Une approche monographique de la mise en oeuvre du placement sous surveillance électronique et des programmes de prévention de la récidive par les CPIP viendra ici appuyer et compléter l’analyse précédente des évolutions structurelles des SPIP et leurs conséquences sur l’activité quotidienne des CPIP.
En effet, le constat, décrit précédemment, d’une bureaucratisation de la pratique des CPIP ne renseigne pas sur la nature des savoirs mobilisés et les actes professionnels posés par ceux-ci au quotidien. Nous concentrerons en conséquence notre propos sur la pratique professionnelle des CPIP, notamment sur l’articulation entre savoirs mobilisés et monopole des CPIP sur ses pratiques.
En réaction à l’approche fonctionnaliste, la sociologie interactionniste des professions avait ainsi montré le caractère construit et constamment négocié des savoirs mobilisés par les groupes professionnels. Un apport majeur de ce courant a été d’ouvrir la voie à une étude des professions «plus respectueuse de la diversité des pratiques» [DEMAZIERE, GADEA, 2009, p153]. Les auteurs néo wéberiens de la sociologie interactionniste des professions se montrent ainsi essentiellement intéressés par la mise en évidence d’un « idéal-type » des professions dont les deux éléments-clés seraient la maîtrise d’un savoir ésotérique acquis au terme d’une longue formation et l’autonomie, c’est-à-dire la capacité du groupe à définir lui-même les conditions d’exercice et de contrôle de son travail.
Nous inscrirons notre propos dans cette approche en tentant d’identifier les savoirs et pratiques mis en oeuvre dans l’exercice de ces mesures pouvant s’intégrer dans un processus de professionnalisation. Nous montrerons que l’autonomie de décision des CPIP est partiellement préservée, tant dans la pratique des PPR que dans celle du placement sous surveillance électronique avec des situations de monopole d’exercice de ces mesures différentes (Chapitre 7). Une clinique particulière émerge malgré la disparition de certaines professionnalités (Chapitre 8).
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