§1. Circonstance
La Cote d’ivoire était plongée dans un énième conflit armé en 2010, celui considéré comme troisième de ce genre depuis la chute du Président Bernard KONAN BEDIE, par coup de force du General Robert GUEI en 1999.
Voyant l’échelon de la crise politique après BOIGNY, le pays est resté indubitablement sur les traces des conflits interethniques qui amènent le plus souvent à la déstabilisation politique.
Ceci étant, le conflit ivoirien de 2010, fin mars, a vu la Cote d’ivoire être le théâtre des massacres commis par les deux camps. A Blolequin et Bedi-Goazon, des membres des milices pro-Gbagbo et des mercenaires Libériens ont tué au moins 130 hommes, femmes et enfants appartenant à des groupes qui soutenaient en grande partie OUATTARA qui passaient pour le soutenir.
A Duekoué, après avoir pris le contrôle de la ville, le 29 mars, les forces républicaines et leurs milices alliées ont tué plusieurs centaines d’hommes appartenant à des groupes ethniques pro-Gbagbo. Surtout le territoire de l’Ouest, les forces pro-Ouattara ont tué, violé et incendié des villages. Au plus fort fu conflit, plus de 180 000 Ivoirien ont fui la Cote d’ivoire pour le Liberia.
La plupart des refugiés s’y trouvaient encore, souvent sans maison ou retourner, et craignant d’être victimes d’exactions s’ils pensaient à retourner dans les villages existant encore (48).
Cette approche parait argumentaire aux cicatrices ethniques des conflits armés en Cote d’ivoire.
Pour ce qui est de l’internationalisation de ce dernier, ce qui semble un élément de force à la base raisonnable de l’intervention de la CPI, le conflit a enregistré au moins 3000 personnes tuées et plus de 150 femmes et filles violée lors des six mois de violence politique et de conflit armé qui ont suivi le second tour du scrutin présidentiel tenu le 28 Novembre 2010 et ayant mis en présence le dirigeant de l’opposition Alassane OUATTARA et le président sortant, Laurent GBAGBO.
En dépit des résultats reconnus internationalement et proclamant OUATTARA vainqueur, GBAGBO a refusé de céder le pouvoir. Les violences perpétrées à grande échelle ont pris fin en mai, après la capture de GBAGBO et d’Abidjan, la capitale commerciale, par les troupes pro-Ouattara en Avril 2011.
Nonobstant la capture des certains dirigeants et la quasi finalité du conflit, le pays est resté sur une chronologie à effet répétitif, des groupes armés qui sèment la terreur et restent incontrôlable en vertu de leur position dans les zones, les ethnies (la population) et les nouveaux dirigeant ont les points de vue partagés, avec ces derniers.
La CPI s’est vu dans l’obligation d’intervenir en vertu de son statut pour enquêter sur des crimes commis durant le conflit. Nous reviendront avec des plus amples détails sur ce cas.
En outre, l’intervention de la CPI a été épaulée par la France qui, avait participé activement au coté des troupes proches d’Alassane OUATTARA à la recherche de l’imperium que détenait GBAGBO.
Cette intervention de la France a été vue d’un mauvais œil par les observateurs de la scène politique internationale que nous sommes. La France, ancien colonisateur de la Cote d’ivoire, se basant sur le Droit International Humanitaire vis-à-vis du principe de l’ingérence humanitaire, a envoyé ses troupiers sur terrain pour apporter secours à la population civile menacée par le conflit. Observant cette intervention qui ne devait que se limiter sur un seuil, celui de la sécurité de la population civile, elle a dépassé les rebucons en apportant un coup de main à la chute totale de GBAGBO.
Si l’on pourrait analyser le fond du conflit de part son déclenchement, bon nombre des analystes étaient, qu’une partie était dans une divergence totale, les quelles une partie évoquée la légitimité du pouvoir de OUATTARA et l’autre de son coté, bravée la légalité du pouvoir de GBAGBO qui, selon nous cette légalité, était jusqu’à la fin du conflit sans base raisonnable étant donné que les institutions judiciaires étaient discrédibles. Et cela nous semblait difficile de parler d’une base légale d’un régime.
