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Section 2 : Des solutions sur mesure pour les activités dépendant directement du climat

Certains assureurs se démarquent en proposant des garanties créées tout particulièrement pour certains secteurs d’activité très spécifiques notamment le contrat Nivalliance qui couvre le risque de neige insuffisante dans les stations de ski (Paragraphe 1). Aujourd’hui, assurer les conséquences économiques du risque météorologique est une solution qui a de l’avenir (Paragraphe 2).

Paragraphe 1 : Nivalliance : risque de neige insuffisante dans les stations de ski

Le 3 juin 1998, une loi a été adoptée par le Parlement dans un but de solidarité envers les stations de ski qui connaissaient des difficultés financières du fait de l’aléa du niveau de neige parfois trop faible. Cette loi prévoyait dans son article 69 la mise en place du paiement d’une participation de 0,5% des recettes brutes touchées sur la vente des tickets par les exploitants des remontées mécaniques, l’ensemble des ces participations étant affectées a un fonds appelé « fonds neige ». Ce fonds a été un échec suite à la décision du Conseil Constitutionnel du 25 juin 1998. Il a ensuite été remplacé par le système Nivalliance. Il consiste à demander aux exploitants des remontées mécaniques une contribution entre 0,35 et 0,75% du chiffre d’affaires. Le but est d’indemniser les exploitants qui accusent une baisse de chiffre d’affaires de plus de 20% lorsque cette baisse est due à un manque ou un excès de neige dans la station.

En 2011, les Domaines Skiables de France ont fait un bilan(70) qui montre beaucoup de disparités entre les petites et les moyennes et grandes stations de ski. En effet, ces dernières sont la plupart du temps mieux exposées (altitude, ensoleillement…) et disposent de plus de moyens financiers pour mettre en place des solutions alternatives notamment la neige de culture qui se développe beaucoup.

En 2013, le contrat Nivalliance qui s’applique est celui qui est entré en vigueur mi-2010 et qui couvre une période de 3 ans à savoir jusqu’à mi-2013. La saison d’hiver 2010-2011 a entraîner une indemnisation de 63 sinistres au titre de Nivalliance pour un montant de plus de 2 600 000 d’euros(71). C’est la 3ème fois depuis sa création que Nivalliance intervient pour venir en aide aux stations de ski en difficulté.

Concernant le contrat précédent, celui qui couvrait la période de 2005 à 2010, il convient de noter que deux zones en particulier ont bénéficié de ce système d’indemnisation, à savoir les Alpes du Nord et les Pyrénées(72).

Source Domaine Skiable de France

Paragraphe 2 : Assurer l’impact économique du risque météo, une solution qui a de l’avenir

Il apparaît que les risques climatiques ont un impact important sur une grande partie des secteurs d’activité économique (A). La façon la plus efficace de se prémunir contre ces risques reste aujourd’hui l’assurance (B).

A/ Les enjeux

Une partie de l’activité économique française comme dans tous les pays dépend en grande partie de la météo.

A cet égard, le département Américain du Commerce estime à 70% le pourcentage de l’économie mondiale dépendant de la météo(73). C’est le cas essentiellement pour le tourisme, le transport et la grande distribution… Le secteur de la vente de produits de grande consommation par exemple est un secteur influencé par la météo à près de 40%, selon Climpact Metnext(74).

Un des phénomènes climatiques qui illustre à la perfection ce phénomène est le risque lié à la chute de neige. En effet, ce risque a démontré à plusieurs reprises qu’il pouvait paralyser l’activité économique de la France de manière conséquente et surtout pour les transports, qu’ils soient aériens, routiers ou maritimes.

Tout le monde se souvient des nombreux vols d’avions annulés ou retardés provoquant le chaos dans les aéroports, ou encore les camions routiers bloqués sur les routes provoquant des bouchons interminables et des accidents. Il ne s’agit là que du premier maillon de la chaîne car le blocage des transporteurs entraîne par la suite des conséquences, à savoir par exemple des retards de livraison pour l’approvisionnement des enseignes et plus particulièrement celles de la grande distribution.

