Pour la réalisation de notre étude, il a été important de bien prendre en compte l’idée que la commercialisation en circuits courts, constitue un système ou diverses activités se relient entre elles. Elle suppose donc l’apparition de plusieurs dynamiques de coordination entre acteurs. Par exemple, l’intégration dans les activités agricoles des fonctions de transformation et commercialisation, (Traversac, 2010 : 11 -13), qui favorise sans doute la diversification d’activités en milieu rural, encourage surtout, un processus de reconstruction et récupération des diverses formes de proximité, mobilisées et réactivées par des acteurs dans un territoire donné, pour favoriser des logiques endogènes de développement.
Pour la compréhension et l’analyse des différentes dynamiques existantes dans les circuits courts, il serait intéressant de mobiliser et de s’appuyer sur la base théorique de l’économie des proximités. Cela permettra de rendre compte d’une « échelle d’éloignement/rapprochement entre les acteurs » et d’analyser les différentes natures que peut prendre ce rapport. (Praly et al, 2009 : 4).
Pour Rallet (2002), « Les proximités sont un effet de l’histoire du territoire, conditionnées par la dynamique des relations localisées entre une diversité d’acteurs et d’institutions,…» (Cité par Torre et Beuret, 2012 : 5). Il s’agit de dynamiques affaiblies, voir disparues, avec le développement des industries agroalimentaires et la déstructuration des espaces ruraux. En ce sens, Torre et Beuret (2012) considèrent les territoires comme des lieux d’interaction entre acteurs, et dont la dynamique des Proximités contribue justement à la création de ces territoires.
De son coté, Pecqueur et Zimerman (2004) affirment en s’appuyant sur les conclusions de plusieurs travaux de recherche, que la proximité serait favorable au maintien des relations de confiance et à la mise en place de réseaux de coopération ou d’innovation au niveau local. Ces différentes formes de proximités mobilisées par les actions des acteurs dans les circuits courts, peuvent se rassembler autour de la notion de « Proximité Territoriale ». Elle constitue le lieu de croisement de deux grandes catégories de proximité, distinctes mais interdépendantes, correspondantes à la « proximité géographique » et la « proximité organisée ». (Torre et beuret, 2012 : 15). La première catégorie correspond à la distance physique entre deux acteurs, et dans des nombreux cas, elle favorise l’émergence de la deuxième catégorie faisant allusion à la distance relationnelle entre les acteurs.(12)
Dans le cadre de notre travail, l’utilisation de la notion de « Proximité » dans l’analyse des circuits courts, permettrait la compréhension des différentes formes et dynamiques de coordination et coopération entre acteurs. Aussi elle sera utile pour la proposition d’une grille de lecture comme un outil opérationnel, afin de guider autant « les dimensions, concertatives et conflictuelles » entre acteurs, comme le signale Torre et Beuret (2012), que les décisions et actions futures des acteurs clefs, dans ce mode de commercialisation.
« L’approche en termes de proximité peut produire des outils qui facilitent la coordination non marchande, en stimulant la construction et l’évolution des Proximités. » (Torre et Beuret, 2012 : 6)
12 Cette analyse sera détaillée dans la deuxième partie du travail.