Le Secteur privé ivoirien avait également payé et continuait de payer un lourd tribut aux crises successives qui secouaient la Côte d’Ivoire depuis un peu plus d’une dizaine d’années. Des centaines d’entreprises avaient fermé leurs portes et des milliers d’emplois avaient été perdus(156).
Dans sa volonté d’apporter un mieux-être aux ivoiriens, le Secteur privé avait participé au maintien de l’activité économique en consentant d’énormes sacrifices, notamment:
• les reports d’échéances de ses créances sur l’Etat alors qu’il continuait de payer régulièrement ses impôts.
• la souscription aux obligations d’Etat afin de donner au Gouvernement les moyens d’honorer ses engagements relatifs à la dette extérieure.
• la participation du secteur privé à toutes les rencontres ayant pour objectif la création d’un environnement propice au développement économique de la Côte d’Ivoire et surtout à la préparation de la sortie de crise.
Enfin, les travailleurs avaient consenti à un gel de leurs salaires et avaient accepté de participer à la création d’un climat social apaisé en signant un pacte social avec le Patronat.
Le secteur privé ivoirien, dans son ensemble, s’était maintenu en se restructurant et, surtout, en s’accrochant à l’espoir qu’au lendemain des élections du 28 novembre 2010, la Côte d’Ivoire aurait retrouvé la paix sociale et la relance économique. En dépit de la forte mobilisation de la population pour l’élection présidentielle, le réveil était brutal; les espoirs de cette vaillante population étaient déçus en raison de la situation politique postélectorale. Cette situation politique avait fortement pénalisé la vie des affaires en raison de :
• la fermeture et la mise en sommeil des entreprises, particulièrement déjà observées dans les secteurs industriel, du Bâtiment et Travaux Publiques(BTP), et des Petit et moyennes entreprises et industries(PME/PMI) du fait notamment de la perturbation des horaires de travail par le couvre-feu;
• le renchérissement du coût des importations du fait des difficultés de transport (intérieur et extérieur) et de l’augmentation des primes d’assurance; les difficultés d’exportation de produits agricoles périssables (banane, ananas, mangue) et des cultures de rente telles que le café, le cacao, le coton avec pour conséquence des pénalités liées au non-respect des contrats;
• les restrictions de communication (télévision, radio, SMS) et de circulation des personnes et des biens;
• les pertes de marché à l’extérieur;
• la suspension ou restriction des financements extérieurs (Banques commerciales, Banque mondiale, BAD, UE, etc.) ;
• l’accroissement du risque-pays en raison de la dégradation de l’image de la Côte d’Ivoire à l’extérieur et ses conséquences sur les investissements et les coûts des transactions internationales;
• la forte menace sur les relations de la Côte d’Ivoire avec les partenaires commerciaux à l’étranger,
• la baisse d’activité et de chiffre d’affaires des entreprises avec pour conséquences:
• la diminution des recettes fiscales et douanières
• les difficultés voire l’impossibilité de paiement des salaires des travailleurs du Secteur privé, des fonctionnaires et autres agents de l’Etat;
• la mise en chômage technique du personnel, voire le licenciement;
• l’aggravation de la pauvreté et de l’insécurité.
En conclusion, pour de nombreuses entreprises et travailleurs, la situation économique était difficile et elle risquait de s’aggraver si la situation politique postélectorale allait perdurer.
156 Le Nouveau Réveil – 08/12/10 : « La menace est très sérieuse. Elle vient du patronat ivoirien représenté par la confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGE-CI). Hier, au Plateau, entouré de Sylla Mahamadou, président de l’Union des grandes entreprises industrielles de Côte d’Ivoire (UGE-CI) et de Lakoun Ouattara, directeur général de la CGE-CI, le président Jean Kacou Diagou, a, lors d’un point de presse, exprimé, à travers des termes précis, le ras-le-bol du patronat. Une situation liée à la longue crise ivoirienne, exacerbée par les événements postélectoraux. Ci-dessous, l’intégralité de la déclaration du secteur privé ».