Le conflit ivoirien avait éclaté suite au blocage provoqué par la revendication de la victoire par les deux candidats à l‘élection présidentielle de novembre 2010. Pour déterminer l‘équilibre des forces en présence en Côte d‘Ivoire, on pouvait s‘appuyer sur les résultats du premier tour qui avaient été acceptés par toutes les parties. Ces résultats se présentaient ainsi : Laurent Gbagbo 38% (un gros tiers), Alassane Dramane Ouattara 32% (un tiers), Henry Konan Bédié 25% (un petit tiers), donc grosso modo une répartition 1/3 – 1/3 – 1/3. Entre les 2 tours, Alassane Ouattara avait eu l’intelligence de conclure un accord avec le (presque) troisième tiers du corps électoral représenté par Henri Konan Bédié (25%). Au second tour, il aurait suffi que seulement 6% des voix d‘Henri Konan Bédié (sur 25%) se reportent sur Alassane Ouattara (toute chose étant égale par ailleurs) pour que ce dernier fasse jeux égal avec Laurent Gbagbo. Le potentiel de 25% de report possible sur Alassane Ouattara laissait dans tous les cas suffisamment de marge pour que la victoire lui fut acquise de manière quasi certaine (il pouvait en théorie espérer presque 2/3 des voix, 57%, avec un bon report).
Il parait dans ces conditions plus que probable que c‘est une certitude, qu‘Alassane Ouattara était le vainqueur de ces élections, et que Laurent Gbagbo les avait perdues. Le maintien de Laurent Gbagbo dans ses fonctions aurait envoyé un signal catastrophique, n’aurait pas manqué de donner des idées aux nombreux dictateurs africains qui ont tremblé jusqu’à la dernière minute quant à l’issue de cette crise ivoirienne : il n’est pas hasardeux de penser, pour des raisons qu‘il est aisé de comprendre, que leur souhait était que la version du vainqueur décidée par la cour constitutionnelle – organe officiel facilement contrôlable par les pouvoirs en Afrique – s’imposât !
Que Laurent Gbagbo réussisse son hold-up électoral, et son succès n‘aurait pas manqué d‘être interprété par ses pairs Africains comme la preuve qu‘il leur était possible de s’accrocher au pouvoir et de s‘y maintenir, même lorsque leur défaite électorale est incontestable. Pour les prochaines décennies, il aurait été virtuellement impossible qu’un président en place perde les élections, quel que soit les résultats sortis des urnes.
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