Notre propos s’articulera en quatre parties et 10 chapitres. La Loi pénitentiaire du 25 novembre 2009 consacre les aménagements de peine et les programmes de prévention de la récidive comme principaux outils de la lutte contre la récidive sur fond de critique générale du travail social et de changement latent de logique pénale. Ce sont les CPIP, un groupe professionnel majoritairement féminin et diplômé en Droit, qui mettent en oeuvre ces orientations de l’Administration Pénitentiaire. Ce groupe professionnel a changé de nom et de grille indiciaire suite à un mouvement social inédit en 2008 (Première Partie).
Ces évolutions ont des traductions structurelles à l’échelle des SPIP entre 1999 et 2011. Le discours institutionnel, tenu par l’Administration Pénitentiaire, s’appuie sur les notions d’expertise, d’autonomie fonctionnelle des services et sur une revalorisation indiciaire.
Nombre de propos indiquent pourtant que le métier de CPIP s’est considérablement bureaucratisé alors qu’un premier clivage générationnel sur la pérennité de la hiérarchie et l’utilisation de l’informatique s’est créé (Deuxième partie).
Il existe un mouvement concomitant entre l’acquisition de nouvelles connaissances théoriques avec la pratique des programmes de prévention de la récidive et une systématisation du PSE. Le monopole de l’instruction des placements sous surveillance électronique et les savoirs d’actions y afférant sont, de surcroît, partagés avec les surveillants pénitentiaires.
Une analyse collégiale des situations entre pairs est induite par la pratique des programmes de prévention de la récidive confortant leur monopole dans cette pratique, malgré des savoirs théoriques non spécifiques (Troisième Partie).
Nous monterons enfin que, du fait de leurs modes de socialisation professionnelle très divers et de leurs motivations différentes à entrer dans le groupe professionnel, les CPIP ne sont pas un groupe professionnel homogène. Un clivage générationnel s’est créé venant interférer et amplifier d’autres antagonismes sur la conception du métier. Des professionnalités stabilisées depuis plus de 50 ans, à savoir, l’aide à la décision judiciaire et le suivi de mesures de justice, ne sont pas pour autant relayés par les organisations syndicales. (Quatrième Partie)