Les résultats du réseau de recherche sur les APL (Redesist) ont rapidement suscité l’intérêt des organismes de développement, en particulier celui de la Banque Nationale de Développement Economique et Social qui était à la recherche de nouveaux modèles plus adaptés aux besoins du pays dans la durée.
En effet, le modèle économique brésilien, basé jusque-là sur l’exploitation des ressources naturelles à destination de l’exportation et symbolisé par l’« agro négoce », a suscité de nombreuses critiques. Bien que celui-ci permette à court terme d’apporter des recettes importantes à l’État brésilien et de rembourser sa dette externe, il n’assure pas son développement durable. Ce modèle produit une crise écologique (déforestation, érosion, dégradation des sols, effluents,…) et sociale (Tonneau, de Aquino, et Teixeira, 2005) qui se traduit par les atteintes à la sécurité alimentaire ainsi que l’exclusion et l’exode rural qui nourrissent les favelas de manière exponentielle.
L’objectif est désormais de soutenir ces APL qui sont perçus comme le moyen de valoriser localement les expériences et les produits, ainsi que de développer une efficacité collective qui confère aux agriculteurs concernés par ces arrangements, un avantage compétitif spécifique.
Ainsi, en 2004, un groupe de travail permanent (GTP), réunissant 23 puis par la suite de 33 institutions publiques (ministère, banques, instituts de recherche et de développement dans les domaines agricole, industriel, commercial et financier), a été créé pour mettre en place une méthodologie intégrée d’appui aux APL du Brésil.
Dans un premier temps, 11 APL pilotes, répartis dans l’ensemble du pays et situés à des stades différents de développement, en matière d’intégration au territoire et de capacité de coopération entre les firmes et les organismes d’appui, ont été choisis pour tester les méthodes.
Les termes de référence pour la politique d’appui au développement des APL (Grupo de Trabalho Permanente para Arranjos Produtivos Locais 2004) caractérisent les APL en fonction d’un certain nombre de variables permettant leur identification sur le territoire national: niveau minimal de concentration sectorielle d’entreprenariats dans le territoire, concentration d’individus occupés dans des activités productives en relation avec le secteur de référence de l’APL, niveau de coopération entre les acteurs participants à l’arrangement et existence de mécanismes de gouvernance.
Selon ces critères, 10 APL prioritaires par État ont été déterminés par des groupes locaux d’appui aux Arrangements Productifs Locaux. Ces groupes sont également chargés, avec les moyens institutionnels mis à leur disposition, d’assurer l’animation de chaque APL et de construire son plan de développement. La création de ces noyaux, constitués principalement d’institutions publiques mais aussi d’organisations appartenant à la société civile, a permis d’obtenir une adhésion au-delà de la stricte sphère gouvernementale.
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