Paragraphe 1 : Objectifs et hypothèses
A) Objectifs de la recherche
L’objectif principal de la présente étude est d’analyser à la lumière de la
théorie de la ZMO si l’UEMOA en est une. Il s’agira plus spécifiquement :
· d’évaluer les échanges au sein de l’UEMOA .Ceci à travers les aspects
relatifs :
*à l’évaluation et à l’analyse du commerce intra UEMOA ;
* à l’évaluation et à l’analyse de l’intégration financière ;
· d’analyser la convergence des économies au sein de l’UEMOA.
B) Hypothèses de recherche
Pour atteindre les objectifs, nous émettons un certain nombre d’hypothèses à
savoir :
H1 : les échanges intra UEMOA sont très faibles ;
H2 : les économies au sein de l’UEMOA ne convergent pas.
Paragraphe 2 : Méthodologie
A) Données et sources
La recherche documentaire a permis de recueillir les données secondaires sur :
· les échanges commerciaux intra – UEMOA ; d’une part et ses échanges avec
le reste du monde ;
· l’intégration financière dans l’UEMOA (mouvements transfrontaliers des
capitaux) ;
· les séries chronologiques des agrégats macroéconomiques notamment les
critères de convergence, le taux de croissance réel du PIB par tête et le taux
d’épargne des pays de l’espace UEMOA.
Ces données proviennent des publications de Note d’Information Statistique
de la BCEAO, du TOFE et des rapports semestriels d’exécution de la surveillance
multilatérale (commission de l’UEMOA).
Il est très vraisemblable que ces statistiques sous évaluent la taille des
échanges internes car beaucoup de transactions transfrontalières ne sont pas
enregistrées par les services officiels spécialisés. En revanche, ces données peuvent
être utilisées comme base pour l’évaluation des échanges intra-zone et aussi celle
de la mesure de la convergence des économies. De même, cette analyse ne couvre
pas la Guinée-Bissau à cause de la non disponibilité des données continues sur la
période d’étude retenue.
B) Indicateurs de mesures des échanges intra UEMOA
Pour atteindre le premier objectif de cette recherche, il est procédé à l’analyse
des indicateurs liés aux échanges intra – UEMOA. Ces indicateurs concernent les
échanges commerciaux et l’intégration financière. Ils sont de la période allant de
1996 à 2005.
1- Mesures des échanges commerciaux intra UEMOA
Il s’agit de calculer et d’analyser pour l’UEMOA et par année les
éléments suivants :
– taux de croissance des importations et exportations intra – UEMOA ;
– balance commerciale intra – zone ;
– taux de couverture du commerce intra UEMOA ;
– propension régionale à importer ;
– le commerce intra UEMOA ou coefficient d’intégration ;
– degré d’ouverture des économies par pays dans le commerce intrazone ;
– propensions bilatérales à importer par pays.
Le taux de croissance des exportations (ou importations) est le
pourcentage de la différence des exportations (ou importations) de l’année en
cours et de l’année précédente sur les exportations (ou importations) de
l’année précédente.
La balance commerciale est déterminée par la différence entre les
exportations et les importations intra UEMOA.
Le taux de couverture est le rapport en pourcentage des valeurs réelles
des exportations par les valeurs réelles des importations.
Le degré d’ouverture des économies est estimé par le pourcentage de la
somme des exportations et des importations intra zone sur le PIB.
Le degré du commerce intra UEMOA ou coefficient d’intégration est le
rapport de la somme des exportations et d’importations régionales sur la
somme des exportations et d’importations mondiales de l’UEMOA.
La propension bilatérale à importer pour un pays est le rapport des
importations des autres Etats membres (en provenance du pays considéré) à
leur PIB.
La propension régionale à importer est une moyenne de ces huit
propensions bilatérales à importer pondérées par les PIB des partenaires.
2- Mesures des échanges financiers : intégration financière
En ce qui concerne l’analyse de l’intégration financière, l’on se penchera sur le
marché financier de l’UEMOA. Pour ce faire, il est question de mesurer le degré de
l’intégration financière à travers deux aspects :
- la portée géographique : il s’agit de calculer d’une part, l’évolution
des Afflux Nets de Capitaux (ANC) dans l’UEMOA et d’autre part , le ratio IDE
vers UEMOA/IDE mondial, afin d’appréhender l’importance des liens régionaux
( UEMOA) par rapport aux liens mondiaux.