Alors si l’on admettait que la justice ivoirienne était dans les bonnes voies de disculper la victoire de GBAGBO, il faut parler de la primauté de la souveraineté de l’Etat et des institutions sur toutes autres interprétations venant de l’extérieur.
Car, il faut noter que la Commission Electorale ne devait que publier que des résultats aux fins provisoires, les quelles résultats ont déclaré OUATTARA vainqueur, et que la mission revenait à la Cour Constitutionnelle de finaliser cela. Chose remarquable, la Cour avait précipité les choses et a proclamé GBAGBO vainqueur au regard des résultats de la CEI.
A ce stade, nous nous sommes demandés sur ; quelles autres mesures internationales ou jurisprudence, devrait-t– on recourir pour départager les deux partis ? Et que si seule la Communauté Internationale devait le faire, est-elle admise de surpasser la souveraineté de l’Etat Ivoirien exprimé à travers ses institutions ? Toutes ces questions ont apparu énigmatiques dans notre fief. Donc, dans ce carcan d’autorité seule la loi de la jungle devrait départager les deux camps, ce qui pourrait indubitablement causer des dégâts énormes au pays.
Revenons à la thèse de l’intervention pour dire que, considérant les limites du mandat de la France en Cote d’ivoire, nous approuvons la démarche mais au regard de ce qui est sus évoqué, il nous faut recourir aux notions du Droit des conflits armés pour élargir notre argumentaire. Ce droit dit ceci :
« Le conflit armé est interne, mais il s’y produit un ou plusieurs interventions étrangères. Un conflit armé interne se déroule sur le territoire d’un Etat entre des forces gouvernementales et une partie insurgée, ou entre des groupes armés organisés. Si un ou plusieurs Etats tiers intervient dans ce conflit aux cotés d’une ou deux parties, cette intervention va-t-elle internationaliser le conflit. Ce qu’on peut toute fois retenir de la notion définie par le droit des relations amicales, c’est que l’intervention est, comme l’agression, toujours le fait d’un Etat, d’un groupe d’Etat voire par conséquent d’une Organisation Internationale. Il importe peu que l’Etat tiers ne reconnaisse pas son adversaire comme représentant l’Etat ou à lieu l’intervention.
Pour que cette présence puisse être considérée comme l’expression de la participation d’un Etat tiers au conflit, deux conditions devraient être remplies :
1. Il faudrait que les conseillers ou les experts prennent effectivement part aux hostilités, ne serait –ce qu’en conseillant une des parties dans ses choix stratégiques ou techniques ;
2. Il faudrait que ces derniers soient des organes d’un Etat étranger agissant en cette qualité auprès de la partie qu’il assiste, en d’autres termes, ils devraient exercer une parcelle d’imperium de leur Etat d’origine. (49)»
Quant aux exemples à ceci, nous le verrons dans les lignes qui suivent, et nous y apporterons aussi une sorte d’antithèse.
Eu égard à ce qui précède, la CPI devrait notamment inculper la France conformément aux dispositions du statut qui stipule :
« La Cour exercera sa compétence à l’égard du crime d’agression quand une disposition aura été adoptée conformément aux articles 121 et 123 qui, définiront ce crime et fixeront les conditions de l’exercice de la compétence de la Cour à son égard. Cette disposition devra être compatible avec les dispositions pertinentes de la Charte des Nations Unies.(50)»
Ce cas devrait être traité au même moment que celui de GBAGBO détenu lors à la CPI étant donné que les prérogatives de la mission de la France avaient outrepassés les bornes.
§2. Contenu
A l’issue du second tour de l’élection présidentielle qui s’est tenu le 28 novembre 2010 lorsque la Commission Electorale Indépendante avait annoncé la victoire d’A. OUATTARA avec 54,1% des voix. Le Conseil Constitutionnel avait invalidé la décision de la CEI et déclaré L. GBAGBO, vainqueur.
Cette façon de dire le droit n’avait pas laissé indifférent la classe politique nationale qu’internationale qui ne voyait d’une main mise sur ce dossier étant donné que les juges, proches de GBAGBO, avaient montré leur partis pris.
On constatera que cette position de la justice était une condition sine qua none de GBAGBO de se maintenir au pouvoir, légalement, et cela l’amena même à nommer son propre gouvernement et en opérant un blocus de l’Hôtel du Golf ou était installé le président OUATTARA et son gouvernement.
