transfert de ces valeurs. L’abandon de la structure associative et le lancement d’une SARL a un coût.
– Il est aussi possible de transformer une association en société coopérative (SCOP). Bien que les deux statuts présentent de nombreux points communs, la
transformation fait basculer l’association sans capital social, dans l’univers de la société, structure dotée d’un capital et d’une personnalité morale plus étendue.
Composée essentiellement de salariés-associés, également appelés “coopérateurs”, elle favorise l’esprit d’équipe et de responsabilité. Les salariés, en tant qu’associés majoritaires, décident ensemble des grandes orientations de leur entreprise. La SCOP est constituée sous forme de SA ou SARL, et peut exercer dans tous les domaines.
– Il existe depuis peu de temps (statut créé en 2001), une société coopérative d’intérêt collectif (SCIC). Ce statut permet d’associer autour du même projet des acteurs multiples (salariés, bénévoles, usagers, collectivités publique, associations…) Autrement dit, toute personne concernée par l’objet de la SCIC peut participer à son capital social et être représentée à son AG. A la différence de l’association, une partie des excédents peut-être partagé entre les associés.
PENSER MON PROJET
Y a-t-il un moment dans une vie où l’on regarde en arrière et où l’on savoure son parcours avec fierté et sérénité ?
J’aime à le croire. Un jour, je me retournerai, et j’aurai enfin comblé mon insatiable « curiosité » et ce besoin d’avancer et de progresser. Je le dis sans grande conviction, car malgré le fait que cela apparaisse comme un trait de caractère particulièrement « épuisant » (surtout pour l’entourage), je considère cette part de moi comme une véritable opportunité : celle de profiter de tout, et d’aller vers l’avant sans me poser trop de questions. J’ai surtout envie de croire que je ne perdrai jamais cette flamme qui me fait avoir envie de vivre sans cesse de nouvelles aventures intellectuelles et créatrices.
Je peux paraitre éparpillée, mais je reste toujours dans un espace assez cadré où les éléments se relient les uns aux autres. J’aime créer, écrire, raconter, gérer, organiser, décider, communiquer. Je suis une bâtisseuse. Avoir un projet, amener une histoire jusqu’à sa réalisation, la faire fonctionner est pour moi très important. J’ai besoin de ça pour me nourrir et pour ressentir cette intense sensation d’exister. Lorsque j’ai fait la demande de validation du Master Management des Organisations sportives, le but était autant l’obtention d’un diplôme m’ouvrant les portes vers des postes à responsabilités, que l’envie de me lancer un « challenge ». Mon projet de départ était accès vers la politique. J’avais en tête de me battre pour le développement du sport dans ma ville. Je n’ai pas les mêmes idées concernant le sport que notre actuel adjoint, et cela me déplait fortement de voir la pauvreté sportive de la plus grande ville
de Seine et Marne !
Comment me faire entendre ? Et surtout, comment être écoutée ? Pour prétendre à une place dans la future campagne électorale municipale, l’appui d’un diplôme tel que le Master de Management des Organisations sportives me semblait intéressant. Mon expérience, mon esprit d’analyse et mes idées peuvent peut-être faire le reste ?
Mon second projet, est l’éventualité de gérer une organisation sportive et en particulier une structure telle qu’un Centre Aquatique ou une base nautique. Je suis très intéressée par ce type de structure, pour la diversité, et les nombreuses possibilités d’équation qui se présentent dans ce genre d’endroit. De la compétition sportive aux loisirs en passant par le bien être et l’événementiel… Tout y est pour un projet à la hauteur de mes ambitions !
Il se trouve que j’ai réalisé un dossier concernant un futur centre aquatique qui serait implanté sur le secteur de la communauté d’agglomération de Marne et Chantereine. Je suis pilote du groupe détaché par le conseil participatif de la CAMC qui s’occupe de ce dossier. Faire ce travail m’a amenée à découvrir ce milieu que je ne connaissais que sous l’aspect « client sportif ».
J’ai créé Mouvement Corps et Danse, une association de danse et fitness, et j’ai fait en sorte de l’amener là où on peut considérer qu’une association peut aller. Il y a toujours la possibilité de faire plus, mais les suites ne semblent plus correspondre exactement à mes critères d’épanouissement. Aujourd’hui, j’ai besoin d’emmener un autre projet. Je veux un espace neuf, vierge d’idées ou toutes les créations sont envisageables. Cela peut aussi concerner un espace plus ancien ou tout est à refaire sur des bases existantes solides. En réfléchissant à mon parcours, le sujet de ce mémoire m’est venu assez naturellement : « De l’association à l’entreprise ».
Comment faire évoluer une association au-delà de ses limites ? ». J’ai posé mes idées sur une feuille, le sujet de mémoire est venu à mon esprit naturellement. Je me suis rendue compte qu’une association malgré ses limites pouvait évoluer. De nombreuses possibilités sont accessibles que ce soit d’un point de vue idéologique, fiscal ou administratif pour développer une structure porteuse. Pour peu que l’on croie en son projet, que l’on sache motiver ses partenaires bénévoles ou non, on peut aller très loin dans l’évolution d’un club. A travers ce mémoire, je mets des mots sur une partie de ma vie professionnelle. Je décortique une aventure qui m’a permis de démarrer une seconde carrière : « MOUVEMENT CORPS ET DANSE »
Dans la première partie de ce mémoire, je parlerai du projet et de la création de l’association « Mouvement Corps et Danse ». A mon sens, ce sont les bases qui ont une importance fondamentale. Ce sont les fondations de la maison. C’est par là qu’une structure peut exister et surtout durer ou non. Le coeur du document (2ème et 3ème partie) traitera du fonctionnement de cette association et des éléments rencontrés qui l’ont implantée :
– Les choix de développement
– Les difficultés rencontrées
– La gestion administrative
– La relation aux bénévoles
C’est la partie ou l’on retrouve également les limites d’une association. C’est cette réflexion qui m’amènera enfin à la quatrième partie. Dans la dernière partie de ce mémoire, je parlerai des manières de faire évoluer une association. Que ce soit au niveau idéologique ou statutaire. Il y a des moyens d’agir. Enfin, la conclusion mettra un terme à mes longues heures de réflexion sur mon parcours et sur ce que je souhaite faire de mes acquits.