Le SEPSAC (2009) décrit un cadre de référence commun aux actions communautaires en santé à l’aide de 8 repères : les quatre premiers sont en lien avec la stratégie communautaire, le cinquième est relatif à la méthodologie et les trois derniers sont liés à la promotion de la santé.
3.3.1 Concerner une communauté
Il n’y pas de définition qui fasse réellement consensus. Une communauté est un groupe de personnes qui entretiennent des relations et qui ont en commun un espace géographique et/ou des caractéristiques et/ou des intérêts et/ou une situation problématique. (inspirée du SEPSAC, 2009)
La communauté dans le cadre de ce mémoire est constituée de l’ensemble des citoyens concernés personnellement et/ou via leur activité (formelle ou informelle) par les besoins de la population des personnes âgées fragiles du Sud Luxembourg. Les acteurs de cette communauté exercent des rôles différents : habitants, aidants informels, aidants formels ou autorités locales.
3.3.2. Favoriser l’implication de tous les acteurs dans les différentes étapes de la démarche
Le SEPSAC utilise le mot « implication » pour désigner la « participation », évoquée par l’OMS dans la charte d’Ottawa (1986, p.6): « la promotion de la santé passe par la participation effective et concrète de la communauté… ».
La participation est un concept largement exploité actuellement dans divers domaines de la vie (politique, milieu de travail, écologie, santé, etc…). Cependant, celui-ci peut décrire des réalités différentes.
En effet, Oakley (1989), distingue deux interprétations différentes de la participation. D’une part, la participation en tant que moyen, qui s’apparente davantage à un type de management et permet d’atteindre des objectifs de façon plus efficace. D’autre part, la participation en tant que processus qui est davantage liée à une volonté de faire acquérir du pouvoir à la population. Cette dernière interprétation permet, selon l’auteur, de pérenniser le processus de participation dans le temps.
Il existe également différents niveaux de participation. Le SEPSAC distingue quatre niveaux d’implication que j’adopte comme référence dans ce mémoire :
– l’information : communiquer aux acteurs ;
– la consultation : prendre l’avis des acteurs ;
– la concertation : dialogue entre les acteurs pour trouver un accord ;
– la co-construction : construire ensemble.
Certains auteurs (Arnstein, 1969) ont considérablement hiérarchisé la participation allant de niveaux considérés comme de la « non-participation » à un niveau considéré comme idéal. Ce dernier fait référence à la conception, la planification et la gestion complète des programmes par les citoyens. D’autres auteurs ont une position moins tranchée et intègrent tous les niveaux de participation tout au long de la démarche selon le contexte(5) (Thomas, cité par Bishop & Davis, 2002). Ainsi, le plus haut degré de participation n’est pas nécessairement le meilleur.
Pour induire la participation des acteurs, le SEPSAC met, quant à lui, l’accent sur la nécessité de créer un climat favorable. Pour ce faire, il est important de veiller à : partir des préoccupation des habitants, entendre la souffrance, expliquer l’intérêt de chaque acteur dans le projet, mettre en avant la place qu’a chaque acteur, développer et maintenir une atmosphère conviviale, mettre en place des règles de communication et disposer d’une base de savoirs partagés.
3.3.3. Favoriser un contexte de partage des pouvoirs et des savoirs
Le diagnostic devra permettre aux acteurs de prendre conscience des savoirs spécifiques de chacun. Quant au partage des pouvoirs, l’implication de la communauté dans la définition de ses problèmes et dans leur résolution, est une forme de réappropriation d’un certain pouvoir.
3.3.4. Valoriser et mutualiser les ressources de la communauté
Les savoirs qui seront construits lors de cette recherche, ainsi que les pistes d’actions proposées à la fin du diagnostic seront recherchés à partir des ressources existantes. Celles-ci seront présentées sous forme de suggestions faites aux différents acteurs. Ceux-ci qui pourront s’en servir, ultérieurement, comme base de discussion et d’action.
3.3.5. « La démarche communautaire se réfère à un plan d’action construit et élaboré à partir d’une approche des besoins, de leur priorisation, de la recherche d’une utilisation optimale des ressources et des stratégies les plus adéquates… »
(SEPSAC, 2009, p.34)
Certaines pistes d’actions seront abordées dans ce mémoire. Il semble inopportun cependant de construire un plan d’action sans une réattribution des résultats de ce diagnostic aux principaux intéressés.
3.3.6. Avoir une approche globale et positive de la santé
L’OMS définit la santé comme « …un concept positif mettant l’accent sur les ressources sociales et personnelles, et sur les capacités physiques » (Charte d’Ottawa 1986, p.5).
L’expression « facteurs de robustesse » met encore davantage l’accent sur cette vision positive de la santé. Fréchette (1998, p.6) définit ces facteurs comme étant «… un peu l’envers positif des facteurs de risque. Ils renvoient à un ensemble de conditions qui diminuent la probabilité qu’un individu ou un groupe développe des difficultés sévères de santé…. Ils renvoient aussi à des facteurs qui outillent les individus et les groupes pour affronter des contextes stressants ou agressants dans leur environnement social. »
3.3.7. Agir sur les déterminants de la santé
« La promotion de la santé représente un processus social et politique global, qui comprend non seulement des actions visant à renforcer les aptitudes et les capacités des individus mais également des mesures visant à changer la situation sociale, environnementale et économique, de façon à réduire ses effets négatifs sur la santé publique …» (Nutbeand, 1999, p.1)
Deschamps (2003, p.318) explique tout l’intérêt d’agir sur les déterminants de la santé au sein des populations fragiles: « Les personnes, en particulier les plus vulnérables et les plus fragiles, ont une énergie considérable à déployer pour vivre et assurer leur quotidien. N’ajoutons pas à leur fardeau en attendant d’elles des efforts supplémentaires là où il suffirait d’améliorer leur environnement. »
3.3.8. Travailler en intersectorialité
La démarche communautaire vise le décloisonnement institutionnel, professionnel et la définition des rôles de chacun des acteurs. L’hôpital est une structure relativement centrée sur elle-même. L’AR sur le PSG émet l’idée de « développer des synergies et des réseaux de collaboration » (cf. annexe 1, article 20). Ce mémoire représente une occasion pour l’HJG de s’ouvrir sur son milieu extérieur.
5 Les éléments qui déterminent le contexte sont par exemple: l’objectif de la démarche, l’influence que les participants souhaitent avoir, la nature et la complexité de la question, le degré d’expérience des participants ou le temps et les moyens disponibles (Santé Canada, 2000). Dans le cadre de ce mémoire, le contexte du terrain est caractérisé par les éléments suivants : première expérience de démarche communautaire, méconnaissance mutuelle des acteurs, absence de budget, échéance scolaire, spécificités liées aux personnes âgées fragiles.
Page suivante : 3.4. Communautaire et personnes âgées fragiles