Nous avons utilisé dans le cadre de cette étude, les outils de la statistique descriptive (moyenne, fréquence, graphique,…) et l’économétrie (estimation du modèle) pour le traitement et l’analyse des données.
A-Le cadre de référence
L’incidence des mesures de politiques économiques (politiques budgétaire et commerciale) des autorités sur la productivité des facteurs sera mise en évidence à travers un modèle de croissance économique spécifique.
Certains travaux comme ceux de SACHS et WARNER (1996) et de SPINDLER (1997) ont montré que les faibles performances de croissance économique des pays africains par rapport au reste du monde en général, et des autres pays en développement, en particulier sont allées de pair avec le faible niveau de certaines variables de politique économique dont les facteurs comme l’ouverture au commerce international, l’inflation, l’épargne nationale et le niveau absolu des dépenses publiques.
En effet, la théorie économique montre que l’ouverture au commerce international affecte la croissance parce qu’elle encourage l’allocation optimale des ressources et crée les conditions d’une meilleure concurrence. Elle peut également être le véhicule des innovations techniques qui conduisent à une amélioration de la productivité des facteurs. S’agissant de l’épargne, les travaux économiques ont montré que son bas niveau est l’une des causes de la faiblesse de l’investissement et donc de la croissance économique. Quant à l’épargne publique, des travaux récents ont montré que son accroissement contribue à accroître l’épargne nationale et donc les possibilités d’investissement. La théorie économique notamment keynésienne a souligné par le biais de son multiplicateur l’importance de l’accroissement des dépenses publiques dans l’accroissement du revenu. Des auteurs comme VEGAZONES (1997) tout en acceptant l’importance des dépenses publiques, rejettent la conception du niveau absolu de ces dépenses. Certaines dépenses, selon cet auteur ont un caractère plus productif que d’autres, et donc c’est l’accroissement des dépenses dites productives c’est-à-dire qui ont une forte externalité positive qui peut stimuler la croissance économique. Ainsi, il faut subdiviser les dépenses publiques en dépenses productives et non productives.
Les variables démographiques sont également identifiées comme des facteurs explicatifs du rythme de la croissance. Au nombre de ceux-ci, on compte l’espérance de vie à la naissance. L’espérance de vie à la naissance est faible dans les pays africains en raison de la faiblesse des revenus, de l’insuffisance et de la mauvaise qualité des infrastructures sanitaires et des facteurs climatiques.
Quant à la gouvernance, elle est perçue comme un déterminant des performances économiques d’un pays. A ce sujet, les variables institutionnelles qui apparaissent dans la littérature portent sur :
– la qualité des institutions ;
– le pouvoir judiciaire et sa capacité à faire respecter la loi et à veiller au respect des contrats ;
– le poids de la bureaucratie ;
– le niveau de la corruption ;
– le risque d’expropriation.
Certains auteurs comme BARRO et Mc CLEARY, ajoutent à ces variables institutionnelles, les valeurs morales et éthiques inculquées à l’individu par des pratiques religieuses et sociales qui, en améliorant les mœurs, conduisent l’agent économique à contribuer positivement à la productivité globale des facteurs et vers un taux de croissance plus rapide. Néanmoins, une fois cet impact pris en compte, une plus grande assiduité aux services religieux officiels diminue la croissance. La participation aux services est donc importante dans la mesure où elle influence les croyances, mais en dehors de cela, elle absorbe du temps et des ressources, affaiblissant ainsi la croissance.
Enfin, l’état des ressources naturelles est à insérer dans le cadre de référence, car la différence entre l’Afrique et le reste du monde en développement peut aussi provenir de la forte dépendance des pays africains des ressources naturelles. Même s’il existe des pays qui ont pu se développer sans une importante dotation en ressources naturelles, il faut reconnaître que l’abondance de ces ressources peut constituer, pour un pays donné, un atout pour assurer ou grandement contribuer à sa croissance économique.
Dans le développement qui suit, il s’agira de mesurer l’effet de certaines mesures de politiques économiques et de quelques variables macroéconomiques et démographiques sur la croissance économique au Bénin.
B-Spécification du modèle
Les différents éléments énumérés plus haut permettent d’envisager l’utilisation d’un modèle de croissance pour évaluer les influences des différents facteurs sur la croissance économique. Pour formuler ce modèle, nous allons partir d’une fonction de type Cobb DOUGLAS exprimant la production en fonction du volume des facteurs travail et capital.
Yt = F(Kt,Lt)
Avec :
Yt: la production ou le PIB de la période t
Kt: le volume de capital de la période t
Lt: le volume de travail de la période t
Par ailleurs, compte tenu des travaux empiriques antérieurs réalisés notamment ceux d’ASCHAUER (1989) et de SINZOGAN (2001), la fonction de production retenue est la suivante :
PIBt = A (INPRIVt)α(PAO t)β (INPUBt)λ
Avec :
PIB t : le PIB de l’année t
INPRIVt: le volume de capital privé de l’année t
PAOt: le volume de travail de l’année t
INPUB t: le volume de capital public de l’année t
Dans cette forme fonctionnelle, A peut être considérée comme la productivité des facteurs puisqu’elle donne pour un niveau d’utilisation des facteurs (travail et capital), l’efficacité productive. Les variables citées plus haut peuvent agir sur elle. Mais compte tenu des contraintes de disponibilité de données, il n’a été possible d’en retenir que trois. Il s’agit respectivement du déficit budgétaire (DB), du déficit commercial (DC) et du déflateur du PIB (DEFLATE). De ce fait A est développé de la manière suivante :
A = Ao℮μDB+wDC+εDEFLATE
En remplaçant l’expression développée de A dans la fonction de production retenue, on a :
PIBrt = Ao℮μDB+WDC+εDEFLATE (INPRIVt)α(PAO t)β (INPUBt)λ
En la linéarisant, cela permettra de lire directement les élasticités à travers les coefficients. On a :
Log(PIBrt)=logAo+μDBt+ωDCt+αlog(INPRIVt)+λlog(INPUBt)+βlog(PAOt)+εDEFLATE+μt
μ, w, α, λ, β et ε les élasticités
μt , le terme d’erreur.
Dans les développements ultérieurs, nous allons prendre c=logAo et L=log.