Apparus dès la fin des années 1990, à l’aube du 21ème siècle, les services web ont provoqué une forte évolution dans le monde de l’informatique distribuée et un bouleversement majeur dans la façon de concevoir des architectures. Un des intérêts de l’informatique distribuée est de faciliter l’interconnexion entre applications distantes, indépendamment des plateformes et des langages utilisés. Les trois derniers standards CORBA (Common Object Request Broker Architecture), DCOM (Distributed Component Object Model) et RMI (Remote Method Invocation) ont été créés dans ce but. Cependant, ces modèles, de par leur complexité, leur aspect fortement couplé (dépendance forte entre les fonctionnalités d’une application) sont en fait, incapables de passer à l’échelle. Ils restent donc le plus souvent, con nés à l’intérieur des entreprises.
Créées, à la base, pour permettre les échanges commerciaux sur Internet, les technologies des services web sont, de par leur nature, très ouvertes. Grâce à des standards d’interopérabilité, ces technologies uniformisent la présentation des services ouverts par une entreprise et rendent l’accès transparent à tout type de plateforme. Le développement d’Internet, la vulgarisation du haut débit, la structuration des données via XML et la recherche d’interopérabilité sont autant de facteurs qui ont favorisé l’essor des services web. Ces composants sont faiblement couplés, permettant ainsi la réalisation d’applications dynamiques, flexibles et évolutives à grande échelle. Les entreprises publiaient déjà de l’information via des sites web, utilisaient la messagerie et faisaient du commerce électronique, elles l’utilisent maintenant pour leurs applications métiers (e-commerce, environnement numérique de travail, etc.). La première société à avoir introduit un concept de services distribués, proche de ce qui existe aujourd’hui, est Hewlett-Packard avec son produit e-Speak, et ce dès 1999 [1]. La suite fut une grande course entre les principaux acteurs du marché qui ont progressivement, par souci d’interopérabilité, adopté les principaux standards des services web que sont SOAP, WSDL et UDDI dans les années 2001 [2].
Cette nouvelle technologie permet donc la création de nouvelles applications aux frontières non délimitées et pousse aujourd’hui les développeurs à privilégier la réutilisation de services ” sur étagère “, plutôt que de procéder à des développements spécifiques pour chaque projet. L’utilisation de services sur étagère permet aux industriels de se concentrer sur leur domaine de compétence, tout en s’épargnant de l’effort de réaliser des fonctionnalités déjà développées dans d’autres secteurs. Cette tendance à la réutilisation, et surtout l’interconnexion croissante des systèmes, ont ainsi favorisé l’émergence de nouveaux concepts d’architectures telles que les SOA (1) (Services-Oriented Architecture ou Architectures Orientées Services communément appelés AOS), qui permettent l’interopérabilité de systèmes même lorsqu’ils sont développés par des organisations indépendantes.
Pour l’heure, ces architectures-là ne sont pas utilisées pour des applications ayant de fortes contraintes de sécurité, mais cela ne saurait tarder et l’étude de la sécurité de fonctionnement des architectures orientées services est alors un sujet majeur.
Basés sur les protocoles XML, les services web constituent la technologie de base pour le développement d’architectures orientées services. Ces architectures permettent de mettre en place des applications faiblement couplées avec un fort degré de configuration dynamique. Toute cette situation pousse les organisations à intégrer progressivement les services web dans les systèmes d’information existants, a n notamment d’accroître leur efficacité et l’interopérabilité dans les échanges avec leurs partenaires.
C’est ainsi que dans l’optique de s’arrimer à cette nouvelle étape de l’évolution de la technologie, et dans le souci d’intégrer un environnement numérique de travail dans son portail web, ce thème nous a été proposé :”Web Services : Etude et conception d’une plateforme de services pour un Environnement Numérique de Travail (ENT) d’université “.
L’université voudrait pouvoir proposer à sa communauté, un ensemble de services pouvant être accessible via les équipements traditionnels (ordinateurs ou PC) et les équipements à ressources limitées (Smartphones, PDA, …) à long terme.
Fort de cela, plusieurs questions gravitent autours de ce sujet à savoir : Quel est l’intérêt d’utiliser ce type d’architecture par rapport aux architectures existantes ? Comment modéliser un service d’ENT prenant en compte l’existence ou le développement futur de nouveaux services ? Quels sont les outils à mettre en œuvre et quelles sont les contraintes d’implémentation nécessaires pour une utilisation multi- plateformes ?
Dans le cadre de ce travail, il sera question pour nous d’élucider les notions de SOA en général et celles des services web en particulier, de maîtriser les ENT et de proposer la modélisation d’une plateforme de services dans un ENT d’université.
Pour répondre à cette problématique, notre travail s’articulera autour de quatre chapitres :
Dans le premier chapitre, nous ferons une revue de la littérature sur les architectures orientées services et les services web tout en présentant les protocoles et quelques domaines d’applications ;
Le deuxième chapitre sera consacré aux services et ontologies c’est à dire, la normalisation des concepts manipulés par les services et des acteurs intervenants dans le système, tout en élucidant les notions essentielles sur les environnements numériques de travail ;
Le troisième chapitre proposera une modélisation de la plateforme de services pour un environnement numérique de travail d’université tout en mettant un point d’honneur sur les modèles de communications ;
Le quatrième chapitre quant à lui sera uniquement consacré à l’implémentation et au déploiement d’un exemple de service web pouvant être intégré dans un environnement numérique de travail.
1 nous utiliserons l’acronyme anglais SOA parce que standardisé, à la différence de AOS, moins adapté
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