Pour Edmond Couchot, spécialiste des pratiques et des théories qui visent à relier technique et esthétique dans l’art, l’arrivée du numérique a sensiblement modifié notre environnement par l’invasion de l’interactivité et du temps réel. Ces nouveaux concepts ont ainsi bousculé notre perception de l’environnement jusque dans ses notions spatiales et temporelles.
L’importance du couple Homme/machine au quotidien couplée à la nécessité de passer par l’interface dans le dialogue avec l’ordinateur font de l’utilisateur ce que Couchot appelle un « sujet interfacé ». Par l’utilisation des nouvelles technologies, la machine offre ainsi la possibilité de communiquer, d’échanger et finalement de se mêler en temps réel. Sur ce schéma, les rapports du corps et de ses perceptions avec la machine deviennent des sortes d’associations profondes que l’on peut qualifier d’ « hybridations ». La relation qui nous lie à la machine aujourd’hui n’est alors plus seulement un régime de communication mais de « commutation ».
La commutation que nous opérons semble donc se traduire par un mode d’échange nouveau permis par les spécificités du numérique et le jeu de perception qu’elles induisent. De ce processus communicatif évolué parait naitre une « culture de la commutation » : de tous, vers tous, tout de suite.
La relation entre l’homme et les technologies numériques semble ainsi provoquer une réelle révolution anthropologique. En nous éloignant du processus de communication classique, notre rapport à l’objet numérique ne nous place donc plus dans le schéma de dialogue composé du familier « émetteur/récepteur » (éléments du langage développés par Roman Jakobson en 1960 , mais sur un modèle de copropriété élargie. La machine devient alors organe et nous faisons corps avec elle.
L’Homme/machine devient donc « l’Homachine » nouveau terme dans lequel la disparition du slash symbolise ce rapport qui se crée. Nous sommes aujourd’hui au cœur de l’association du méta-objet et de l’homme augmenté et, de la wii ® au robot, les limites de chaque entité semblent toujours plus repoussées.
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