Institut numerique

Première partie : Un nouveau rapport à l’objet

Nous avons pu voir que l’apparition des nouvelles technologies numériques opère un bouleversement dans le monde du design à l’origine de nouveaux enjeux. Mais quels sont-ils ?

L’ère numérique est, comme toute révolution industrielle, une période charnière pour la société, symbole d’évolution et de modernisme. Mais propre à ce domaine, les changements opérés par cette mutation historique sont particulièrement rapides.

Intégrant l’utilisation d’un nouveau langage et une culture de l’immatérielle, les nouvelles technologies peuplent notre environnement d’outils jusqu’alors réservés au domaine de la science-fiction. Interface, machine, réseaux et même robot, deviennent le témoignage d’un véritable mouvement créateur.

La montée des performances des techniques numériques va alors faire adopter celles-ci dans un nombre croissant d’applications où hier elles n’étaient pas envisageables et il apparaît vite qu’aucun secteur ne peut résister à la puissance des avantages proposés. Face à la portée de ces nouvelles technologies la société ne peut que s’adapter, c’est ainsi que la révolution numérique en vient à modifier nos usages.

L’explosion des connaissances et la montée en puissance de l’informatique communicante exercent une incitation continue au changement, rendant nécessaire l’innovation à tous les niveaux, pas seulement techniques. Détenant un rôle majeur dans l’innovation de notre quotidien, le design se retrouve ainsi propulsé dans le domaine numérique s’appropriant au cours des années ce nouveau terrain de production. Dès la fin des années 1990, le design numérique se définit alors par « l’application du processus de design sur les nouveaux objets « connectés » issus des technologies de l’information et de la communication » (notion thématisée par l’architecte designer Jean Louis Fréchin).

L’évolution de la société a ainsi été suivie par de nombreux changements, qu’ils soient technologiques, environnementaux ou encore économiques, et ces derniers ont amené les designers à modifier leur rapport aux objets. Aux notions formelles et esthétiques se sont ajoutées celles de l’utilisation et du confort, enrichies encore aujourd’hui par de nouvelles notions comme l’environnement, la situation de vie ou encore les besoins, les demandes et les désirs.

S’éloignant ainsi de l’égocentrisme de l’objet d’art se suffisant à lui-même, les designers s’ancrent dans une démarche sociétale altruiste à travers un design pour tous. Si l’ère numérique fait naître de nouveaux objets, de nouveaux usages, elle entraîne donc aussi une autre façon de concevoir.

Avec le numérique, comment interviennent ces nouveaux outils de création, bien souvent qualifiés « d’immatériels », à travers le travail du designer ? Face à cette nouvelle démarche, où est l’objet aujourd’hui ? Peut-on d’ailleurs encore parler d’ « objet de design » ? Enfin, en vue de cette mutation sociale, quels enjeux dans l’application des compétences des designers d’aujourd’hui associées au domaine numérique ?

Nous tenterons de répondre à ces questions avec l’idée d’esquisser l’environnement de développement du design du 21ème siècle pour en comprendre les particularités et pouvoir ainsi, par la suite, analyser sur cette base le rôle de l’invisible s’y associant.

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