Des nombreux appels et médiations régionales et internationales ont été mis en œuvre afin de permettre une médiation régionale et respectueuse de la volonté des Ivoiriens. Le Conseil de Sécurité avait adopté le 20 décembre 2010 à l’unanimité la résolution 1962, prolongeant pour une durée de 6 mois le mandat de l’Organisation des Nations Unies en Cote d’ivoire, ONUCI en sigle.
Face au refus persistant de l’ancien président de quitter le pouvoir, l’Union Européenne avait pris des sanctions ciblées contre GBAGBO, son entourage et ceux qui le finançaient. Les Etats-Unis et le Canada avaient également pris des sanctions individuelles. L’Union Africaine avait exclu la Cote d’ivoire de ses instances jusqu’à l’arrivée au pouvoir effectif d’A. OUATTARA.
La Communauté Internationale avait fait part de son inquiétude quant aux nombreuses violences et atteintes au droit de l’homme en Cote d’ivoire.(51)
Le Pape s’était prononcé de manière très superficielle sur la situation à Abidjan, le 31 novembre 2010. La tradition veut qu’il s’inspire des positions des évêques du pays. Or, cela faisait plus d’un mois que la Conférence Episcopale n’était pas arrivée à faire une déclaration en raison « des divergences au sein du clergé », assuré un ecclésiastique.
Nonobstant toutes les condamnations et mesures à l’égard du président GBAGBO, celui-ci voyait cela comme de l’eau sur le canard et se réconforter toujours en s’accrochant au pouvoir. Mais cette façon d’agir était pour la Communauté Internationale, une manière d’enfoncer les clous dans ses plaies. Une série des mesures furent de nouveau prises.
Il y eut d’abord une slave de tirs sur L. GBAGBO, une sorte d’unanimisme affiché par la Communauté Internationale, dès le 03 décembre 2010 dans la forme, le feu est nourri.
Sur le fond, l’argumentaire s’appuie sur la réalité des chiffres annoncés par la CEI et certifiés par la Mission de l’Onu en Cote d’ivoire (ONUCI). Sur place à Abidjan, le Représentant Spécial du Secrétaire General de l’Onu, Mr CHOI YOUNG-JIN, était le premier à donner le ton: « A. OUATTARA a remporté le scrutin. »
Depuis New York, BAN KI -MOON, Secrétaire General de Nations Unies, félicitait OUATTARA et demandait au président GBAGBO de « faire ce qu’il doit faire pour le bien de son pays. »
Le même jour, le président Américain Barack OBAMA, passablement irrité par la fin de non-recevoir de GBAGBO à ses appels téléphoniques, « demanda au président sortant de reconnaitre les résultats ». L’Elysée, déterminé à ne surtout pas apparaitre en première ligne, a pu réagir publiquement le lendemain. Nicolas SARKOZY, avec son gout prononcé pour les effets de manches, lança ce qui suit: « un président élu en Cote d’ivoire, le président c’est Monsieur OUATTARA. »
De décembre 2010 à fin février 2011, les violences postélectorales ont essentiellement été perpétrées par les forces de sécurité et les milices alliées fideles à GBAGBO, les quelles ont cherché à conserver le pouvoir en prenant systématiquement pour cible les partisans réels ou supposés de OUATTARA. Les forces pro-GBAGBO ont fait ” disparaitre” des dirigeants politiques locaux appartenant à la coalition de OUATTARA, elles ont commis des viols collectifs sur des femmes et des filles qui avaient aidé à mobiliser les électeurs, et ont violement réprimé toute manifestation contre le refus de GBAGBO de quitter le pouvoir. Les medias contrôlés par l’Etat ont régulièrement incité à la haine et à la violence contre les ivoiriens du Nord et les immigrés Ouest-Africains.
Par voie de conséquence directe, lors des moments de tension, les milices pro-GBAGBO avaient dressé des barrages routiers autour d’Abidjan et ont tué des dizaines des personnes appartenant à ces groupes généralement Pro-Ouattara.
A titre de rappel, début mars 2010, les forces fideles à Ouattara – composées principalement des soldats ayant combattu aux cotés de son Premier Ministre, Guillaume SORO, lors du conflit de 2002-2003 et dans sa foulée – ont lancé une offensive militaire visant à chasser Gbagbo du pouvoir. Une fois que la crise avait dégénéré en conflit armé, elle a été marquée par des crimes de guerre et des probables crimes contre l’humanité perpétrés par les deux camps.
