o par un contact comme le toucher ?
o par des échanges de mots ?
o non verbal ?
o autre
Woody a décrit un moment très fort que nous avons déjà cité auparavant. Ce sont les moments de départ de ses pairs qui ont eu de l’importance. Ils se serraient dans les bras et ces instants font ressortir les émotions de tristesse par exemple. Il définit la nature de ses contacts par des échanges de mots.
Woody associe aussi les contacts physiques à l’homosexualité et n’accepte pas l’homosexualité, il trouve « choquant ». Il a également peut-être une certaine peur qu’une fois le passage à l’acte franchi, il y a non-retour puisqu’il dit « (…) Mais disons personnellement, une fois qu’ils ont franchi le pas… ». En exprimant cela, peut-être que Woody a peur de vivre une humiliation supplémentaire ?
Charles parle de contacts non-verbaux : « Ouais, aussi quand on allait à la promenade, on prenait le soleil et on restait là, une heure sans se parler et on était bien. (…) ». Puis, il raconte ses contacts avec ses enfants durant les visites : (…) l’affection je l’ai avec mes enfants dans les parloirs, je les tiens dans mes bras, je leur donne des bisous, c’est de l’affection. ».
Pour Doe, il définit ses contacts comme verbaux. Prendre quelqu’un dans ses bras ou se faire prendre dans les bras n’était absolument pas envisageable. Donc quand il parle de contact physique c’est par une poignée de main ou une tape sur le dos.
Quand nous lui posons la question Raphael parle de pudeur, il dit qu’il n’aurait jamais osé demander par exemple un massage : « (…) même pas un massage rien, pourtant un massage c’est naturel, masse-moi le dos, non je n’oserais pas, non, c’est trop… je sais pas ça faisait trop, je sais pas moi ». Il rapporte que la nature de ses contacts était principalement verbale même si parfois il y avait des tapes dans le dos. Il raconte également que de temps en temps, il avait des échanges non-verbaux, il donne en exemple les regards de complicité.
A un autre moment du récit Raphael mentionne également qu’il a eu des propositions sexuelles de la part d’un codétenu mais vu qu’il lui est impossible d’avoir un contact physique avec un homme, il a bien sûr refusé catégoriquement.
Pour en revenir au phénomène de contact, lorsque nous avons évoqué le terme de contact, la plupart du temps les personnes vivant en semi-liberté ont immédiatement décrits des expériences de contact physique.
De leur dires, il en ressort que la dimension physique semble être évitée. Il semble qu’ils ne peuvent pas concevoir un échange physique surtout entre eux.
Il n’y a que Woody qui évoque, lors des sorties de ses amis codétenus de prison, avoir eu des contacts physiques en ne nommant pas ces gestes comme affectifs mais c’est le ton de la voix, les larmes aux yeux qui nous font dire que peut-être cela faisait partie du registre de l’affectif.
De plus, nous remarquons que les quatre personnes s’appuient sur la discussion pour établir une relation.
Elles ont ramené le terme de contact sur les liens amicaux ce qui finalement nous amène à la préposition « avec » dont nous parlons au paragraphe sur le contact (page 40). C’est-à-dire être dans le « Réel » avec le monde.
Ainsi, les détenus nous ont parlé des deux définitions que nous avons évoquées.
Et nous voyons que le contact est tout de même de l’ordre du sensible malgré qu’ils aient abordé en premier lieu les contacts physiques. De plus, pour les personnes interrogées, le lien se crée visiblement sur une longueur et de préférence à l’extérieur de la prison.
Nous pouvons citer Raphael lorsqu’il parle de contact, il dit de lui qu’il a le contact facile mais fait tout de suite une distinction par rapport à conserver un lien. Ce n’est pas du tout la même chose pour lui. En effet, il a rarement gardé un lien avec d’autres détenus une fois sorti.
Pour finir, encore une fois, pour eux, les échanges affectifs y compris les gestes ne se font qu’avec la famille.