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L’enquête

Pour tenter de saisir les nouvelles dynamiques au sein du groupe professionnel des CPIP, il nous a fallu lever différents obstacles méthodologiques. Ce groupe professionnel est caractérisé par une grande diversité de lieux de pratique – milieu ouvert et milieu fermé – avec des modalités d’intervention très spécifiques selon la taille des services et les régions d’exercice (disparités entre la Province et la région parisienne sur le nombre de dossiers affectés notamment) et ce, dans le cadre du milieu fermé : Établissements pour Peine ou bien Maison d’Arrêt, Centres pour Peines Aménagées, Centre de Semi Liberté, quartiers de Semi Liberté, Centre National d’Observation de Fresnes. De plus, certains services sont organisés en pôles dédiés à des types de mesures : pôle aménagement de peine, pôle TIG, pôle PPR, pôles suivi renforcés, pôles suivi espacés, pôle Palais pour les permanences d’orientation pénales avant la condamnation des personnes.

Pour des raisons de moyens, il ne nous a pas été possible d’analyser chacune de ces organisations spécifiques pour chacune des mesures suivies par le SPIP.

La démarche ethnographique d’immersion dans un contexte spécifique de travail et l’observation systématique des interactions entre acteurs de l’exécution des peines – JAP, Parquet, greffiers, agents administratifs, surveillants PSE ou en détention et personnes placées sous main de justice -, n’a donc pas été utilisée dans notre recherche.

De nombreuses mesures restant quasiment inchangées dans les textes depuis 1999, comme le travail d’intérêt général ou bien le sursis avec mise à l’épreuve, nous les avons exclues de notre propos.

Si des changements dans les pratiques les concernant sont certains, ils nécessitent une analyse systématique beaucoup plus fine que l’approche adoptée. Ils constituent de fait un sujet de recherche en soit pouvant mobiliser d’autres corpus théoriques.

Nous avons ainsi décidé d’observer plus particulièrement les mesures mises en avant par l’Administration Centrale et pouvant concerner à la fois le milieu ouvert, et à la fois le milieu fermé, afin de saisir au mieux la dynamique interne au sein du groupe professionnel des CPIP. Le placement sous surveillance électronique est au coeur de l’action des SPIP depuis 2005, avec des évolutions législatives importantes et notables, entre 2005 et 2010, tant dans le champ post-sentenciel que dans le cadre de l’exécution d’une fin de peine, ou bien encore comme peine complémentaire, comme nous le verrons ultérieurement. Les Programmes de Prévention de la Récidive sont mis en avant depuis 2008 avec une mise en place très récente dans les services.

Ce sont ces deux mesures qui sont au coeur du mandat décerné par le législateur aux CPIP avec la loi Pénitentiaire du 24 novembre 2009. Ce sont donc ces deux types de mesures qui seront ici analysées, car cristallisant au mieux les évolutions des missions des CPIP depuis 1999. Cette approche nous a conduits à interroger, sur la base d’entretiens semi-directifs, les agents du SPIP 93 impliqués dans la pratique de ces mesures. Il nous a semblé, en complément, nécessaire d’interroger des personnes ayant connu des socialisations professionnelles différentes, pour percevoir ce qui a changé dans leurs pratiques et leurs représentations du métier par rapport à la mise en oeuvre de nouvelles mesures souhaitées par l’Administration Pénitentiaire et le législateur.

La confrontation avec de jeunes professionnels et celle avec des personnes ayant connu les Comités de Probation et d’Assistance aux Libérés, permettra de repérer les différences et les concordances en terme de pratiques professionnelles et de représentations sur celles-ci. Qu’est-ce qui a changé, qu’est-ce qui demeure en termes de pratiques et de représentations du métier, dans les évolutions des missions des CPIP ?

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