Vouloir s’occuper d’un autre que soi-même, c’est vouloir lui donner une place, une parole, un statut au sein de la société. Notre engagement de travailleur social est donc bien politique.
Dans notre système politico-économique tenu sous la suprématie du mercantilisme et de la technocratie, pouvoirs de tutelle et éducateurs n’ont pas toujours la même vision de ce qu’ils veulent voir apparaître comme résultat dans la société. Les autorités politiques nous confient un mandat aux contours souvent flous quant à l’espace de notre intervention. En effet, qu’en est-il de notre rôle de promoteur de « la maturation sociale et l’autonomie », lorsque certains troubles ou certaines limitent de l’accompagné m’empêchent d’optimiser son état d’autonomie ?
Si les politiques attribuent peu de considération aux éducateurs en tant que producteurs de résultats, que puis-je fournir aux premiers comme matière à penser dans le sens de l’aboutissement de mon action sociale ?
S’il s’exprime souvent à l’oral et à l’écrit pour des raisons routinières de communication interne ou administrative, l’éducateur ne le fait que trop rarement au bénéfice de la publication. La parole, qui constitue le socle primordial de l’éducateur, se fait monnaie rare lorsque ce dernier devrait donner sens à son action, légitimer ses compétences de façon publique ou socio-politique.