En Avril, me blocus fut décrété par Ouattara à la résidence de Gbagbo qui, lui à son tour, répliqua foudroiement avec 7 obus et 3 roquettes, qui s’abattaient sur la résidence de l’Ambassade de France. Toute fois, le camp Gbagbo restait fort, il avait mis ses armes lourdes à l’abri au détriment des frappes de la force française de la Licorne et de l’ONUCI. Et a pu, par le même fait attaquer le Quartier General de Ouattara, Golf Hôtel.
Ce comportement anarchique amènera SORO et Ouattara à demander, une fois de plus de l’aide à la France et l’ONUCI, pour réprimer les attaques du Camp Gbagbo. C’est delà que plusieurs bombardement furent enregistrés et des frappes des hélicoptères de la Licorne et de l’ONUCI au dessus de Cocody, quartier présidentiel, et au Nord du Plateau.
En outre, pour revenir au cas de la France sus évoqué dans notre rubrique: circonstances, où nous avions promis des amples illustrations ; l’Etat-major Français croyait que le terrain était nettoyé, demanda à sa force en Cote d’ivoire de multiplier la pluie de roquettes françaises sur Cocody, comme Gbagbo ne lâchait rien.
« Il faut en finir », lâcha l’Etat-major à Paris. ” Il y a un moment où, mandat ou pas; il faut que les choses s’arrêtent », lança une fois de plus, un proche du président Sarkozy.
C’est à ce moment que les hélicoptères de la Licorne décollèrent à nouveau. Cette fois, ils ne ciblent plus seulement les blindés autour de la résidence. Ils frappent à l’intérieur de l’enceinte, et tirent sur les canons bitubes placés dans les ouvertures du bâtiment lui-même.
« C’était une poudrière, racontait le plus proche voisin, Jean Marc SIMON, l’Ambassadeur de France en Cote d’ivoire. Le mur qui séparait la résidence de Gbagbo de la mienne s’est effondré sur 15 mètres. Sans doute à cause de l’effet de souffle d’une explosion. »
Contre toute attente, les derniers soldats pro-Gbagbo se débandèrent, les FRCI, à l’aide d’un bon chemin balayé par la force de la Licorne, avancèrent à nouveau vers la résidence et ils entrèrent prudemment dans le jardin (52).
C’était le 11 avril 2011 à 13h 08 que Laurent GBAGBO et sa femme furent capturés et détenu au Nord du pays. Il déclara dans sa cellule: « Je n’ai pas été battu dans les urnes mais par l’armée française.(53)»
Cet événement amena l’atténuement du conflit de long labeur que le peuple ivoirien avait vécu. Les exactions se poursuivaient presque partout dans le pays, même dans les zones sous contrôle de l’armée.
Dans les jours qui ont suivis, les membres des milices pro-Gbagbo se sont déchainés dans les zones encore sous leur contrôle, tuant des centaines des partisans présumés d’Ouattara. Pour leur part, les Forces républicaines se sont livrées de façon généralisée à des exécutions sommaires, des actes de torture, des détentions arbitraires et des pillages alors qu’elles renforçaient leur contrôle sur la capitale commerciale.
Apres le rétablissement de l’autorité de l’Etat, le pays était toujours dans la douleur de conflit et le gouvernement installé à cet effet, recherchait encore des voies et moyens pour instaurer la sécurité et la justice sur tout l’ensemble du territoire nationale et traduire toute personne impliquée devant les instances judiciaires.
48 Cf. www.hrw.org, consulté le 01.04.2013
49 Cf. ERIC DAVID, Principes de droit des conflits armés, éd. Bruylant, Bruxelles, 1994, p.125-126 Ss
50 Cf. Article 5, alinéa 2 du Statut de Rome de la CPI
51 Cf. www.hrw.org, consulté le 20.04.2013
52 Cf. Jeune Afrique, Cote d’ivoire, peut-il réussir ?, Paris, Avril 2011, p.15-16 Ss
53 Cf. Jeune Afrique, Cote d’ivoire, les Gbagbos après la chute, Paris, Aout 2011, p.21-22