Conformément à ce que nous avons déclaré dans l’introduction de notre première partie, la lutte des classes, ou lutte de classes, repose sur un affrontement entre des exploiteurs et des exploités, entre oppresseurs et opprimés. Au premier rang de ces opprimés, nous retrouvons le prolétariat, constitué des classes ouvrière et paysanne. Ces ouvriers et paysans, font les premiers les frais de ce qui leur apparaît comme l’injustice du monde dans lequel ils évoluent. Dans son deuxième numéro, daté du 17 décembre 1962, Voie Ouvrière cite ce célèbre passage du Manifeste du Parti Communiste : « Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner »17. Voyons d’abord le cas de la classe ouvrière, que nous faisons le choix de nommer prolétariat urbain. En effet, la classe ouvrière est la première à subir l’exploitation politico-économique d’oppresseurs. Ainsi, Voie Ouvrière nous apprend que « Une fois franchi le seuil de l’entreprise, l’ouvrier se transforme en esclave du patron. Tout ce qui pourrait le « distraire » de son travail doit être banni, ainsi que tout contact avec le monde extérieur »18. Aussi, l’ouvrier, livré à lui-même et opprimé, « n’a pour vivre que sa force de travail, qu’il essaie de vendre au patronat aux prix le plus avantageux pour lui »19. La classe paysanne, que nous faisons le choix de nommer prolétariat rural, est quant à elle concentrée dans les campagnes, et subdivisée en plusieurs catégories. Trotski, par exemple, analyse en Russie pré-soviétique une division de la paysannerie entre paysans riches, les koulaks, et les paysans pauvres, ceux qui subissent l’exploitation, et dont nous traitons ici. Ainsi, pour Trotski, « Mettre en défiance les masses paysannes, éveiller leur hostilité à l’encontre des « gros », s’imposait »20. Nous remarquons toutefois un point intéressant dans ce propos, qui marque une différence entre le prolétariat urbain et le prolétariat rural : il n’y a pas d’ouvriers riches, d’ouvriers aisés. Tous sont au même niveau social, aussi bien à l’usine qu’au 18
dehors. Quelles que soient leurs qualifications, ces ouvriers restent égaux devant l’exploitation patronale, ce qui n’est pas le cas des paysans. L’aristocratie ouvrière, que nous étudierons plus loin, est un cas à part, mais elle ne représente pas chez les ouvriers ce que les koulaks représentent chez les paysans, par exemple. Après le prolétariat, les femmes constituent une autre catégorie d’exploités.
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