« L’expression “groupe criminel organisé” désigne un groupe structuré de trois personnes ou plus existant depuis un certain temps et agissant de concert dans le but de commettre une ou plusieurs infractions graves ou infractions établies conformément à la présente Convention, pour en tirer, directement ou indirectement, un avantage financier ou un autre avantage matériel »(9).
Cette définition est particulièrement claire quant au poids de tels groupements sur les terres en voie de développement. En effet, il n’est pas rare de côtoyer ce type de malfaiteurs (appelés aussi parfois « mafias » – terme repris des célèbres groupes criminels siciliens) qui exercent une pression constante sur les populations locales, mais également sur le régime politique en place, qui en arrive finalement parfois à « flirter » avec la corruption.
Ainsi est-il fréquent, au Brésil par exemple, de voir des policiers à la merci des organisations criminelles du pays, séduits par les pots-de-vin qui peuvent leur être proposés(10).
Les organisations criminelles ont effectivement la grande particularité d’être considérablement riches, notamment du fait de leurs opérations plutôt fructueuses.
Dans un contexte aussi prédisposé à la corruption et à la gouvernance des groupes criminels surpuissants, les sociétés françaises implantées ont souvent bien du mal à faire leur place et à respecter à la fois les coutumes locales, le droit applicable et leurs propres valeurs.
Il arrive même parfois que les ressortissants français fassent l’objet de détention arbitraires, sans fondement, sur décision des autorités locales corrompues. Aucun pouvoir sur place ne semble donc réellement protéger les individus.
Il apparaît aujourd’hui qu’une multinationale doit avoir conscience des risques criminels engendrés par ces groupes. Elle devra aller jusqu’à prendre en compte ces derniers dans sa stratégie économique et ainsi considérer la présence d’un acteur à part entière : le groupe criminel organisé, parfois appelé « terroriste » (en fonction des modes d’action, tous les groupes criminels n’ayant pas recours à la violence ou la menace par la peur).
Et ce nouvel acteur(11) n’est d’autant pas facile à maitriser qu’il agit la plupart du temps en dehors de tout cadre législatif et honnête et va chercher les faiblesses de l’entreprise implantée sur des terres qu’il connait parfaitement pour ne pas dire qu’il contrôle, ce autant par des moyens légaux qu’illégaux.
L’entreprise d’aujourd’hui ne doit donc plus raisonner seulement par rapport à ses concurrents « honnêtes » opérant selon les normes juridiques de droit de la consommation.
Et puisqu’il est quasi impossible de travailler avec ce sujet économique, il s’agit pour l’entreprise de s’en protéger.
Pour cela néanmoins, il lui faudra examiner les types de menaces qui pèsent sur elle et leurs impacts.
9 – Article 2 ‘Terminologie’ de la Convention des Nations Unies contre la Criminalité Transnationale Organisée.
10 – Misse Michel, « Les organisations criminelles au Brésil : la complexité des marchés illégaux en milieu urbain », Problèmes d’Amérique latine, 2010/2 N° 76, p. 43-60. DOI : 10.3917/pal.076.0043
11 – Quoique pas si nouveau, mais il l’est sans doute pour les entreprises françaises encore « innocentes »