Nous attendons par ANC, la différence de la somme des IDE (investissement
direct étranger) et les investissements de portefeuille (IP) entrant et des IDE et IP
sortant au sein de cet espace.
- les catégories d’actifs : les liens transfrontaliers entre les
systèmes bancaires, les marchés d’action et d’obligation. Ceci nous permettra
de mettre en évidence le type de financement propre aux économies de
l’UEMOA (bancaire et boursier). De même dans le but de saisir le dynamisme
du processus d’intégration financière, il sera question d’apprécier l’évolution de
la capitalisation boursière du marché financier (BRVM) et les indices BRVM 10
et composite (qui mesurent la santé financière de la bourse) instrument
d’intégration financière. Ces aspects élucideront le rythme d’intégration
financière dans l’UEMOA.
L’analyse de tous ces aspects ainsi décrits, permettra de vérifier la première
hypothèse. Cette première hypothèse serait validée dès lors que les indicateurs liés
aux échanges intra UEMOA seront inférieurs à 50%.
C) Test économétrique de convergence
1 – Discussion sur le choix de l’instrument de mesure de la convergence des économies
L’analyse des hypothèses fondant l’optimalité d’une ZM selon MUDELL paraît
incompatible à ceux des nouvelles théories de croissance en qui se mire le test
statistique de la -convergence et le modèle de la ß-convergence.
En effet l’approche mundellienne d’une ZMO repose sur la mobilité des
facteurs de production notamment la main d’oeuvre et une flexibilité des prix et
salaires.
Par contre selon la vulgate de SLOW, le progrès technique est fixe et
exogène dans la formation du PIB au sein d’une économie. A la lumière de
l’expérience de l’UE, ce modèle a été remis en cause du fait de son caractère
statique et de l’exogenieté du progrès technique. La relecture des sources de
croissance a révélé une endogeneité du progrès technique(3). Cette critique portée à
ce paradigme a donné naissance à la nouvelle théorie de croissance. De celle-ci
s’inspirent le test de la -convergence et le modèle de ß-convergence. S’il est vrai
qu’il existe une controverse dans la portée du test de la -convergence et le modèle
de ß-convergence afin de juger de la convergence ou non des économies du fait des
conditions préalables d’une convergence réussie (caractéristique structurelle
identique quoi que évidemment est quasi impossible), on note en eux un effort de
formulation du concept de convergence via les outils économétriques. Toutefois
reconnaissant que cette formulation du test de la -convergence et le modèle de la
ß-convergence constitue une théorie parcellaire, elle pourrait néanmoins permettre
d’appréhender l’état de convergence des économies. Ainsi donc, au lieu de
considérer ces deux approches(4) comme étant deux théories incompatibles de part
les hypothèses qui les y régissent, l’on pourrait valablement les appréhender en
terme de complémentarité dans une dynamique d’explication des nouveaux faits
économiques contemporains ; qui est la problématique de l’optimalité des espaces
économiques et monétaires.
Ceci étant, pour atteindre le second objectif de cette recherche, l’approche de
la convergence des économies recommandé par Barro et Sala i-Martin (1990) serait
utilisé à cette fin. Il s’agit de :
- la -convergence ;
- la ß-convergence.
2- La σ-convergence
Ce concept permet de mesurer le degré de rapprochement dans le temps
entre plusieurs économies au regard d’un ou plusieurs indicateurs (critères de
convergence ou le revenu réel pat tête). Son analyse repose sur l’étude de
l’évolution de la dispersion des séries considérées. Il y aura présomption de la
présence d’un mécanisme de convergence dès lors qu’on observe une tendance à la
diminution de la dispersion des valeurs prises par les variables au sein du groupe de
pays sur la période considérée. L’indicateur de dispersion peut être la variance ou
l’écart type des séries.
Soit Xit la valeur de la variable X pour le pays i à la date t ; (avec i=1……. N et
t=1……..p) ici X représente les critères de convergence (R1……..R8)
L’analyse graphique (écart type,) sur la période, permet d’apprécier le
processus de convergence de l’économie par rapport à la variable X. Une tendance
à la diminution de l’indicateur de l’écart type indiquerait la présence d’un “bon”
processus de convergence. Dans le cas contraire, les indicateurs divergent.
