Depuis 1960, jusqu‘à la crise de septembre 2002, le bilan de toutes les crises ne pouvaient, en calcul cumulé, atteindre dix mille morts. Mais avec une intervention militaire de toutes les armées de la CEDEAO, il ne fallait pas exclure qu‘on arrive à des milliers de morts, si les assauts n‘allaient pas être professionnels comme les frappes américaines en Irak, ou bien si les partisans de Laurent Gbagbo manifestaient plus de résistance et de courage face aux armes, que les partisans de Ouattara. La résistance civile et patriotique dans un environnement militaire favorable étant différente de la résistance dans un environnement hostile.
Les résistants et patriotes français étaient bien discrets face à l‘armée d‘occupation nazie et ils ne manifestaient pas en liberté. Les chefs d‘Etat de la CEDEAO se souvenaient également que l‘armée irakienne pourtant bien entraînée et fidèle à Saddam Hussein, avait fait défection. Selon les diplomates, le maintien de l‘ordre face à des civils étant différent d‘une vraie guerre entre armées professionnelles, l‘armée ivoirienne pouvait, non pas par peur, mais par réalisme, agiter le drapeau blanc de la paix, et refuser une guerre qui aller faire tant de mort, et pour laquelle, elle n‘aurait pas assez de munitions ni de moyens aériens face aux armées de 15 pays africains.
Toutefois même si elles espéraient gagner, la CEDEAO et la communauté internationale redoutaient la guérilla urbaine et la palestinisation de la crise ivoirienne. C‘est pour cela, qu‘au fond, personne ne souhaitait vraiment que le recours à l‘option militaire allait devenir une réalité. Selon un diplomate, en refusant le choix de la guerre et en acceptant de partir, Laurent Gbagbo n‘aurait rien perdu de sa superbe de héros et de nouveau Lumumba africain, étant entendu que le vrai général, ce n‘est pas celui qui meurt au front, mais bien celui qui sait préserver sa vie et celle de ses troupes lorsque le combat devient fatal et inévitable.
En clair, la guerre n‘arrangeait personne et il fallait tout faire pour qu‘elle n‘arrive, car même si Ouattara arrivait au pouvoir, il lui faudrait bien pouvoir gouverner et réconcilier tous les ivoiriens, parmi lesquels il y‘a les deux millions d‘électeurs de Laurent Gbagbo.
195 L’intelligent d’Abidjan – 27/12/10 : « A coup sûr, avec une intervention militaire de toutes les armées de la CEDEA
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