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INTRODUCTION

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Il y a 30 ans la scène financière internationale a connu l’émergence du système financier islamique. En effet, la finance islamique modernisée a pris forme dans les années 1970, au carrefour de la montée du panislamisme et du boom pétrolier de 1973.

C’est une finance très ancienne car ses origines remontent au 7ème siècle durant la vie du prophète Mouhammed. Dans les années 1950, l’évolution de la nature et des objectifs de la finance islamique commençaient à se dessiner. En effet un petit nombre d’érudits et de scientifiques musulmans théorisent la possibilité de créer un système financier alternatif à la finance traditionnelle et conforme aux enseignements du Coran. Quelques années plus tard, cette idée va se matérialiser concrètement en inspirant la création du Pilgrim’s Administration and Fund (Tabung Haji)(1) en Malaisie (1956) et l’expérience de Mit Ghamr(2), une communauté rurale située dans le delta du Nil en Egypte (1963).(3) Ces deux expériences illustrent d’ores et déjà, une spécificité qui marquera la finance islamique tout au long de son histoire: son homogénéité profonde.

Les années 1970 marquent le véritable tournant de la finance islamique malgré ses premières expériences relatives. La guerre de Kippour qui opposait l’Israël à un certain nombre de pays arabes défendant la cause palestinienne a eu pour conséquence le premier choc pétrolier. Ce choc a facilité l’enrichissement rapide des pays du Golf, exportateurs de pétrole. L’afflux de pétrodollars dans ces pays accentuait la nécessite de créer des institutions financières pour une gestion durable de ces fonds et surtout une gestion conforme aux valeurs de l’Islam. C’est dans cette foulée que la Banque Islamique de Développement (BID) a été créée en 1974 au sommet de Lahore au Pakistan.

D’autres établissements financiers vont éclore durant la même décennie. Nous pouvons nommer la Dubaï Islamic Bank en 1975, la Faysal Islamic Bank en 1979 ainsi que la Banque islamique de Bahreïn en 1979. Cette date marque aussi l’islamisation de l’ensemble du secteur bancaire du Pakistan. Il fut suivi, en 1983, par le Soudan et l’Iran(4).

Les progrès réalisés dans le domaine de l’ingénierie financière et certaines évolutions dans l’environnement économique ont facilité l’élaboration de produits financiers qui intègrent les exigences de la finance islamique.

A la différence de la finance classique, la finance islamique est basée sur le respect de la Charia c’est à dire la loi islamique. En effet elle exclut le Riba ou intérêt dans toutes ces formes, la spéculation, la thésaurisation… Ceci parait paradoxal pour certains contemporains.

Le souci est que comment les institutions financières islamiques (IFI) trouvent assez de ressources pour faire face à leurs activités financières. Vue la spécificité de leurs produits, comment elles arrivent à gérer leurs portefeuilles ? En dépit de tout cela la finance islamique connait une montée extraordinaire et parait solide face à la crise financière de 2007 partie des Etats-Unis. Les spécialistes estiment que, à l’horizon 2020, ce marché devrait représenter 1300 milliards de dollar avec un taux de croissance à deux chiffres (actuellement 30% selon la dernière estimation de Moody’s).

Ceci conduit les institutions et banques islamiques à développer leurs compétences en gestion des risques de marché, de crédit, opérationnel ou de liquidité. Outre ces risques les IFI sont exposées au risque de réputation de leurs établissements concernant essentiellement le risque de Charia non complaisance (dans leurs produits et services) qui est susceptible d’avoir un impact sur leur rang et d’induire des conséquences sur leur profitabilité et leur liquidité.

Les IFI fournissent à la fois des produits participatifs qui respectent le principe du partage des pertes et des produits par dette ou coûts plus marge qui obéissent cependant à la loi islamique ou Charia. Parmi les produits financiers les IFI utilisent plus la Moucharaka (participation) et la Mourabaha (vente à crédit) du fait de leur caractère productif et commercial respectivement. Ces deux produits sont exposés aux risques de crédit, de marge, de contrepartie… Cependant les banques islamiques rencontrent beaucoup de difficultés pour leur gestion. Il y a d’abord les problèmes d’applications des normes internationales en ce qui concerne la gestion des risques et l’utilisation des techniques de couverture classiques. Il y a aussi le problème du cadre juridique et réglementaire des banques islamiques implantées dans des pays où le secteur bancaire est classique. Il s’y ajoute aussi que les IFI doivent respecter certains ratios imposés par les banques centrales classiques.

Cette réflexion nous conduit à poser ces questions suivantes : Comment fonctionnent les institutions financières islamiques? Quelles sont leurs différentes techniques de financement?

Quels sont les types de risques liés à la finance islamique? Et notamment comment les IFI se protègent contre les risques liés à leurs produits financiers comme la Moucharaka et la Mourabaha?

L’objectif de cette recherche nous a amené à développer trois chapitres. Le premier chapitre portera sur la revue critique de la littérature et le cadre conceptuel du sujet. Ce chapitre nous permettra de définir quelques concepts et réviser les principes qui régissent la finance islamique. Le deuxième chapitre portera sur les produits financiers et les types de risques en finance islamique. Il sera composé de quatre sous chapitres. Nous verrons d’abord le fonctionnement des banques islamiques en analysant leurs normes comptables et juridiques et en faisant une comparaison entre le bilan des banques islamiques et celui des banques traditionnelles. Ensuite nous allons présenter les produits financiers islamiques, ceux qui obéissent à la philosophie musulmane (Moucharaka et Moudaraba) et ceux avec coût plus marge (Mourabaha, Ijara, Salam, Istisna…). Nous verrons ensuite les types de risques qu’on rencontre en finance islamique. Nous terminerons ce deuxième chapitre par présenter les institutions financières islamiques au Sénégal à savoir la Banque islamique du Sénégal (BIS) et le MECIS SARL. Le troisième chapitre portera sur la gestion des risques sur les produits Moucharaka et Mourabaha. Nous verrons d’abord les risques liés sur ces deux produits qui ont des caractéristiques distinctes ensuite d’étudier la gestion des risques pour chaque produit.

1 Le Tabung Haji, impulsé et financé par les autorités publiques malaisiennes, était voué à investir les ressources collectées auprès d’un grand nombre de petits épargnants dans des grands projets industriels, agricoles ou de construction.
2 L’objectif du fondateur, Ahmed al Najjar, était d’assurer l’intermédiation des ressources financières entre épargnants et petits investisseurs locaux.
3 Pastré et Gacheva, 2008.
4 Ibrahim WARDE, « Paradoxes de la finance islamique ». Septembre 2001.

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