a. A l’échelle sociétale
Toute technologie a été nouvelle à un moment de l’histoire : l’apparition du zéro, du livre, du classement alphabétique, de l’imprimerie, de l’Encyclopédie, du téléphone, de l’ordinateur, … Il est intéressant de constater à la lecture de cette liste non exhaustive que toutes ces inventions ont un rapport avec la communication et ont trouvé une application dans le champ éducatif. Education, pédagogie et technologie de communication sont donc étroitement liées : un seul exemple, l’apparition du tableau noir qui a permis la diffusion d’une notion à une classe entière ainsi que les échanges liés au fait que tous les élèves regardaient le même support commun.
Ceci posé, il est difficile de dater avec précision l’apparition de ce que nous appelons les nouvelles technologies. Elle coïncide cependant avec la naissance d’Internet aux Etats-Unis entre 1964 et 1969. À partir de ces années, commence la révolution Informatique et Internet qui connaîtra un véritable boom à partir des années 1990. Aujourd’hui, plus de la moitié des ménages français sont équipés d’un ordinateur et ont une connexion Internet.
Figure 1 : Taux d’équipement des adultes en micro-ordinateurs et en connexion Internet à domicile (en %)(3)
(Champ : personnes de 18 ans et plus)
Ce graphique montre bien l’importance prise par les technologies de la communication dans notre vie quotidienne. Je remarque simplement que, si l’évolution du taux d’équipement en ordinateurs continue sa progression de manière régulière, celle du taux de connexion à un fournisseur d’accès Internet augmente bien plus rapidement (sans parler des connexions haut-débit). Ceci s’explique par le simple fait que les ménages qui sont équipés d’ordinateurs changent leur abonnement afin d’avoir une navigation sur Internet plus rapide et plus agréable. D’autre part, il me semble que cette photographie de la situation en 2007 offre une vision claire de l’importance prise par ces technologies dans notre société.
Plus intéressant encore est le graphique suivant car il met en lumière le développement exponentiel de l’utilisation de l’Internet mobile, c’est-à-dire l’utilisation d’Internet via son téléphone portable. Ce bouleversement montre combien nos élèves (mais nous aussi) deviennent dépendants de ces technologies, ce qui, d’ailleurs, n’est pas sans poser de nombreux problèmes dans notre quotidien. J’y reviendrai.
Figure 2 : Taux de navigation Internet mobile (en %)(4)
b. A l’échelle scolaire
Et dans le monde scolaire ? Plusieurs tentatives ont posé les premières pierres de l’utilisation des technologies de communication dans le milieu scolaire. Je passe rapidement sur les dates suivantes qui constituent autant de jalons néanmoins marquants de cette utilisation : en 1922, la Fédération du bâtiment propose des cours à distance et compte rapidement 22000 inscrits. En 1939, le CNEC Centre National d’Etudes par Correspondance (ancêtre du CNED) voit le jour. En 1947, Radio Sorbonne propose un Centre de Téléenseignement Universitaire. Arrive enfin, en 1971, l’Essor du CNED (modèle de l’Open University à l’anglo-saxonne) que nous connaissons encore aujourd’hui. En revanche, ce qui me semble majeur, c’est la prise de conscience de l’importance des nouvelles technologies et de leur apport, en 1985 lorsque Monsieur Gaston Deferre, alors Ministre de l’Éducation Nationale, lance son plan baptisé Informatique pour tous. Il s’agissait alors d’équiper de nombreuses écoles (33 000 pour être précis) en outils informatiques. Cette opération a eu le mérite de conscientiser l’importance de l’informatique pour le système éducatif. Suivront plusieurs plans.
En 1990, à la suite de nombreux travaux, il est reconnu, en substance que l’ordinateur est pour les élèves, un outil pédagogique pour la transmission et la structuration des connaissances. Pour les professeurs, l’ordinateur est identifié comme un moyen de rédiger des documents, d’élaborer des exercices…). L’ordinateur modifie donc les pratiques pédagogiques, tant pour les professeurs que pour les élèves.
En 1993 est redéfinit, pour le lycée, l’objectif d’un enseignement de l’informatique pour tous les élèves de seconde et la constitution d’une nouvelle option en première et terminale. Les années suivantes seront consacrées, entre autre, à l’élaboration et au suivi de ces programmes, jusqu’à la suppression définitive en 1997, d’un enseignement raisonné de l’informatique au lycée. Suivront les programmes de l’option informatique en seconde (1995), puis en première et terminale (1996).
À l’occasion de son discours prononcé en août 1997(5), le Premier Ministre Lionel Jospin déclarait notamment : « Nombreux sont les enseignants qui utilisent, depuis longtemps déjà, les technologies de l’information. Il faut à présent, en s’appuyant sur ces compétences multiples, généraliser cette pratique… ». Faut-il y voir des accents prophétiques, je ne sais ; en revanche, il est certain que la réelle prise de conscience date de cette période. Il me paraît intéressant de remarquer, à la lecture d’un rapport du Sénat de 2005 la rapidité avec laquelle les établissements se sont équipés en moyens informatiques et en connexions Internet depuis 1997.
Figure 3 : Evolution du nombre d’ordinateur et de connexions Internet dans les établissements scolaires(6)
Aujourd’hui, nous n’en sommes plus, fort heureusement à bâtir des plans pour rendre accessible les technologies de la communication. Nous n’en sommes plus, non plus, à imaginer des plans pour rendre obligatoire un enseignement raisonné de l’outil informatique tant son utilisation a envahi notre quotidien. La question est ailleurs, est-ce à l’outil informatique de s’adapter à la manière dont les enseignants souhaitent transmettre un savoir, ou bien est-ce aux enseignants d’adapter leur cours afin d’intégrer ses technologies ?
3 Sources CREDOC : Enquête « Conditions de vie et Aspirations des français » – La diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société française.
4 Ibid.
5 Hourtin, lundi 25 août 1997 – Université de la Communication – Préparer l’entrée de la France dans la société de l’information
6 Projet de loi de finances pour 2005 : http://www.senat.fr/rap/a04-075-4/a04-075-47.html
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