Le marketing est une sorte de sociologie vénale, d’ethnologie de bazar dont le but est de savoir de quoi vous n’avez pas besoin et que l’on pourrait quand même vous vendre.
Philippe Meyer
Le marketing ethnique ne fait finalement « que son travail », bien qu’il porte en lui un risque discriminatoire qui nous interroge.
Barth, Boyer, 2007
« Divide ut regnes », citation célèbre dans le monde entier provient du grec latin. En politique et en sociologie, diviser pour régner est une stratégie visant à semer la discorde et à opposer les éléments d’un tout pour les affaiblir et à user de son pouvoir pour les influencer. Cela permet de réduire des concentrations de pouvoir en éléments et de régner sur une population alors que cette dernière, si elle était unie, aurait les moyens de faire tomber le pouvoir en question.
Diviser pour régner, en informatique méthode de conception d’algorithme réduisant récursivement un problème en un ou plusieurs sous-problèmes du même type (ou de la même classe de problème). (12)
D’un point de vue personnel et à l’issue d’une bibliographie approfondie, le marketing ethnique est une approche qui permet de diviser pour régner et il s’agit d’une stratégie visant à semer la discorde (ethnique, religieuse, régionale) et à opposer les éléments d’un tout (d’une population solidaire) pour les affaiblir et ensuite les influencer (pour leur vendre).
le marketing ethnique c’est considérer qu’aujourd’hui, il existe un marché par communautés parallèle au marché grand public. C’est aussi accepter l’existence d’une société composée d’un agrégat de communautés qui se distinguent par leurs modes de consommation, leurs styles de vie, leurs langages, leurs façons de s’habiller, leurs loisirs (11).C’est reconnaître que chaque ethnie a une façon bien particulière de consommer et c’est capitaliser sur cela en lançant des produits, des campagnes censées refléter leurs envies et leurs besoins.
Alternativement, c’est une acceptation de communautarisme dans la société, de multi-langues, une légitimation pour les marketeurs de segmenter ethniquement en ayant pris conscience uniquement pour « vendre ».
A l’origine, le but du marketing, c’est la segmentation (la différentiation, la division), pour mieux cibler un groupes homogène afin de leur proposer des offres adaptées a leurs caractéristiques physiques et culturelles, c’est-à-dire diviser la population en groupe et sous groupe pour mieux cibler et améliorer les stratégies commerciales des entreprises afin d’accroitre leur pouvoirs de ventes, cela nous indique que la segmentation des consommateurs sur des critères ethniques (races), est dangereux (racistes). En effet, cette segmentation peut être perçue comme un acte de disjonction d’une communauté par rapport à la société dans laquelle elle s’insère. Cette disjonction risque d’être négativement perçue par la communauté à laquelle elle s’adresse, mais aussi par la société tout entière, laquelle peut y voir un renforcement des différences qui la traversent.
C’est un renforcement d’écart de différence entre, religieux Vs Laïque, régional Vs national, d’individualisme Vs solidarisme, l’égoïsme Vs l’altruisme, ethnie Vs non ethnie et L’ethno-différencialisme Vs pluralisme, monarchisme Vs marxisme etc.
Ces identifications ethniques de la population à des fins de business et de marketing présentent des défis lourds et marginalistes au niveau humanitaire, car elle vise à ségréger la société entre groupe dominant et nombreux groupes minoritaires définis par l’appartenance ethnique ou religieuse. On souligne le terme ethnique pour désigner la différence inter-groupale et construire des référentiels identitaires (Hutchinson et al).Ces segmentations peuvent s’attendre à une augmentation de façon substantielle du taux de l’hostilité, de la concurrence, du réarmement identitaire, vers une guerre de présence. D’où les vices et les inconvénients majeurs du marketing ethnique.
Page suivante : Qu’en est-il en France ? Le marketing possède t-il ce caractère éthique ?