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Première partie : Typologie des relations professionnelles entre acteurs du spectacle vivant et acteurs du tourisme

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Introduction 1ere partie : En toile de fond, le tourisme culturel

La relation coopérative entre professionnels du spectacle et professionnels du tourisme, appartient au vaste domaine du tourisme culturel. C’est vers la fin des années soixante-dix que le tourisme culturel est reconnu comme un produit d’offre touristique, avec cette prise de conscience chez les professionnels du tourisme, que des personnes voyageaient spécifiquement pour des motifs culturels. Au-delà des objectifs de découverte et de compréhension d’une culture déployée sous ses angles sociologique et artistique, il s’agit pour la personne de vivre une expérience qui est un élément essentiel de la pratique touristique. En effet, les premières stratégies d’offres touristiques en France, se sont développées sur la base d’un partage d’émotions et d’expériences, ou la quête d’accomplissement de soi à travers les dimensions hédoniste, artistique et d’ouverture y ont été très prégnantes. Tel ce fut le cas pour l’agence de voyage Terres d’Aventures, spécialiste du voyage à pied depuis 1976, qui a élaboré ses premières offres en privilégiant l’épanouissement personnel. Celles-ci ont été conçues sur une approche sensible au monde à travers l’émerveillement de la richesse des paysages et de la diversité des cultures. Cette forme de tourisme marque le temps pour soi, dans une civilisation des loisirs et de la culture de la mobilité.

Le terme de tourisme culturel est aujourd’hui largement répandu et recouvre autant de définitions variées qu’il y a de touristes culturels. Il concerne plusieurs champs d’activités qui comprennent le secteur étendu du patrimoine à travers la visite de sites archéologiques, de monuments historiques, de musées et d’édifices architecturaux. De même que le tourisme culturel englobe un patrimoine immatériel à travers les pratiques sociales, les traditions et expressions orales, les arts du spectacle, le folklore, les savoirfaire liés à l’artisanat. Il inclue également le domaine artistique avec la visite de galeries d’art, de musées ainsi que la fréquentation de festivals et d’évènements culturels.

Le tourisme culturel doit être à la fois entrevu dans son rapport à l’objet et dans son rapport au sujet, c’est-à-dire au touriste culturel. Car il s’agit bien d’un type de tourisme qui se rattache à une pratique culturelle individuelle ou collective, qui nécessite un déplacement d’au moins une nuitée hors de son domicile. Expression très employée, le tourisme culturel désigne non seulement les personnes qui se déplacent pour des motifs principaux de découverte culturelle, mais aussi celles qui ne sont pas principalement motivées par la culture mais qui vont toutefois intégrer une séquence culturelle au cours de leurs séjours. Cette définition englobe ainsi les touristes assidus de la culture comme ses occasionnels(2).

Il convient donc de garder à l’esprit que le tourisme culturel ne constitue pas un motif de déplacement à part entière. Il peut se présenter par contre comme un complément touristique essentiel. Bien que la majorité des séjours restent balnéaires ou ruraux, le tourisme culturel peut jouer un rôle décisif dans le choix de la destination des vacanciers et intervenir en deuxième rang. En effet, dans une enquête menée par l’Insee en 2004, 40.2 % des séjours vacanciers des français étaient motivés par « voir des parents, des amis »(3) La sociabilité et l’entre soi vacancier prédomine donc sur les visites touristiques et culturelles qui sont néanmoins la motivation principale de 7,1 % des français en 2004 (pour 15,2%, c’était le motif secondaire). Les acteurs professionnels du tourisme et de la culture ont alors à considérer que les déplacements des touristes sont l’occasion de favoriser des pratiques culturelles, et peuvent donc être amenés à travailler ensemble sur des projets communs.

La valorisation d’un territoire à travers ses offres culturelles permet d’intégrer l’art à la vie, mais aussi d’entrer en relation avec un art de vivre ou coexistent valeurs culturelles, traditions, créations artistique et artisanale. Ainsi des thématiques relatives à l’art, au folklore ou à la tradition peuvent tout aussi bien concerner des professionnels du spectacle vivant que des professionnels du tourisme. D’emblée l’enjeu consiste à s’adresser à différents publics et à ne pas percevoir le spectateur et/ou le touriste comme un seul bloc homogène. La difficulté peut alors se trouver au sein des types de relations à établir avec son public, à travers les diverses approches qu’il peut exister en termes d’accueil et de médiation culturelle. Celles-ci ne seront pas les mêmes selon que l’on s’adresse à l’habitant proche, au résident limitrophe, au visiteur, au vacancier ou encore au voyageur. Le rapport aux saisons est également un facteur à prendre en compte dans la relation établie avec le touriste-spectateur. Les courts séjours urbains agencés autour de la culture se développent en toutes saisons. Se déplacer pour des évènements culturels en dehors de son lieu de résidence est devenu plus ordinaire, tel que les déplacements pour se rendre à des festivals. Si le spectacle vivant est toutefois perçu comme une pratique touristique marginale, celle-ci a tendance aujourd’hui à évoluer.

De ce fait, l’association de la culture aux objectifs de développement touristique semble être une opportunité pour ces deux secteurs. Cette première partie dressera donc une typologie des relations professionnelles entre acteurs du spectacle vivant et acteurs du tourisme. Ceci afin d’apporter des outils de compréhension et d’analyse de chaque environnement. Car comprendre le tourisme culturel, c’est appréhender le fonctionnement du secteur du tourisme pour les acteurs culturels. De même que comprendre comment le spectacle vivant peut s’inscrire dans l’expérience touristique, c’est saisir les apports de la culture au tourisme. Cette partie proposera une meilleure vision sur les potentialités de développement des relations qui unissent le spectacle au tourisme. La convergence entre les deux milieux y sera encouragée en montrant les avantages d’une plus grande collaboration entre ces deux domaines. A la question « pourquoi travailler ensemble ? » on emmétra l’hypothèse que la réussite du partenariat repose sur la connaissance préalable de chaque partie prenante et sur une reconsidération parfois des représentations propre à chaque secteur. Des exemples seront tirés d’études de cas anglo-saxonnes, dont la bibliographie est plus fournie par rapport aux ouvrages édités en France.

2 608e conférence de l’Université de tous les savoirs donnée le 12 janvier 2006, Claude Origet du Cluzeau : « Le tourisme culturel »
<http://www.canalu.tv/video/universite_de_tous_les_savoirs/le_tourisme_culturel_claude_origet_du_cluzeau.1468 >
3 « Entre soi ou avec les autres : séjours familiaux, sans les parents ou colos, les 5-19 ans et es vacances », Observatoire des Vacances et des Loisirs des Enfants et des Jeunes, Bulletin n°19, mars 2008. < http://www.observatoiredelenfance.org/IMG/pdf/bulletin_no19_-_mars_2008.pdf >

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