L’analyse faite concernant la concentration démographique de Menzel BouZelfa montre que la croissance démographique de cette ville est constituée d’une part majeure des flux migratoires intenses depuis plus de deux décennies. Cette migration affirme d’une part l’attractivité de cette ville et d’autre part la consommation excessive de la surface urbanisée. En effet, la croissance démographique était d’autant bénéfique dans la mesure où elle crée une dynamique économique, mais aussi défavorable lors de l’amplification de crise foncière et l’appauvrissement du potentiel agricole. Se sont les implications d’un étalement spatial de plus en plus intense.
Actuellement, les espaces agricoles sont menacés par la poussée envahissante de l’urbanisation et l’on assiste par conséquent au recul de cette activité primaire. Cette situation est la conséquence de la convergence de plusieurs facteurs en particulier le désintérêt accordé au travail de la terre par les jeunes et l’émergence de nouveaux métiers dans le secteur tertiaire, jugés plus nobles et plus lucratifs.
La croissance démographique particulièrement importante durant les années 1980 et 1990 qui a été le trait majeur de l’évolution récente des villes du Cap Bon particulièrement celles situées sur le littoral oriental et dans la plaine de Grombalia, a engendré des bouleversements dans les rapports ville/campagne. En effet les besoins fonciers sont devenus considérables face à l’accélération du processus d’urbanisations de ces espaces ouverts.
Ceci en résulte une pression sans précédente de la spéculation foncière qui influe directement l’étalement spatial
De nos jours, il est très difficile de délimiter une frontière entre l’espace rural et l’espace urbain. Autrefois très différenciés, les territoires urbains et ruraux connaissent aujourd’hui une véritable interpénétration géographique, économique, sociologique, de multiples échanges quotidiens, des évolutions de population, de mode de vie, qui estompent les différences et provoquent une interdépendance de plus en plus forte entre ces espaces de vie.
Actuellement en plus de ces deux espaces classiques connus (urbain/ rural), de nouveaux concepts voient le jour comme la « périurbanisation » ou la « rurbanisation ». Il n’est pas évident que ces deux concepts sont équivalents, néanmoins ils sont semblables et il fallait les définir précisément afin de dégager les ambiguïtés. Le phénomène périurbain prend de plus en plus d’importance. Le géographe B .KAYSER définit la périurbanisation comme étant « la couronne où les processus d’urbanisation affrontent l’agriculture et une société rurale en plein fonctionnement, sinon encore en pleine vigueur. La construction urbaine est localisée et limitée… elle ne submerge pas tout l’espace, ne progresse pas sur un front d’urbanisation ». En partant de cette définition, qui ne peut en aucun cas être valable pour tout territoire, je révèle que la forme traditionnelle de l’évolution de l’espace de la ville c’est-à-dire celle de l’étalement spatial urbain était le développement des faubourgs, puis dans un deuxième temps l’expansion des banlieues. De nos jours, on parle de la périurbanisation résultante d’une croissance entièrement « éclatée » qui porte une partie de la ville sous forme de morceaux à caractère urbain jusqu’aux espaces des campagnes. A la différence des banlieues qui appartiennent structurellement à la ville et qui contribuent à former cet ensemble d’agglomération, le périurbain est une introduction d’éléments urbains dans le milieu rural.
La périurbanisation peut être considérée comme synonyme de rurbanisation. En effet, est considérée rurbaine toute zone proche de centres urbains et subissant l’apport résidentiel d’une population nouvelle, d’origine principalement citadine. La zone rurbaine est cependant caractérisée par la subsistance d’un espace non urbanisé dominant. Ce phénomène désigne le processus de croissance de l’urbanisation de l’espace rural avec mitage des terres agricoles. Cette définition remet en cause la dimension démographique du phénomène, dans un contexte statistique le phénomène urbain n’est pas pris en totalité, avant le vrai démarrage de la périurbanisation, on note l’émergence des zones intermédiaires entre le milieu foncièrement agricole et rural et le milieu urbain, dont la population ne vit pas en majorité de l’agriculture.
En conséquence on peut dire que de nouvelles dynamiques ont modifié les relations entre villes et campagnes, favorisant l’émergence d’un nouveau type de territoire à l’intérieur duquel les dualités (l’urbain et le rural) ne sont plus considérées comme des mondes séparés. La différenciation rurale-urbaine s’estompe tant en des termes de « mode de vie » que de « territoires » pour plusieurs raisons.
C’est autour de ce questionnement central sur l’étalement spatial et les nouvelles dynamiques entre milieu urbain et milieu rural que se situe notre travail sur Menzel Bouzelfa, ville moyenne du Cap Bon, qui connaît une expansion urbaine qui accapare les espaces agricoles et qui engendre un phénomènes de fragmentation (ou mitage) de l’espace agricole par le développement de l’habitat dispersé (diffus ou isolé). L’apparition de ce type d’habitat constitue-t-elle un risque de développement urbain ou bien reste-t-elle marginale et sans conséquence ? Nécessite-t-elle d’être particulièrement suivie et règlementée ?
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