L’Afrique bouge. En l’espace de quelques mois, quatre événements importants ont secoué le continent : l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire, laquelle pousse le pays vers la guerre civile, la défenestration de Ben Ali, ex-président tunisien, après un règne sans partage de 23 ans, l‘insurrection armée contre Kadhafi et la révolution populaire contre le régime Mubarak en Egypte A qui le prochain tour ?
Le feuilleton ivoirien ne finit pas encore de dérouter ses épisodes. D’ailleurs, les chefs d’Etat-major des pays de la CEDEAO devraient se réunir au Mali pour se mettre d’accord sur une stratégie militaire afin de déboulonner Laurent Gbagbo, le président sortant qui conservait le pouvoir.
Pendant ce temps, à Tunis, l’on mettait les choses en place après que la «rue» avait chassé Ben Ali, resté au pouvoir pendant 23 ans. Un gouvernement d’union nationale avait été nommé et les élections législatives et présidentielles auraient lieu dans six mois. En Egypte, l‘insurrection populaire vient de détrôner Mubarak et en Lybie, l‘insurrection populaire recevait l‘appui de l‘OTAN pour détrôner Kadhafi au pouvoir depuis 42 ans.
L’on est là en face de 4 événements importants dont les ondes de choc toucheront toute l’Afrique. En effet, la Côte d’Ivoire est le pivot de l’Afrique de l’Ouest. Dans un passé tout aussi lointain que présent, elle a joué un rôle prépondérant dans la région tant sur le plan politique économique que social. Raison pour laquelle sa population est constituée à 30 % des populations de la région : ghanéenne, burkinabé, guinéenne, malienne… et nous en passons.
Mais ce qui vient de se passer en Côte d’Ivoire est gravissime. En priorité, du point de vue juridique, le droit s’oppose à la légalité. Gbagbo a été choisi par la Cour constitutionnelle tandis Ouattara a été proclamé vainqueur par la Commission électorale indépendante. C’est à dire que les juristes ivoiriens et africains avaient du pain sur la planche alors que la Côte d’Ivoire allait vers sa balkanisation. Danger pour des pays comme le Nigeria, la RDC et l’Angola pour ne citer que ces trois déjà visés par les «faiseurs des Etats».
Du côté de la Tunisie, la défenestration de Ben Ali a été une surprise. Les choses sont allées vite. Très vite. Certes, il a fallu un mois pour le bouter dehors. Mais d’aucuns ne le donnaient pas «fuyard» compte tenu de «l’efficacité» des structures mises en place afin de protéger son régime. Mais «mûr ou pas mûr, disait feu Maréchal Mobutu, le fruit finit toujours par tomber». Ben Ali est bel et bien tombé.
Cependant, il faut reconnaître qu’en 23 ans de pouvoir, Ben Ali avait travaillé pour son pays et avait posé de hauts faits économiques. Tournée plus vers l’Europe ou l’Occident ainsi que le monde arabe, la Tunisie s’apprête à faire partie du groupe des «pays émergents». Voilà pourquoi on la qualifiait déjà «d’une voie pour l’Afrique».
253 Le Potentiel – 19/01/11 par Freddy Monsa Iyaka Duku