3- La ß-convergence
L’idée sous-jacente de ce concept s’inspire de la vulgate des théories de la
croissance néoclassique selon laquelle les pays pauvres rattraperont les nations
opulentes s’ils réalisent un taux de croissance supérieur. En d’autres termes, dans
ce modèle ; le processus de convergence est enclenché lorsqu’un pays pauvre croit
plus vite qu’un pays riche et tend à rejoindre à long terme le niveau de revenu par
tête du pays riche (effet rattrapage).
En effet, on fait la régression du taux de croissance annuel du PIB par tête du
pays i (TCit) sur le niveau initial de ce PIB en valeur (yio) tout en contrôlant les
différences en termes d’état stationnaire ; c’est à dire les différences dans les
technologies, les taux d’épargne, les taux de croissance de la population, les
dépenses publiques sur PIB, la coordination des politiques économiques à l’échelle
régionale. Toutes ces variables structurelles explicatives sont contenues dans le
vecteur Zit.
En d’autres termes, Zit est un vecteur de variables explicatives de nature
économique ou non permettant de contrôler les états permanents des économies.
Compte tenu de la difficulté de quantifier les variables structurelles, le taux d’épargne
serait la seule variable explicative prise par Zit.
L’équation ci-après peut-être estimée en utilisant les données de panel (pour
les pays de l’UEMOA de 1991 à 2005).
TCit = a – ßlog (Yio) +γZit + εit (1)
Après l’estimation de l’équation (1), il est possible de calculer la vitesse de
convergence conformément au modèle de convergence néoclassique.
Le coefficient ß s’écrit : ß = -[1- expo (- λ x n)] / n (2)
ß mesure le degré de convergence, de divergence ou de permanence des écarts des
économies par rapport à leur état stationnaire ; avec λ = vitesse de convergence vers
l’état l’équilibre ou taux de convergence. La transformation de (2) donne :
λ = -[Log (1+ ßn)] /n ; avec n = période séparant l’année initiale (t – n) de l’année
finale t
De même, ce coefficient ß permet de mesurer la durée (d) nécessaire pour que
l’économie comble la moitié de cet écart (sa demi-vie).
d = (Log 2) / λ
L’équation 1 conduira à une ß-convergence si le coefficient ß est négatif et
statistiquement différent de zéro. Cette ß convergence est dite conditionnelle si le
paramètre γ est différent de zéro (c’est-à-dire, les Zit sont différentes d’un pays à
l’autre). Il y a convergence conditionnelle lorsque le revenu par tête des pays dont
les caractéristiques structurelles sont identiques, convergent vers un niveau
identique à long terme (état stationnaire) indépendant de leur niveau initiale.
Parcontre, la ß-convergence est dite absolue lorsque γ = 0 (les Zit sont identiques).
On parle de la convergence absolue lorsque le revenu réel par tête converge vers
un niveau identique à long terme quelles soient les conditions initiales.
Les études empiriques ont montré que les disparités dans les structures
économiques sont très déterminantes dans l’évolution des économies et du
processus de convergence à long terme. De même l’équilibre économique de long
terme est fonction des caractéristiques structurelles des pays (niveau de technologie,
croissance démographique…). La convergence absolue requiert au préalable la
convergence des caractéristiques structurelles. A la lumière de ces facteurs, la
convergence conditionnelle est acceptée par l’UEMOA et résiste au test de
régression économétrique par rapport à la convergence absolue.
Le logiciel d’économétrie Eviews 4.1 est utilisé pour l’obtention de l’estimation
de ce modèle. Ces deux outils de la mesure de la convergence des économies (σ et
ß convergence) permettront de vérifier la seconde hypothèse. En effet hypothèse 2
est validée lorsque, d’une part l’ensemble des indicateurs macroéconomique ne
converge pas (pour le cas de la σ-convergence) et d’autre part lorsque l’estimation
économétrique révèlera la faiblesse du taux de convergence des économies de
l’UEMOA via un coefficient un ß négatif.
En somme, ce chapitre a retracé le cadre théorique et méthodologique suivant
lequel le travail d’analyse sera effectué. Il est nécessaire d’apprécier l’optimalité de la
zone UEMOA à travers les échanges intra UEMOA.
3 La nouvelle théorie de croissance d’inspiration néoclassique
4 Approche mundellienne d’une ZMO et l’approche des NTC en qui se mire la β et la σ-convergence
Retour au menu : Analyse de l’optimalité de la zone monétaire UEMOA dans un contexte d’intégration