D’aucun ont trouvé contre nature l’alliance conclue entre Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié entre les 2 tours, au motif que Bédié fait partie de ceux qui ont mis en doute la nationalité de Ouattara. C’est méconnaître le peu de scrupules de la classe politique en général, prête à faire feu de tout bois pour éliminer un adversaire. C’est méconnaître l’histoire car en réalité, il y a plus d’affinités entre la sensibilité politique du Rassemblement Démocratique Africain(RDA) d’Houphouët-Boigny dont Bédié est l’héritier et celle du Rassemblement des Républicains de Cote d‘Ivoire(RDR) de Ouattara, qu’entre Bédié l‘houphouëtiste et le socialiste Laurent Gbagbo.
L’argument des 2/3 de la Commission Electorale Indépendante(CEI) acquises à l’opposition est un mauvais procès : par sa constitution même, 1/3 + 1/3 + 1/3, une coalition de 2 des 3 parties confère automatiquement un quorum de 2/3 à ladite coalition.
Nombreux sont ceux qui s‘opposent, parfois énergiquement à ceux qui ont tenté d’ériger Laurent Gbagbo en défenseur d’une Afrique libre et indépendante. Non, Laurent Gbagbo n’est pas, n‘a jamais été, ce héros panafricain moderne dont l‘Afrique toute entière espère l‘avènement, et le considérer ainsi ridiculise et décrédibilise ceux qui le font. Comparer Gbagbo à Mandela comme certains ont tenté de faire est une vraie imposture. Laurent Gbagbo à très intelligemment adopté une posture et un discours anti impérialiste et anti colonialiste, mais qui sont orthogonales à son action réelle lorsqu’on examine les faits. Malgré une attitude affichée de reniement de l‘occident et de l‘impérialisme occidental, de pur apparat, les actes de Laurent Gbagbo trahissent un tropisme occidental marqué.
On se rend bien compte aujourd’hui qu’il a accentué la mise en coupe réglée de la Cote d’Ivoire par des concessions parfois surprenantes qu‘il a accordées à ces mêmes multinationales occidentales prédatrices de l’Afrique contre lesquelles il prétendait se battre (Bolloré, Bouygues, Total, Pinault/CFAO, Euro RSCG, …), qu‘il n‘a pas hésité à gaspiller des sommes considérables en une pléthore de conseillers et d‘experts, d‘instituts de sondages de tous ordres souvent recrutés en occident, qui lui ont servi des conseils et des sondages pourris avant les élections, et qui lui ont par la suite organisé une défense désordonnée et peu crédible après sa débâcle électorale (Euro RSCG et Jacques Séguéla conseils du président Gbagbo pour sa réélection, des avocats de renommée internationale Roland Dumas, Jacques Vergès, Marcel Ceccaldi, lobbyistes américains,…).
On est conduit à se demander si la fureur de Laurent Gbagbo contre l’occident et la France en particulier n‘était pas motivée par une sorte de « dépit d’un amoureux éconduit », insuffisamment récompensé après avoir généreusement consenti tant de cadeaux ! Cette recherche frénétique d‘une sorte d‘assurance à travers un entourage de conseillers occidentaux renvoie à un autre anachronisme malheureusement encore trop fréquent en Afrique noire dans le choix des sélectionneurs nationaux de foot.
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