Décentraliser la planification urbaine, c’est confier à des assemblées élues par la population la gestion des affaires urbaines locales. La planification urbaine décentralisée suppose des politiques, des enjeux de développement mais aussi des défis à relever.
1) Les enjeux de la planification urbaine
a) Les enjeux politiques et de pouvoir
D’abord la planification urbaine présente des enjeux politiques et de pouvoir. La volonté de décentraliser peut être perçue comme porteuse d’un risque de fragilisation, de fragmentation du pourvoir central. Cette mesure prédispose par ailleurs à un amenuisement du sentiment d’appartenance nationale. En multipliant les centres décisions, la décentralisation pourrait également rendre plus difficile la conduite de politiques sectorielles cohérentes. Si par exemple certaines compétences dans le domaine de l’urbanisme sont transférées aux collectivités, l’Etat ne pourrait plus imposer ses décisions.
b) Les enjeux de gestion financière
La décentralisation suppose le transfert des compétences et l’autonomie financière des collectivités territoires. En multipliant les gestionnaires de fonds publics, la décentralisation peut être perçue comme une porte ouverte à la corruption et à la malversation. Ainsi les risques de corruption et de détournement planent sur nos collectivités territoriales à l’heure de la décentralisation.
c) Les enjeux de capacité technique des collectivités territoriales en matière d’urbanisme
De nombreux observateurs estiment que les services techniques communaux souffrent d’un déficit avéré de capacité à initier ou à conduire l’élaboration des documents de planification urbaine, mais également à assurer le traitement, la gestion et la production des actes courants d’urbanisme consacrés par la loi. Pour cela les pouvoirs centraux ont du mal à confier aux collectivités l’entière responsabilité en matière d’urbanisme et d’habitat. L’administration centrale estime qu’un effort considérable doit au préalable être entrepris en vue de renforcer les capacités des communes avant le transfert total des compétences.
2) Les défis de la planification urbaine à l’heure de la décentralisation
Les villes du Cameroun souffrent d’un réel problème de planification. Elle se caractérise et par une anarchie indescriptible. L’urbanisation galopante a entrainé la prolifération des bidonvilles ça et là et plus grave encore dans les zones non à aedificandi. Il importe donc pour nos communes dans le cadre de la décentralisation :
a) D’enrayer les bidonvilles dans nos métropoles
L’éradication des bidonvilles de nos métropoles passe par deux méthodes. La première méthode est incitative. Ici les communes dédommagent les populations habitant ces bidonvilles tout en leur indiquant une zone de recasement. La deuxième méthode est coercitive. Les communes procèdent par la violence en rasant toutes constructions anarchiques dans nos agglomérations.
b) Créer les voies de desserte adaptées
Le deuxième défis et non le moindre qui interpelle nos collectivités est la création des voies de desserte adaptées au contexte actuel de nos cités qui se caractérisent par une démographie galopante. Nos villes manquent cruellement de véritables artères propices à une circulation fluide. Pour résoudre les problèmes d’une circulation congestionnée et améliorer une hygiène souvent inexistante, la solution radicale est le « percement ». Il faut donner la priorité à la création d’axes importants dans nos villes, à la construction des boulevards. C’est ce que Georges Eugène Haussmann fit entre 1853 et 1869 pour transformer la ville de Paris.
c) Construire des nouvelles villes
Face à la dégradation avancée de nos cités, il est indispensable de construire de nouvelles villes dans nos grandes métropoles. La ville de l’âge III requiert en quelque sorte une structure urbaine plus traditionnelle tout en intégrant les acquis du mouvement moderne (lumière, l’espace, les réseaux de circulation). C’est fort opportunément toute la portée du projet « Sawa Beach » initié par la communauté urbaine de Douala (CUD). Le projet Sawa Beach est porteur de développement multisectoriel. Conçu pour être construit sur une superficie de 1000 ha, SAwa Beach devrait permettre aux habitants de la capitale économique de profiter de sa façade maritime.
En plus de quelques 8000 logements, le projet devrait générer 3000 emplois, permanents , 550 salles de classes, 345 ha de terrains aménagés dont 100 ha de routes,100 ha d’espaces verts,100 ha de canaux et autres lacs sont également prévus. Bref la CUD prévoit simplement la construction d’une nouvelle ville. Celle-ci ne se fera pas au détriment de la vieille ville. Cette hypothèse de construction d’une nouvelle ville n’est pas un conte de fées, c’est une réalité. Ce type de projets ont été implémentés ailleurs en Afrique et ont porté les fruits ; le cas de OUAGA 2000 au Burkina Faso en est une parfaite illustration.
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