L’enjeu est donc financier pour tous ces acteurs économiques subissant les effets dévastateurs de la météo, effets qui entraînent de grosses pertes financières. Il apparaît que les conséquences de ces évènements n’impactent pas toutes les entreprises de la même manière. Selon Nicolas Paulissen, Délégué Général Adjoint de la FNTR (Fédération Nationale du Transport Routier), « pour les petites structures qui ne livrent que peu de clients et dont le chiffre d’affaires est faible, ces chutes de neige peuvent avoir des conséquences dramatiques»(75). Ainsi, les grandes entreprises, même si cela ne se fait pas facilement, parviennent à se relever de telles situations. Les petites entreprises, quant à elles, ont bien plus de mal à rebondir et souffrent de manière beaucoup plus significative des effets de ces phénomènes climatiques les contraignants pour certaines de ces sociétés à fermer.

La météo peut également toucher d’autres domaines d’activité comme celui de l’évènementiel et plus particulièrement lorsque celui-ci est prévu en plein air. Il peut s’agir d’évènements sportifs ou encore musicaux…. En effet, l’organisation de certains évènements peut atteindre des sommes très importantes et l’annulation de ceux-ci pour cause de mauvais temps peut engendrer des répercussions financières particulièrement conséquentes.

B/ L’assurance, une solution en plein essor

L’assurance a un rôle à jouer pour protéger l’économie française de l’impact des risques climatiques. Toutefois, elle commence tout juste à se développer. Les entreprises, qui subissent de plus en plus les effets dus à la météo capricieuse commencent à reconnaitre l’avantage d’être assurées contre ce risque.

L’assurance la plus utilisée reste aujourd’hui l’assurance annulation d’évènement qui couvre les organisateurs contre les conséquences de risques climatiques empêchant l’évènement d’avoir lieu. Axa, parmi d’autres assureurs, propose ce type d’assurance. La garantie s’applique non seulement lorsque l’évènement est annulé mais également lorsque celui-ci est reporté ou écourté. Il prévoit le remboursement des frais engagés pour la mise en place de l’évènement qui a finalement été annulé ou encore le paiement des frais supplémentaires que l’organisateur a été contraint de verser afin de réduire l’impact financier de l’évènement climatique causant le sinistre tout en maintenant l’évènement assuré.

Cette assurance s’applique pour les entreprises mais également pour les collectivités locales, les associations,… L’annulation pour cause d’intempéries fait toutefois l’objet d’une garantie optionnelle. Cette garantie s’applique également lorsque les évènements ont lieu en plein air.

Ce type d’assurance est parfaitement adaptée aux problèmes rencontrés en cas d’annulation de tels évènements dans la mesure où elle permet « de remettre l’assuré dans sa position initiale, et ce sans perte d’argent », explique Claire Paix, Directrice Technique des risques spéciaux chez Albingia(76).

Chaque année, de nombreuses entreprises connaissent des difficultés économiques liées au climat mais ce n’est pas pour autant qu’elles agissent contre ce phénomène. Pour l’instant et depuis des années, les entreprises ne font que subir encore et encore les conséquences de ces évènements. Il suffirait bien entendu de s’assurer contre ce risque. Il paraîtrait évident d’incriminer ces entreprises en disant qu’elles ne sont pas assez prévenantes. Toutefois, le monde de l’assurance a également un rôle à jouer dans le fait que les entreprises ne sont pas assez protégées contre les conséquences financières de l’aléa climatique. En effet, les entreprises peuvent déplorer le peu de solutions assurantielles qu’il existe.

Toutefois, aujourd’hui, les mentalités changent et les entreprises ainsi que les assureurs commencent à prendre conscience de l’enjeu financier des aléas climatiques sur certains domaines d’activité économique. Les assureurs tentent désormais de mettre en place des couvertures pour les secteurs d’activité touchés par l’aléa climatique mais pour lesquels l’assurance n’a pas encore apporté de solutions concrètes. En effet, il s’agit d’un risque très volatile, ce pourquoi il est très difficile à modéliser.

Selon Stéphane Chappellier, Responsable du pôle IARD et associé chez Actuaris, « cette volatilité complexifie l’analyse assurantielle qui en découle et ne facilite pas la tâche de l’assureur en recherche de stabilité au niveau de son ratio technique »(77).

Depuis quelques temps, Météo Protect, courtier en assurances et produits financiers spécialisé dans la gestion du risque climatique, propose des solutions assurantielles contre le risque météo. Il s’agit plus particulièrement d’une couverture financière du risque météo pour compenser les pertes opérationnelles par le versement d’une indemnité en proportion de la durée et de l’intensité du problème météo concerné. Il faut déterminer les seuils de température en dessous desquels le chiffre d’affaires de l’entreprise peut être affecté notamment en croisant les données économiques de l’entreprise sur les dernières années avec les données météorologiques(78).

MétéoProtect passe par plusieurs étapes indispensables avant d’assurer un risque(79).

Etapes avant l’Assurance Météo

Source MétéoProtect

En tout premier lieu, il convient d’effectuer une analyse de l’entreprise et des risques climatiques qui influent sur son activité. Elle analyse tout d’abord l’influence de la météo sur l’activité de l’entreprise en confrontant les données économiques de l’entreprise avec les données météorologiques afin de mesurer la vulnérabilité de l’entreprise à la météo. Elle détermine ensuite quel est le facteur météo déterminant de vulnérabilité de l’entreprise afin de savoir sur quelles données se baser pour évaluer les périodes de sensibilité au risque, ce qui lui permet d’évaluer les pertes potentielles de l’entreprise en cas de réalisation de ce risque.

En second lieu, il convient de déterminer, à partir de l’analyse effectuée, l’opportunité ou non pour l’entreprise de s’assurer pour ce risque. Si elle décide de s’assurer, la dernière étape consiste à mettre en place la couverture d’assurance la plus adaptée pour permettre à l’entreprise d’affronter ces risques en toute sérénité.

Les assureurs ainsi que les entreprises commencent ainsi progressivement à intégrer les enjeux actuels dus à l’augmentation des risques climatiques et à la volonté grandissante des entreprises et des assureurs d’agir pour la protection, aussi bien matérielle que financière des entreprises. L’assurance a donc aujourd’hui un rôle essentiel dans la couverture des risques climatiques. Il y a un domaine où l’assurance tend à prendre totalement le relai en matière de protection des risques climatiques. Il s’agit du milieu professionnel agricole pour lequel un transfert de risque s’effectue progressivement au profit des assureurs.

70 Domaine Skiable de France n° 27, Juillet 2011
71 Domaine Skiable de France n° 28, Novembre 2011, p.4
72 Domaine Skiable de France n° 22, Décembre 2009, p.5
73 M. GOLLA, 70% de l’activité économique serait « météosensible », 25 janvier 2013 : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/01/25/20002-20130125ARTFIG00383-les-entreprises-veulent-controler-les-aleas-climatiques.php
74 M. GOLLA, 70% de l’activité économique serait « météosensible », 25 janvier 2013 : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/01/25/20002-20130125ARTFIG00383-les-entreprises-veulent-controler-les-aleas-climatiques.php
75 M. BARTNIK, Neige : certains secteurs pâtissent de la paralysie, 9 décembre 2010 : http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2010/12/09/04016-20101209ARTFIG00440-neige-des-consequences-economiques-limitees.php
76 La pluie pourrait faire les beaux jours de l’assurance : http://www.argusdelassurance.com/a-la-une/la-pluie-pourrait-faire-les-beaux-jours-de-l-assurance.62903
77 La pluie pourrait faire les beaux jours de l’assurance : http://www.argusdelassurance.com/a-la-une/la-pluie-pourrait-faire-les-beaux-jours-de-l-assurance.62903
78 J. L. BERTRAND, L’assurance météo : le vaccin anti-crise des entreprises, 24 septembre 2012 : http://lecercle.lesechos.fr/entreprises-marches/finance-marches/finances/221154798/assurance-meteo-vaccin-anti-crise-entreprises
79 http://www.meteoprotect.com/page-fr-6-61-Comment-couvrir

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